Malgré le rebond de croissance économique en 2017 en Chine, les tensions commerciales avec les Etats-Unis d’Amérique et plus récemment la crise induite par le Covid-19, laissent entrevoir un prolongement des délais de paiement et une augmentation des défaillances. L’Enquête de Coface auprès de 1.000 entreprises chinoises fait état de délais de paiement supérieurs à 120 jours.
L’Empire du milieu a repris depuis plusieurs semaines un semblant d’activité économique après plusieurs mois de perturbations, voire l’arrêt de production dans plusieurs secteurs paralysant les chaines mondiales d’approvisionnement. Certains pensaient même que la Chine avait les coudées franches pour détrôner les Etats-Unis d’Amérique et devenir la première puissance économique mondiale, les USA n’ayant pas encore circonscrit la propagation du virus et demeurent en pleine crise sanitaire doublée d’un mouvement sans précédent de protestation antiracisme.
Mais les entreprises chinoises font face à plusieurs freins. La Coface s’est particulièrement intéressée aux délais de paiement objets de sa dernière enquête qui a concerné plus de 1.000 entreprises en Chine et dont les données ont été compilées au quatrième trimestre 2019, par conséquent ses chiffres ne tiennent pas compte de l’impact de la pandémie COVID-19 sur l’économie chinoise.
Toujours est-il que si 66% des entreprises interrogées ont déclaré avoir connu des retards de paiement en 2019, la moyenne est de 86 jours en 2019, l’enquête révèle que les secteurs les plus touchés par les mesures de confinement devraient retarder leurs paiements pour survivre en 2020 et le nombre de défaillances d’entreprises devrait augmenter.
Les entreprises questionnées se préparent à une année 2020 beaucoup plus difficile, en raison de l’accumulation des risques liés aux flux de trésorerie dans certains secteurs.
Des délais supérieurs à 120 jours en 2020
La crise sanitaire intervient dans un contexte déjà fragile pour les entreprises en Chine. En effet, le pays qui enregistrait une croissance à deux chiffres, a également fait les frais de la crise économique mondiale et n’a vu sa croissance rebondir qu’en 2017 à 6,9%. Pou ensuite subir les conséquences des tensions commerciales avec les Etats-Unis d’Amérique.
Ceci s’est également répercuté sur les entreprises chinoises. En effet, si les délais de paiement moyens sont restés stables à 86 jours en 2019, la part de délai moyen supérieur à 120 jours a quasiment doublé en deux ans, passant de 12% en 2017 à 23 % en 2019.
Toujours selon Coface, la proportion d’entreprises ayant connu des retards de paiement supérieurs à 120 jours a atteint 37 % en 2019, soit 6 points de plus qu’en 2018. Plus inquiétant, plus d’un quart des entreprises (27%) connait des retards de paiement ultra-longs (ULPD, plus de 180 jours) dont le montant dépasse 10 % de leur chiffre d’affaires annuel. Si ces volumes constituent une part importante du chiffre d’affaires annuel, la trésorerie d’une entreprise peut être menacée, ce qui est inquiétant en cas de chocs exogènes comme avec le COVID-19.
Compte tenu de la corrélation historique entre l’activité économique et les retards de paiement, une augmentation de ces derniers sur l’année 2020 est à prévoir, puisque la croissance prévue en Chine en 2020 est de 1%, le plus bas niveau depuis 30 ans.
D’ailleurs, selon l’enquête de Coface, 50 % des sociétés interrogées ont proposé des délais de paiement supérieurs à 120 jours.
Les secteurs les plus touchés
Parmi les secteurs qui présentent le risque de défaillance le plus élevé, l’enquête de Coface identifie principalement cinq.
Une augmentation des défauts de paiement des obligations d’entreprises et des insolvabilités dans les secteurs qui ont connu une accumulation de risques de trésorerie en 2019 est à prévoir.
Les secteurs où la proportion d’ULPD (dont le montant dépasse 10 % de leur chiffre d’affaires annuel) est la plus élevée sont la construction (30 %), les transports (30 %), l’énergie (29 %) et l’automobile (28 %).
A la suite des perturbations causées par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, lesecteur des TIC a enregistré la plus forte hausse des délais de paiement (+ 12 jours) pour atteindre 102 jours.
Si tous les secteurs sont exposés à ces risques, ceux qui sont entrés dans la crise en position de force, avec une trésorerie suffisante, ont de meilleures chances de maintien de leur activité, souligne l’enquête.
L’enquête conclut que les entreprises pourraient se trouver dans une position de faiblesse plus importante que l’an passé pour résister à l’impact du choc du COVID-19. Pour preuve, 40 % ont admis qu’elles n’ont pas eu recours à des outils de gestion du crédit pour atténuer les risques de trésorerie en 2019, alors que seulement 17 % ont reconnu avoir recours à l’assurance-crédit.