Ecrit par S. Es-Siari |
Le cabinet Inforisk estime les défaillances au terme de 2023 à 15.000. Un chiffre important attestant d’une dégradation de la situation d’un certain nombre de personnes morales marocaines pour une foultitude de raisons.
Le monde de l’économie a été littéralement perturbé et essuyé de profonds bouleversements sous les effets des crises sévères successives qu’il a subies.
A l’instar des autres économies, le Maroc a subi de plein fouet les conséquences du ralentissement économique engendré aussi bien par le coronavirus que par le conflit russo-ukrainien.
Sans surprise, 2023 s’annonce sous le signe des incertitudes tant au niveau international (poursuite de la guerre en Ukraine notamment) et leur impact sur un bon nombre de paramètres à savoir les cours des matières premières ou encore la demande adressée au Maroc et qui peuvent en cours d’année, redessiner les contours de la croissance de l’économie.
Dans un pareil contexte, les indicateurs relatifs aux défaillances des entreprises telles que publiés par le cabinet Inforisk au 1er trimestre 2023 font ressortir une hausse de 28% par rapport au 1er trimestre 2022, soit 3.830.
Pour ses prévisions, Inforisk estime les défaillances au terme de 2023 à 15.000. Un chiffre peu alarmiste par rapport à d’autres économies plus développées pour ne citer que le cas de la France où le nombre d’entreprises défaillantes en 2023 est estimé à 59.000.
Cet indicateur reste quand même important attestant d’une dégradation de la situation d’un certain nombre de personnes morales marocaines.
Par catégorie d’entreprises, la configuration n’a pas changé par rapport à l’exercice 2022 dans la mesure où les TPE occupent le 1er rang, soit 98,8 % suivies des PME (1,1%) et les Grandes entreprises (0,1%).
Il faut dire que les TPME font face à une conjugaison d’éléments complexes (inflation, hausse des taux d’intérêt, baisse de la demande, délais de paiement…).
Par secteur, force est de constater que le commerce est le plus sinistré avec un pourcentage de 33%. Il est talonné par l’Immobilier (20%). Le secteur du BTP occupe le 3e rang avec un taux de 17%.
Aussi, Inforisk informe que dans le Top 4 des villes où les défaillances sont importantes, la ville de Casablanca se taille la part léonine avec 26%. Rabat, Marrakech et Fès représentent respectivement 8%, 7% et 6%.
En effet, le rythme de croissance des entreprises défaillantes a progressé depuis 2021 soit 20 à 25%, lorsque l’Etat, par souci budgétaire, a arrêté les mesures déployées en 2020 pour aider les entreprises à surmonter les difficultés liées à la crise sanitaire.
Encore faut-il reconnaitre que les défaillances affichées actuellement ne sont pas toutes des résultantes de la conjoncture très contraignante au cours des dernières années, mais également aux caractéristiques intrinsèques des TPME très fragilisées.
Une étude récente du HCP avait relevé que 50% des entreprises avaient une trésorerie nulle et du coup aucune visibilité au-delà de 1 mois. Autrement dit, la crise ukrainienne a intensifié davantage cette fragilité structurelle.