Après cinq candidatures infructueuses, le Maroc a finalement obtenu la co-organisation de la Coupe du monde 2030 avec ses voisins ibériques. « Cette bonne nouvelle, faisant suite à un mois de septembre morose marqué par la catastrophe du séisme d’Al Haouz, a réconforté les esprits et provoqué par la même occasion l’euphorie sur les Marchés financiers », annonce BKGR dans son snapshot du mois d’octobre.
Le MASI enregistre ainsi une de ses plus fortes hausses historiques sur une seule séance (+5,08%) profitant de l’anticipation par les investisseurs de « l’effet CDM ».
La tenue, même partielle, du plus grand événement sportif du monde sur le sol marocain devrait susciter l’espoir d’une relance plus rapide de la machine économique nationale, mise à mal par plusieurs crises successives (Covid, sécheresse, pressions inflationnistes, etc.). Les sept prochaines années devraient ainsi être, selon les analystes, cadencées par le déploiement d’importants programmes d’investissements afin de préparer le Royaume au grand coup d’envoi et ce, tant en termes d’infrastructures sportives que logistiques et touristiques.
Certes génératrice d’emplois, de valeur ajoutée et de renommée, l’organisation d’une CDM n’en est pas moins coûteuse financièrement, notamment pour les pays en développement particulièrement désireux faire leur preuve. L’une des qualités requises pour la gestion de ce dossier devrait, certes, être l’ambition mais teintée de pondération et de modération.
Déjà, le Maroc annoncé vouloir mobiliser un total de 16 Mds de DH pour la rénovation de stades existants et surtout pour la construction d’un nouveau d’une capacité de 110 000 places assises pour 5 Mds de DH d’investissements. Une convention de financement avec la CDG a été récemment paraphée dans ce sens.
Ce qui suppose qu’une partie du coût ne sera pas supporté, du moins directement par les finances publiques, dont le projet de Loi 2024 se trouve construit autour des hypothèses suivantes :
- Un cours moyen du Brent de USD 80 /Bbl ;
- Un niveau moyen du gaz Butane à USD 500 /T ;
- Une parité EUR/USD à 1,08 en 2023 ;
- Et, le retour à une production céréalière normative de 75 MQx en 2024 (vs. 55,1 MQx en 2023) conjugué à une consolidation des performances des autres cultures et de l’élevage.
En termes de croissance économique et toujours selon le PLF, le Maroc devrait clôturer l’année 2023 sur un PIB en amélioration de +3,4% avant de progresser de +3,7% en 2024 (vs. +3,2% pour les anticipations de BAM et +3,6% pour le scénario central de BMCE Capital Global Research).
L’Exécutif confirme également l’engagement du Gouvernement dans la poursuite des réformes structurelles déjà entamées en se fixant les quatre objectifs prioritaires suivants :
- La mise en œuvre du programme de reconstruction et de mise à niveau générale des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, ainsi que le renforcement des mesures de lutte contre les impacts conjoncturels ;
- La poursuite de la consolidation des fondements de l’Etat social ;
- La poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles ;
- Et, le renforcement de la soutenabilité des finances publiques.
Dans cette optique et en vue de réduire le déficit budgétaire à -4,0% du PIB en 2024 (vs. -4,5% du PIB pour les prévisions de la LF 2023 et -4,9% pour BKAM), le montant total des ressources de l’Etat devrait atteindre 574,6 Mds de DH en 2024 (vs. 536,4 Mds de DH en 2023) au moment où les dépenses du budget général se fixeraient à 638,3 Mds de DH (vs. 600,5 Mds de DH en 2023). Ce projet de budget inclut également le lancement du programme d’aides directs aux ménages d’ici fin 2023 avec une enveloppe globale de 25 Mds de DH qui devraient s’ajouter à des dépenses de compensation plafonnées à 16,4 Mds de DH.
Parallèlement et dans la continuité des deux dernières Loi de Finances, l’Exécutif prévoit une nouvelle réforme de la Taxe sur la Valeur Ajoutée -TVA- en se fixant trois finalités fondamentales :
Le soutien du pouvoir d’achat des ménages et l’atténuation de l’impact de l’inflation à travers la généralisation de l’exonération de la TVA aux produits de base large de consommation (médicaments, les fournitures scolaires, le beurres dérivé du lait d’origine animale, les conserves de sardines, le lait en poudre et le savon de ménage) ;
- L’alignement progressif des taux actuels de la TVA (7%, 10%, 14% et 20%) pour les limiter à horizon 2026 à (10% et 20%) et ce, parallèlement à l’élargissement de leur champ d’application en vue d’assurer la neutralité de cette taxe et d’atténuer le buttoir engendré par le différentiel des taux appliqués en amont et en aval des chaînes de production sur les entreprises ;
- Et, la facilitation de l’intégration du secteur informel en rationalisant les incitations fiscales et en harmonisant les dispositions du texte actuel dans le but d’assurer l’équité fiscale.
Le projet prévoit également une série de mesures fiscales dans le but de lutter contre la fraude fiscale et l’informel afin d’assurer l’équité en la matière de tous, en proportion de leurs facultés contributives.