Désormais, il est impératif que BAM évolue vers un mandat dual, permettant une articulation judicieuse entre l’objectif de stabilité des prix et celui de la stimulation de l’économie et de l’amélioration de l’accès au crédit bancaire pour les opérateurs économiques.
A quelques semaines de la tenue du Conseil de BAM attendu le 22 juin 2021, les pronostics vont bon train. Dans ce cadre, les analystes de BMCE Capital Global Research se penchent sur la politique monétaire telle qu’adoptée dans un contexte marqué par les séquelles de la crise sanitaire. A noter qu’en 2021, l’économie marocaine poursuit sa reprise après la récession de -6,3% enregistrée lors de l’exercice précédent.
« Le maintien d’une politique monétaire accommodante a également contribué à appuyer le redressement de l’activité économique, laquelle devrait enregistrer une croissance de l’ordre de +5,3% cette année conformément aux dernières projections de BAM principalement fondées sur la bonne campagne agricole estimée à plus de 98 Mqx », explique-t-on.
De l’avis des analystes, le caractère accommodant de la politique monétaire suite à la réduction du taux directeur en 2020 de -75 pbs et à la libération de la réserve obligatoire s’est reflété dans l’évolution des crédits bancaires dont l’encours a augmenté de près de 30 Mds de DH pour atteindre 948,4 Mds à fin mars comparativement à la même période une année auparavant.
Cette progression s’explique notamment par la hausse de l’encours des crédits de trésorerie de 8,1% à 210 Mds de DH, profitant principalement de la dynamique des mécanismes Damane Oxygène et Damane Relance dont le volume accordé avoisine 50 Mds de DH au terme de l’année écoulée.
En revanche, l’encours des crédits d’équipement et celui des crédits à la consommation ont accusé un repli de -5,3% à 179 Mds de DH et de -3,1% à 55 Mds de DH respectivement. « La relance des crédits nécessite davantage un renforcement de la confiance avant de retrouver leurs niveaux d’avant la crise sanitaire Covid-19 ».
La poursuite du soutien à l’économie nationale via la sphère monétaire se justifie également par l’évolution de l’inflation demeurant jusqu’ici, sous contrôle avec une hausse des prix limitée à +0,7% sur les trois premiers mois de l’année en cours.
Celle-ci devrait, toutefois, s’accélérer durant les prochains mois sous l’effet de la reprise des prix des matières premières et des hydrocarbures à l’international. Les estimations du Haut-Commissariat au Plan -HCP- tablent, à cet effet, sur une inflation de +1,2% au T2 2021, niveau qui devrait rester toujours en deçà de la cible fixée par BAM qui est de +2%.
A rappeler que le rapport sur le NMD préconise que la Banque Centrale évolue vers un mandat dual, permettant une articulation judicieuse entre l’objectif de stabilité des prix et celui de la stimulation de l’économie et de l’amélioration de l’accès au crédit bancaire pour les opérateurs économiques .
Au niveau mondial, les principales Banques Centrales étrangères comme la FED et la BCE continuent de reconduire leur politique d’assouplissement monétaire pour assurer le décollage économique de leurs pays et ce, en dépit de la montée de la pression inflationniste qui s’est traduite par une hausse des prix de +4,6% aux Etats-Unis en avril dernier, ce qui reste, selon l’institution d’émission américaine, liée à des facteurs plutôt exogènes et non structurels.
« Dans ces conditions, BAM devrait, selon toute vraisemblance, renouveler en l’état son dispositif d’intervention au niveau du marché monétaire, en gardant inchangés son taux directeur et sa réserve obligatoire à 1,5% et à 0% respectivement», estiment les analystes.