Ecrit par la Rédaction I
Attendue depuis plusieurs semaines, la limitation de l’exportation de l’huile d’olive ne fait pas pour autant l’unanimité. De nombreux acteurs relèvent « l’absence de dialogue »et pointent une décision « essentiellement politique ».
C’est acté : l’huile d’olive et ses dérivés sont désormais soumis à des restrictions sur les exportations, suite à la publication au Bulletin officiel (n°7237) d’un arrêté du ministre de l’Industrie et du commerce fixant la liste des produits et marchandises faisant l’objet de mesures de restrictions qualitatives à l’importation et à l’exportation.
Une circulaire de la Douane, datée du 11 octobre, détaille la liste des produits concernés par les restrictions, et soumis à licence d’exportation jusqu’au 31 décembre 2024. Sur cette liste (voir document ci-dessous), on retrouve les olives à l’état frais et réfrigéré, l’huile d’olive et ses fractions, même raffinées, mais non chimiquement modifiées, les olives sèches, ou encore les olives préparées ou conservées au vinaigre ou à l’acide acétique.
L’industrie oléicole marocaine fait face cette année à une diminution de sa production, directement imputable aux changements climatiques et à la sécheresse.Une réduction de la production, qui a pour effet de faire bondir les prix sur lemarché local au-delà des 100 dirhams le litre. La mesure a donc pour objectif de préserver le pouvoir d’achat des Marocains, grands consommateurs d’huile d’olive, et d’assurer l’approvisionnement du marché local.
Dans un communiqué diffusé jeudi dernier le ministère de l’Agriculture explique que “dans l’objectif de valoriser la production nationale localement, d’assurer l’approvisionnement normal et régulier du marché national, de stabiliser les prix à la consommation à des niveaux normaux, d’assurer la viabilité et la pérennité de la filière oléicole (toute la chaine de valeur) et de contribuer à la sécurité alimentaire du citoyen marocain, le gouvernement a décidé de soumettre à licence l’exportation des olives à l’état frais ou réfrigéré, les olives transformées, l’huile d’olive et l’huile de grignons d’olives”. Cette mesure, précise la même source, “interdit l’export, sauf sur autorisation”, des produits précités, et demeure “valable jusqu’au 31 décembre 2024”.
Le département de Mohamed Sadiki souligne également qu’à l’échelle internationale, “la production prévisionnelle de l’huile d’olive est fortement impactée négativement par des conditions climatiques extrêmes, notamment, chez les pays méditerranéens. Cette situation prévalant sur le marché mondial n’est pas en faveur d’un développement harmonieux de la commercialisation de l’huile d’olive nationale”.
A noter, toujours selon le ministère de l’Agriculture, que la production prévisionnelle des olives est estimée à 1,07 million de tonnes au titre de l’automne 2023. Sur la base des prix en cours, elle permettra de générer un chiffre d’affaires en amont estimé à 7,4 milliards de dirhams (MMDH), soit une augmentation de 10% par rapport à l’automne 2022.
« Nous avons demandé à limiter l’export de l’huile d’olive, car les prix ont beaucoup augmenté et risquent d’augmenter encore en raison de la sécheresse. La situation est catastrophique non seulement au Maroc, mais dans tout le pourtour méditerranéen occidental », explique Rachid Benali, le président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive.
En Espagne et en Italie, les deux leaders mondiaux du secteur, les chaleurs extrêmes ont fortement affecté les cultures. Jeudi, le kilo d’huile extra-vierge atteignait 9 euros à la Bourse de Jaén, la principale province de production en Espagne. Il valait moins de 6 euros il y a un an.