Ecrit par Imane Bouhrara I
L’équipe Al Moutmir poursuit l’accompagnement des agriculteurs à travers un itinéraire technique basé sur un programme de management intégré « Integrated Crop Program » (ICP). Pour la campagne 2022-2023, 1.251 Plateformes de Démonstration (PFDs) d’oliviers ont été installées chez 427 agriculteurs dans les différentes provinces agricoles du Maroc, touchant toutes les variétés et modes de conduite. Les résultats ont été présentés ce 28 février lors de la 13ème édition d’Al Moutmir Open Innovation Lab.
Il n’y a pas photo. Le programme des Plateformes de Démonstration (PFDs) de l’Initiative Al Moutmir continue d’impacter positivement les agriculteurs accompagnés à travers la mise en place de plus de 26.117 PFDs dont plus de 5.951 plateformes de démonstration d’olivier depuis le lancement de l’initiative. Rien que pour la campagne 2022/2023, 1.251 PFDs d’oliviers ont été installées chez 427 agriculteurs dans les différentes provinces agricoles du Maroc, touchant toutes les variétés et modes de conduite.
Juste à titre de rappel, chaque plateforme montre l’impact de l’utilisation des meilleures pratiques agricoles sur le rendement, la qualité de la production et le revenu généré. Coconstruit avec l’écosystème agricole et scientifique, le programme des PFDs jouit du soutien de l’UM6P et des partenaires scientifiques et industriels.
En chiffres, la mise en place de ces PFDs d’oliviers a eu un impact significatif grâce à l’adoption du programme de gestion intégrée de l’olivier. Cela s’est traduit en 2022-2023 par une amélioration des rendements moyens au niveau national à l’hectare de près de 15 % par rapport aux rendements moyens réalisés par les agriculteurs au niveau des parcelles témoins.
On note également une hausse moyenne de 22% dans les marges bénéficiaires des PFDs par rapport aux témoins ; et mieux encore, dans ce contexte de stress hydrique exacerbé par le changement climatique, on enregistre une utilisation plus efficace de l’eau soit une mélioration de la productivité de l’eau d’une moyenne de 17% par rapport aux parcelles témoins.
Ces résultats sont le fruit de l’accompagnement des agriculteurs par l’équipe Al Moutmir à travers un itinéraire technique basé sur un programme de management intégré « Integrated Crop Program » (ICP).
Ce dernier est basé sur quatre piliers : la gestion rationnelle de l’eau, la fertilisation raisonnée, la protection intégrée des cultures et l’utilisation des produits de spécialité. Le but est de créer un effet d’émulation et d’induction porté par les agriculteurs qui ont hébergé ces plateformes de démonstration, véritables ambassadeurs des bonnes pratiques et garants de la continuité de l’effort.
Tout commence par les analyses du sol, une étape cruciale pour élaborer une stratégie de fertilisation et garantir une nutrition équilibrée des plantes. Ces analyses sont réalisées par les laboratoires mobiles déployés à l’échelle nationale par Al Moutmir.
Les résultats obtenus orientent la production d’engrais NPK Blend appropriés, fournis par l’unité de production d’engrais NPK sur mesure connue sous le nom de « Smart Blender ».
L’agriculteur bénéficie d’un suivi régulier tout au long des stades et opérations clés de la culture intégrant des écoles aux champs, « Farming Field Schools (FFS) » qui sont organisées sur la parcelle et servent de formation pratique aux agriculteurs et à leur communauté. En outre, des programmes de renforcement des capacités sous forme de séances de formation théoriques sont dispensés aux agriculteurs, couvrant divers aspects de la gestion des cultures.
Résilience et durabilité de l’olivier à travers un modèle innovant
Pour prendre la pleine mesure des efforts déployés en 2022-2023 pour atteindre les résultats précités, Al Moutmir a organisé ce 28 février, la 13ème édition d’Al Moutmir Open Innovation Lab sous forme de webinaire, pour présenter les résultats des plateformes de démonstration de l’olivier pour la campagne 2022-2023.
L’événement a rassemblé plus de 100 personnes, dont des chercheurs, des scientifiques, des économistes, des agronomes, des agriculteurs, des partenaires institutionnels, des coopératives agricoles et des acteurs de l’agroalimentaire.
L’objectif de cet événement était de partager les résultats des plateformes de démonstration de la campagne 2022-2023, d’échanger sur l’importance et les défis de la filière et de stimuler le débat sur le développement de cette filière extrêmement importante en matière de sécurité et de souveraineté alimentaire du royaume.
Al Moutmir Open Innovation Lab vise à explorer des modèles innovants dans différents domaines pour favoriser le développement d’une agriculture prospère et durable au Maroc.
A cette occasion, Dr. Belkassem Boulouha de l’UM6P a tenu à rappeler les conditions de déroulement de la campagne 2022-2023 et comment le climat impacte le cycle de production de l’olivier et comment une perturbation des températures de saison peuvent provoquer un dysfonctionnement physiologique qui plus tard impacte la taille du fruit et sa teneur en huile d’olive. En effet, l’olivier a besoin de froid (500 heures entre décembre et janvier) pour la période de floraison et de chaleur pour la phase de transformation en fruit.
