Bien que le système de Santé marocain soit très critique, pas à tort d’ailleurs, pour cumuler les dysfonctionnements, il faut bien reconnaître que dans certains domaines le Maroc est cité en référence. A titre d’exemple, les progrès considérables accomplis en matière de réduction de la mortalité maternelle et infantile au cours de ces dernières décennies. Rappelons que le taux de mortalité infantile a baissé de 38% en l’espace de sept ans pour atteindre 13,56 pour 1.000 naissances vivantes en 2018. Aussi, la lutte contre les maladies sexuellement transmissible à l’instar du Sida a-t-elle également connu des avancées considérables dans notre pays grâce à la mise en place de programmes de prévention mais également de soins qui ont fini par donner leurs fruits.
Mais il va falloir faire mieux et sauver beaucoup plus de vies. C’est dans cette optique que le Maroc s’apprête à franchir un nouveau pas en lançant officiellement, ce lundi 16 septembre, l’adoption des recommandations de l’OMS sur les soins auto-administrés (Self Care) pour la santé sexuelle et reproductive.
Ainsi le Maroc devient le premier pays de la région à adopter ces recommandations et à assurer leur intégration dans les politiques, programmes et pratiques au niveau national.
Mais en quoi consiste réellement cette nouvelle approche ? Il s’agit de la capacité des personnes, des familles et des communautés à faire la promotion de la santé, à prévenir les maladies, à rester en bonne santé et à faire face à la maladie et au handicap avec l’accompagnement d’un prestataire de soins.
En d’autres termes il s’agit d’une auto-prise en charge des patients notamment par l’auto-test, l’auto-diagnostic, l’auto-gestion, l’auto-médication, l’auto-surveillance et l’auto éducation.
Un changement de paradigme dans les soins de santé qui, selon le ministre de la Santé Anass Doukkali, permettra de contribuer à l’amélioration de la santé des jeunes, des femmes ainsi que des couples.
« Nous sommes conscients que le Self care va renforcer l’offre de soins de santé primaire et permettra une automatisation responsable », nous a précisé le ministre.
A la question comment le ministère compte-t-il déployer sur le terrain lesdites recommandations, Anass Doukkali a précisé « que le ministère va déployer ce programme en 5 étapes. D’abord les méthodes de contraception, ensuite les tests VIH, puis les tests des infections sexuellement transmissibles ainsi que celui de l’HPB (virus du Papilloma responsable du cancer du col de l’utérus) ».
Parallèlement le ministère va développer la vaccination contre le Papilloma virus.
Quant au budget alloué à cette démarche, Anass Doukkali n’a pas voulu se prononcer étant donné qu’il s’agit d’une expérience pilote lancée avec l’Organisation Pan-Africaine de lutte contre le Sida (OPALS).
« A partir de 2020, nous allons faire les prévisions budgétaires nécessaires pour passer à la mise à échelle de ces différents programmes », a-il affirmé.
De son côté Dr Nadia Bezad, Présidente de l’Opals Maroc, a salué l’engagement du ministère de la Santé pour encourager cette approche innovatrice et prometteuse. « Grâce à cette approche les Marocains et Marocaines pourront avoir les outils nécessaires pour se protéger notamment la prévention de certaines maladies telles que le cancer du papilloma ou encore la contraception pour mieux protéger les femmes », a-t-elle précisé.
Mais pour cela il va falloir accompagner ce dispositif par une compagne de sensibilisation à l’échelle nationale.
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