Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Si l’aide financière (140.000 DH) sera automatique pour les habitations totalement effondrées (certificat de résidence exigé), elle sera conditionnée par un avis d’experts pour les autres habitations touchées par le séisme. Cela dit, outre l’aide financière, qu’est-ce que le gouvernement a prévu pour structurer et harmoniser ce lourd processus de reconstruction ?
11 jours sont écoulés depuis le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz le 8 septembre et l’émotion est toujours vive. Les plaies sont toujours ouvertes et la douleur profonde. Mais si le pays reprend petit à petit le cours normal de la vie, la population des zones sinistrées, quant à elle, vit toujours dans l’emprise de cette catastrophe naturelle. Ayant tout perdu, cette population sinistrée ne revendique aujourd’hui qu’une seule chose le droit à l’habitat. Le droit de se sentir en sécurité sous un toit. Le droit de revivre dans la dignité.
Reconstruire, c’est désormais le mot d’ordre de cette phase post séisme. Ce sont plus de 50.000 familles qui n’ont plus de toit qui devront vivre dans des conditions extrêmes exposées aux aléas climatiques qui s’annoncent très rudes dans cette zone.
La réponse du Souverain est arrivée moins de 6 jours après le drame. Le jeudi 14 septembre, SM le Roi donnait ses instructions pour activer le programme d’urgence pour le relogement des sinistrés et la prise en charge des catégories les plus affectées par le séisme d’Al Haouz.
Un programme qui prévoit une aide financière directe de 140.000 dirhams pour les logements totalement effondrés et de 80.000 dirhams pour couvrir les travaux de réhabilitation des habitations partiellement effondrées.
Si l’indemnité en cas d’effondrement total est automatique, à la seule condition de disposer d’un certificat de résidence, elle sera conditionnée pour les habitations menacées d’effondrement par l’avis d’un expert.
C’est ce qu’a affirmé la ministre Fatima Ezzahra El Mansouri, Ministre de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, ce samedi lors d’une visite sur le terrain à Amizmiz, petite ville de la province d’Al Haouz en précisant que toute les personnes affectées (propriétaires ou locataires) bénéficieront des mêmes conditions.
El Mansouri qui est partie à la rencontre de la population sinistrée pour les informer des orientations royales et pour les rassurer quant à la reconstruction des maisons, a précisé que 50 commissions sont déjà sur le terrain pour évaluer l’ampleur des dégâts.
C’est ce qu’a affirmé également le Chef du gouvernement suite à la tenue de la 3ème réunion ce lundi 18 septembre de la Commission interministérielle chargée du déploiement d’un programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits par le séisme.
Des bureaux d’étude feront partie des commissions techniques en charge de recenser les logements totalement ou partiellement effondrés et de collecter les données qui constitueront une plateforme importante pour déterminer la catégorie de soutien dont bénéficieront les ménages concernés, en application des Hautes Directives Royales.
A ce stade, nous ignorons qui sont les membres de ces commissions, ni les bureaux d’études qui seront en charge d’établir l’état des lieux.
Nous avons toutefois appris que l’Association marocaine des bureaux de contrôle (AMBC), qui a été approchée par le ministère de l’Equipement, a adressé un courrier à ses adhérents les appelant à mettre à la disposition des autorités des experts volontaires pour auditer les établissements publics des zones touchées.
Quid du plan d’aménagement ?
Cela dit, en attendant d’en savoir plus sur comment l’état des lieux sera établi et par qui, une autre question substantielle s’impose d’emblée: a-t-on pensé à un plan d’aménagement et de reconstruction de ces zones ou allons-nous livrer les sinistrées à eux-mêmes ?
Car il ne suffit pas seulement de donner des aides financières à cette population vulnérable sans l’orienter et la guider selon une vision et un plan de reconstruction global adapté aux spécificités de la région.
Ce séisme, qui a rasé des villages entiers, est peut être l’occasion de repenser autrement, de reconstruire autrement et surtout de bien faire les choses pour désenclaver cette population attachée à ses racines et ses terres.
El Mansouri a précisé à la population que les aides seront débloquées au fur et à mesure de l’avancement des chantiers de reconstruction sans donner plus de précisions s’il va y avoir ou pas un accompagnement dans le processus de construction.
En attendant cette reconstruction, les victimes vont pouvoir bénéficier des 30.000 DH durant une année soit 2.500 DH/mois à partir de ce mois pour pouvoir louer un toit. C’est dire qu’il y a beaucoup de points à clarifier et à maîtriser afin que ce programme d’urgence puisse atteindre les objectifs escomptés en toute transparence avec l’efficacité et l’efficience requise. Autant de détails pour garantir le bon déroulement de cette opération d’envergure et sans précédant.