Ecrit par L.B. I
Bien que des avancées considérables aient été réalisées dans le chantier de l’assurance maladie, des défis majeurs restent encore à relever notamment pour offrir aux Marocains des soins de qualité. Les résultats sur le terrain de la réforme ne sont toujours pas visibles.
Depuis le lancement du chantier de la généralisation de la protection sociale en 2021, des efforts considérables ont été menés pour respecter le calendrier de mise en œuvre.
Ainsi la première phase de ce chantier à savoir la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire de base a été réalisée dans les délais soit fin 2022 en relevant le défi de l’élargissement de l’assiette des bénéficiaires de cette assurance pour inclure les catégories vulnérables bénéficiant du Régime d’assistance médicale et la catégorie des professionnels et travailleurs indépendants et personnes non-salariées, qui exercent une activité libérale.
Une phase qui a permis à environ 22 millions de personnes, qui étaient hors circuit ,de bénéficier d’une assurance maladie.
Mais au-delà des chiffres, la question qui se pose : quid de la qualité des soins particulièrement dans le secteur public ?
En effet, l’une des clés de réussite du chantier de la généralisation de l’assurance maladie est sans doute la qualité de soins. Le droit d’accès à des soins de qualité et à la continuité des prestations est un droit constitutionnel instauré dans la Constitution de 2011.
Car il ne s’agit pas de munir les Marocains d’une assurance maladie alors que les services de santé mis à leur disposition ne sont toujours pas à la hauteur des attentes.
Et pour cause, la mise à niveau du secteur public de la santé piétine toujours. Le secteur continue de cumuler des maux dont il n’a pas encore administré les remèdes nécessaires. Ce qui explique d’ailleurs l’afflux des assurés y compris les AMO Tadamon (ex-ramedistes), vers le secteur privé.
Et pourtant, c’est le secteur privé qui doit être complémentaire au secteur public et non pas le contraire.
Le CESE avait soulevé dans son dernier rapport sur la santé la question de la qualité des soins. « L’évaluation rigoureuse de la qualité́ du service nécessite la mise en place d’une démarche qualité́ structurée permettant un suivi-évaluation des acquis, et la mise en place de mesures correctives. Ces mesures doivent permettre d’améliorer de manière continue et permanente la qualité de tous les processus, afin que le prestataire fournisse un service répondant au besoin de l’usager, tout en maîtrisant les risques, les coûts et les délais », soulève le CESE.
Et d’ajouter « qu’en l’absence de définition harmonisée de la qualité́ attendue et en l’absence de systématisation de l’évaluation qualitative des prestations offertes au niveau des soins de santé de base, il n’est pas possible aujourd’hui de porter un jugement objectif sur la qualité́ des soins. Des éléments de réponse sont néanmoins apportés par le caractère limité du recours aux soins dans le secteur public ( 0,6 contact par habitant et par an en 2010), qui traduit vraisemblablement l’insuffisance de la qualité des prestations 57 et par les taux élevés de mortalité maternelle et néonatal dont la cause principale est l’insuffisance de soins adéquats au moment de la naissance ».
Ceci dit, la réforme du système de santé, bien qu’engagée, n’a pas encore donné ses fruits sur le terrain.
Il est surtout question d’équilibrer la balance pour éviter l’effondrement du système de couverture sociale. Rappelons que l’un des défis majeurs post généralisation de l’AMO est de garantir la soutenabilité financière du système. Ceci passe par le renforcement du rôle du secteur public et de son implication dans la mise en œuvre de ce chantier social.
Mais aussi par la mise en place et l’instauration de mécanismes de régulation pour maîtriser la dépense et éviter les abus.
L’enjeu étant de garantir une gestion optimale et efficiente du nouveau système de couverture sanitaire pour assurer sa durabilité et sa pérennité.