Ecrit par Imane Bouhrara I
Alors que le gouvernement s’était fixé comme objectif de récupérer les marges budgétaires et œuvrer à renforcer la soutenabilité des Finances publiques, il a dû en 2023 continuer à intervenir en pompiers sur plusieurs fronts. Mais le soutien à certains secteurs n’est pas tenable dans la durée. L’Exécutif devra s’attaquer aux causes, plutôt qu’aux effets.
A la gestion politique des dossiers brûlants, le gouvernement s’est retrouvé acculé à sortir à chaque fois son portefeuille. En effet, Alors que le gouvernement s’était fixé comme objectif de récupérer les marges budgétaires et œuvrer à renforcer la soutenabilité des Finances publiques, il a dû en 2023 continuer à intervenir en pompiers sur plusieurs fronts.
A commencer par l’aide aux transporteurs routiers qui sont à la 13e tranche d’aides (de mars 2022 à décembre 2023) pour juguler la montée en flèche des matières premières y compris les prix des hydrocarbures.
Pour une aide exceptionnelle, elle est devenue régulière pour éviter un mouvement de grogne chez les transporteurs au risque aussi de répercuter la hausse des prix des hydrocarbures sur les prix de transport de marchandises qui aurait immédiatement causé ou plutôt renforcé le renchérissement des prix depuis la covid-19 couplé d’une inflation record.
A l’instar de 2022, en juillet 2023 le gouvernement a annoncé un programme exceptionnel d’appui au secteur agricoledoté de 10 Mds de DH qui permettra de bien préparer la prochaine campagne agricole ainsi que de soutenir les agriculteurs pour atténuer l’impact de la hausse des prix des intrants agricoles sur le coût de production..
Sans oublier le manque à gagner pour les caisses de l’État des suites de la poursuite de multiples suspensions des droits de douanes de produits afin d’équilibrer la production, d’assurer un approvisionnement des marchés et lutter contre l’envolée des prix à l’achat pour les citoyens.
Et avec les prémices de la campagne agricole actuelle, couplée du déficit hydrique, et les perturbations d’approvisionnement en raison de ce qui se passe en Mer rouge, il est fort à parier qu’un 2024 aussi, l’État sera obligé et de soutenir le secteur agricole et de soutenir le pouvoir d’achat en veillant à la sécurisation de l’approvisionnement des marchés et à un soutien aux prix à la consommation.
A force d’amortir les chocs sociaux l’État a encore mis la main à la poche mais cette fois pour calmer la grogne du secteur de l’éducation nationale. Pour aboutir à un accord final et mettre fin à une grève de plusieurs semaines menaçant même d’une année blanche, le gouvernement a cassé la tire-lire. Il faudra désormais 10 Mds de DH par an pour financer les augmentations annoncées…
En plus des chantiers réguliers qu’il faut mener à bon escient, et en assurer aussi bien la pérennité que l’efficience, le gouvernement doit mobiliser 120 Mds de DH pour poursuivre sur les cinq années le plan de reconstruction d’Al Haouz. Les sources de financement ne sont pas légion et surtout ne sont pas intarissables. À un moment ou un autre, en plus du budget de l’État, il faudra recourir à l’endettement pour achever ce plan. Le recours à un emprunt sur le marché international dans les prochains mois est inévitable.
S’il est vrai que la conjointure est difficile, avec un double choc pandémie et guerre en Ukraine, il n’en demeure pas que l’Exécutif doit récupérer sa capacité d’anticipation et de transformation car le soutien à certains secteurs qui espérons-le ne deviennent pas addicts à l’argent public, ne peut plus durer éternellement.