Contrairement aux autres économies, l’impact direct de la guerre commerciale sur le Maroc serait limité en raison de la faible exposition des exportations marocaines au marché américain et de l’exclusion des engrais de l’augmentation des tarifs. Cependant, il pourrait y avoir un impact plus important par l’exposition indirecte du marché marocain aux États-Unis via l’économie européenne.
Allianz Trade au Maroc a organisé le lundi 26 mai 2025 un point de presse pour débattre des dernières perspectives économiques mondiales et marocaines dans un contexte en ébullition. La conférence a été animée par Lluis Dalmau Taules, économiste pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Allianz Trade.
Dalmau Taules a présenté les défis économiques actuels, en mettant en lumière l’incertitude persistante causée par la politique commerciale des États-Unis, qui continue de perturber le commerce mondial. Selon la récente enquête d’Allianz Trade, menée auprès de 4.500 exportateurs dans neuf pays représentant 60 % du PIB mondial, 60 % des entreprises prévoient un impact négatif de la guerre commerciale, et 45 % anticipent une baisse de leur chiffre d’affaires à l’export.
Face à ces tensions et perturbations, les entreprises adoptent des stratégies de « friendshoring », diversifiant leurs partenaires commerciaux et reconfigurant leurs chaînes logistiques. Elles explorent également des itinéraires maritimes alternatifs pour maîtriser les coûts douaniers. Le découplage entre les États-Unis et la Chine se poursuit, stimulant l’intérêt pour l’Europe et l’Amérique latine comme alternatives commerciales viables.
Quid du Maroc ?
Le Maroc devrait croître de 3,5 % en 2025 et de 3,6 % en 2026, restant parmi les économies à la croissance la plus rapide de la région, grâce aux avancées dans le secteur manufacturier et les services, et à la reprise du secteur agricole après plusieurs années de sécheresse. L’impact direct de la guerre commerciale sur le Maroc est limité en raison de la faible exposition des exportations marocaines au marché américain et de l’exclusion des engrais de l’augmentation des tarifs. Cependant, il pourrait y avoir un impact plus important par l’exposition indirecte du marché marocain aux États-Unis via l’économie européenne.
Opportunités pour le Maroc
Les efforts de relocalisation des entreprises européennes pour réduire les risques liés à la Chine et aux États-Unis peuvent bénéficier au Maroc, en le positionnant potentiellement comme un hub clé de relocalisation pour accéder au marché européen à des coûts plus bas que ceux en Europe. Le secteur automobile pourrait en bénéficier davantage grâce à l’implication des entreprises chinoises. De plus, le port de Casablanca a bénéficié de manière significative de la fermeture du canal de Suez. Les ports marocains pourraient devenir des hubs commerciaux mondiaux connectant l’Europe, l’Afrique, l’Asie et les Amériques si des investissements sont réalisés.
Risques économiques
Les insolvabilités n’ont pas encore récupéré du triple choc de 2023 : baisse des investissements gouvernementaux, coûts de financement plus élevés en raison des hausses de taux de politique, et baisse substantielle des IDE. Le climat reste le principal risque économique en raison de l’importance du secteur agricole pour les exportations et l’emploi.
Voir également : Moteurs de croissance au Maroc : le diagnostic de François Marchal