A L’occasion de la publication des agrégats macroéconomiques, il est démontré que l’économie marocaine est beaucoup plus imprégnée par la rente et par les secteurs qui sont beaucoup moins productifs. Chaque année, l’industrie perd des emplois.
Le volume de l’emploi est passé de 10. 766 au premier trimestre de l’année 2017 à 10.882 personnes à la même période de l’année en cours, soit une création nette de 116.000 nouveaux postes. Toutefois, force est de constater qu’hormis les autres secteurs qui ont contribué à la hausse, le secteur industriel n’y a pas contribué. En effet, le secteur des services a connu la création de 50.000 nouveaux postes au niveau national contre 45.000 il y a un an. Le secteur du BTP a quant à lui contribué à la création de 32.000 nouveaux postes contre 20.000 l’an passé. Le secteur de l’agriculture a par ailleurs vu son volume d’emplois augmenter de 43.000 postes contre 28.000 l’année dernière.
… le secteur industriel laisse par contre des plumes
Le secteur de l’industrie y compris l’artisanat a connu la destruction de 9.000 postes d’emplois. Une perte très importante si l’on prend en compte que depuis plus années, le Maroc s’est engagé dans un vaste plan d’accélération industrielle. Une réalité qui ne semble pas plaire à Moulay Hafid El Alamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, qui chaque fois que l’occasion se présente, il rassure qu’en matière de créations d’emplois dans le secteur industriel, le Maroc est sur la bonne voie. Selon sa propre logique, la création de 500.000 postes d’emplois industriels à l’horizon 2020 est un objectif réaliste et réalisable.
Pour bien argumenter ses propos, MHE se base sur les données de la Caisse de sécurité sociale selon lesquelles, le secteur industriel a créé quelque 69.639 emplois en 2014, 52.376 en 2015, 76.227 en 2016 et 89.884 en 2017. Des chiffres qui ne concordent pas avec ceux du Haut Commissariat au Plan. Encore moins avec les analyses des économistes qui sont convaincus que le taux de croissance actuel est relativement insuffisant (une moyenne de 3,5%) à propulser de l’emploi sachant que toutes les études tablent sur un taux de 6% à 7% sur une longue période et qui n’évolue pas au gré des aléas climatiques.
Industrie : le Maroc loin du compte
D’ailleurs dans un sondage effectué récemment par le Centre marocain de conjoncture, à la question quelles sont les grandes options stratégiques du nouveau modèle de développement qu’il faut renforcer, le secteur industriel est cité en priorité. Ils sont unanimes à dire que le secteur industriel peine encore à créer des emplois. En 2013, le plan d’accélération industrielle s’est fixé deux objectifs majeurs à atteindre à l’horizon 2020 : faire passer la part de l’industrie dans le PIB de 14% à 23% et créer 500.000 emplois. Aujourd’hui, les chiffres publiés que ce soit par le HCP, la DEPF, BAM ou l’Office des changes montrent que nous sommes encore loin du compte.
Toutefois, pour ne pas sombrer dans le pessimisme, il est utile de rappeler qu’en l’espace de trois ans, l’automobile et l’aéronautique… se sont bien comportés contribuant fortement à l’amélioration des exportations, soit respectivement de 4,59 Mds de DH et 856 MDH à fin mai 2018.