Il se trouve qu’au niveau national, les températures ont augmenté d’un degré en 2022 et de deux degrés en 2023. Au niveau mondial, une étude turque basée sur les statistiques réalisées dans 34 pays producteurs d’olive, a révélé une baisse de 51% de la production en raison de la hausse de température et le gel enregistré au mois de mars.
Il a également expliqué l’incidence de la faiblesse de la pluviométrie en hiver et au printemps sur la qualité de la floraison et du fruit de l’olivier. En 2023, la pluviométrie a été en baisse de 32% comparativement en 2022, à l’exception des régions nord et centre dont la culture de l’olivier a pu bénéficier de pluies en octobre.
L’impact a été important aussi pour les zones d’irrigation en raison de la baisse de la nappe phréatique et des eaux des barrages.
En conséquence, la culture de l’olivier a enregistré une baisse dans les zones d’irrigation de l’ordre de 42% dans Al Haouz, Safi, Essaouira et Taroudant, de 10% dans la région de Béni Mellal et Khénifra et de 17% dans le Nord-Est.
D’autres éléments d’ordre biologique ont également impacté cette saison notamment une baisse de la réserve d’engrais dans le sol, du niveau de la réserve alimentaire et le franchissement du seuil de dommages causés par les maladies. Mais aussi, le niveau de production précédent et la croissance végétative qui influencent la productivité actuelle.
Ce qui se traduit par une production nationale d’à peine un peu plus d’un million de tonnes en 2021-2022 et en 2022-2023 comparativement à près de 2 millions de tonnes en 2020-2021. Il a recommandé le choix de variétés au meilleur rendement et économe en eau, exemple de la variété Tassaouet. Il privilégie une taille moyenne durant l’entretien annuel de l’arbre pour réduire l’évaporation de l’eau des feuilles de l’olivier, en plus de recourir à des semences, à un meilleur traitement des insectes et une bonne récolte précoce pour réduire l’épuisement des réserves élémentaires de l’arbre.
Ces éléments appellent à une gestion rationnelle de l’irrigation de l’olivier pour la préservation des ressources hydriques. Dans ce sens, Abdelaziz Bouizgaren de l’INRA de Marrakech, a présenté les bienfaits de l’irrigation déficitaire en olivier.
En général, la culture de l’olivier est jugée non productive et non rentable quand les précipitations ne dépassent pas 450 millimètres par an. Ce qui implique l’urgence d’une gestion rationnelle de la ressource hydrique et plaide en faveur de nouvelles techniques telle que l’irrigation déficitaire qui contrairement à ce que cela peut laisser entendre se traduit par un meilleur rendement. Il se traduit par une économie d’eau de 76% comparativement à l’irrigation traditionnelle mais permet une augmentation de la taille (3,22 mètres), de la circonférence du tronc de l’arbre et de la canopée tout en assurant une production en amélioration de 202 % (7.288 kg/arbre) comparativement à l’irrigation traditionnelle (2.409 kg/arbre).
Pour sa part, Dr. Hakim Boulal de l’APNI a explicité l’importance de la fertilisation raisonnée de la culture de l’olivier en détaillant l’approche 4R de sorte à augmenter le rendement et renforcer la résistance des arbes aux éléments climatiques. Dans ce sens l’analyse des sols et des feuilles orientent le meilleur choix de semences.
El Mostapha Choukri, Ingénieur agronome Al Moutmir, a partagé l’expérience Al Moutmir dans l’accompagnement des producteurs oléicoles durant la campagne 2022-2023.
En chiffres, les plateformes de démonstration de l’olivier ont enregistré une augmentation du rendement moyenne au niveau national à l’hectare de près de 15% par rapport aux rendements réalisés par les agriculteurs au niveau des parcelles témoins avec une variation allant de 5% à 100%. Le rendement moyen national enregistré au niveau des PFD a été de 3,9 t/ha avec un rendement record de 17t/ha en système intensif. D’autre part, les parcelles témoins ont enregistré un rendement moyen national de plus de 3,4 t/ha.
Du point de vue marge bénéficiaire, le programme de production intégré adopté dans les plateformes de démonstration a permis une amélioration moyenne de la marge bénéficiaire de plus de 22% avec une variation de 14% à 32% selon les zones de production.
La productivité moyenne de l’eau a atteint 0,95 kg/m³, ce qui représente une valeur supérieure en comparaison avec les témoins, lesquels ont enregistré une productivité de 0,81 kg/m³. La comparaison de la productivité de l’eau des PFD conduites en goutte à goutte et en gravitaire montre une différence significative. La productivité de l’eau pour l’olivier irrigué en goutte à goutte a atteint 0,98 Kg/m3, ce qui représente une amélioration considérable par rapport à l’olivier irrigué en gravitaire qui a atteint seulement 0,87 Kg/m3.
La rencontre a été l’occasion également de partager le retour sur expérience des bénéficiaires des PFDs qui ont profité pour la campagne 2022-2023 à 427 agriculteurs dans les différentes provinces agricoles du Maroc, touchant toutes les variétés et modes de conduite.