Ecrit par la Rédaction I
L’épargne nationale s’est maintenue à des niveaux favorables durant les cinq dernières années (hors 2020), avec un ratio par rapport au PIB de 28%. En revanche, les variations des conditions de placement (taux créditeurs, taux des comptes sur carnets,…), qui sont fortement tributaires des niveaux du taux directeur, pourraient impacter les décisions en matière d’arbitrage entre consommation et épargne.
Dans son rapport annuel 2022, la Direction du Trésor et des Finances Extérieures a passé au peigne fin l’impact du resserrement monétaire conduit par la banque centrale au courant 2022 pour remédier au spectre inflationniste.
De prime abord, force est de rappeler qu’étant donné que les crédits bancaires demeurent le moyen de financement le plus important dans l’économie nationale, les décisions de la politique monétaire se transmettent à la sphère réelle moyennant la modification des conditions de l’offre de crédit. « Dans ce cadre, les ménages et les TPME qui constituent l’essentiel du tissu productif national (aux alentours de 90%) sont moins enclins à négocier les taux de leurs emprunts auprès des banques ou de se financer directement sur le marché financier, ce qui les rend plus vulnérables aux évolutions des conditions du financement bancaire », apprend-on dans le rapport de la DTFE.
Quel impact sur la croissance économique et le crédit bancaire ?
L’estimation sur laquelle s’est basée la DTFE fait ressortir un impact limité sur la croissance économique pouvant être appréhendé sous l’angle des conditions de financement bancaire de l’économie. En effet, seul le flux des nouveaux crédits sera impacté par les évolutions du taux directeur au vu de la prédominance des crédits accordés à taux fixe (autour de 95% des contrats de crédit). En particulier, les crédits logement accordés à un taux d’intérêt fixe ont représenté 92% de l’encours global des crédits distribués en 2021.
En outre, les produits de garantie soutiennent fortement l’offre de crédits en faveur des entreprises. « Cela d’autant plus que l’amplitude des deux hausses du taux directeur par Bank Al-Maghrib est moins agressive comparativement aux décisions des autres banques centrales et ne devrait donc pas induire une hausse importante du coût de financement de l’économie. », rappelle la même source.
Quid de l’épargne ?
L’épargne nationale s’est maintenue à des niveaux favorables durant les cinq dernières années (hors 2020), avec un ratio par rapport au PIB de 28%. Par ailleurs, les variations des conditions de placement (taux créditeurs, taux des comptes sur carnets, etc.), qui sont fortement tributaires des niveaux du taux directeur, pourraient impacter la richesse présente et future aussi bien des ménages que des entreprises et, partant, leurs décisions en matière d’arbitrage entre consommation et épargne.
L’analyse de la structure des dépôts bancaires renseigne sur la prépondérance des placements de court terme. Cette orientation implique que les décisions de la politique monétaire, affectant les taux créditeurs, ne devraient pas impacter sensiblement les dépôts, d’autant plus qu’ils sont majoritairement non rémunérés (65,9% en 2021) et que le relèvement du taux directeur de BAM de 100 pbs à 2,5% n’est pas à même de ramener les taux de rémunération réels de l’épargne en territoire positif. Par ailleurs, en cas de hausses supplémentaires du taux directeur, les dépôts à vue pourraient être détournés en faveur des dépôts à terme en lien avec la hausse de leur rémunération.
Impact sur les mouvements de capitaux
Dans un contexte de resserrement des politiques monétaires et de hausse des taux au niveau mondial (FED, BCE et autres pays avancés et émergents), une hausse du TD de BAM devrait permettre de réduire le différentiel de taux avec l’étranger et, par conséquent, limiter les flux possibles de sorties de capitaux. Cela d’autant plus que le Maroc affiche une ouverture financière modérée, au regard de l’indice de Chinn-Ito (voir graphe), en lien avec la mobilité imparfaite des capitaux qui caractérise l’économie nationale.
Cette mobilité limitée est attribuée, notamment à la réglementation restrictive des opérations de change pour les résidents et la faiblesse des investissements de portefeuille dans la position extérieure globale de notre pays.
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