L’Etat s’engage à mener les réformes nécessaires, les opérateurs, à leur tour, doivent être éthiques et plus confiants. Ces réformes consistent en la consolidation des fonds de garantie, au remboursement du crédit TVA, à la plateforme Gouvernement-Patronat…
Au risque de nous répéter, le modèle de développement économique est à bout de souffle. D’où la nécessité pour les secteurs public et privé de mettre la main dans la main pour impulser le changement et aboutir in fine à une croissance inclusive qui profite aux différents pans de la société. A l’occasion de la première Université d’été de la CGEM, le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, bien que cela fait à peine un peu plus d’un mois qu’il est à la tête du ministère, est conscient, voire déterminé d’approfondir la réflexion sur le partage des responsabilités entre les secteurs public et privé. « Aujourd’hui, au vu des grandes réformes à mener à bon escient, le pays a grandement besoin des compétences du secteur privé. Cela permettra l’accélération des réformes, facilitera la communication entre les deux sphères de l’économie pour enfin booster la croissance économique », assure-t-il.
Plus qu’une priorité, l’accélération du rythme de la croissance économique permettrait de répondre à la problématique de la création de l’emploi des jeunes en particulier celui des diplômés et de dégager des marges budgétaires suffisantes pour apporter des réponses à des situations pressantes devenues urgentes pour nos citoyens. Il s’agit bien entendu de l’éducation, de l’accès à l’information, de l’emploi, de la santé… Et surtout la réduction des disparités sociales et spatiales.
« Nous avons besoin de plus d’investissements publics avec toutes ses composantes, mais également privés », rappelle l’actuel argentier du Royaume. Et d’ajouter : « En agissant ensemble, en investissant, en se faisant confiance, nous allons créer les conditions pour que le développement national appelé à plusieurs reprises par le Souverain puisse enfin s’opérer ».
Le message de Benchaâboun est on ne peut plus clair : Etat et secteur privé doivent se faire mutuellement confiance pour aller de l’avant. Pour instaurer cette confiance, des mesures à court terme sont nécessaires pour apporter des réponses à des nœuds gordiens qui se sont installés depuis plusieurs années. Il s’agit de la problématique du crédit TVA, du retard dans les délais de paiement, de l’accès difficile au financement pour l’entreprise en général et pour la PME et la TPE en particulier.
Les mesures mises en place à court terme
Dans le projet de Loi de Finances 2019, il est prévu des mesures ayant trait à l’amélioration du climat d’investissement : la facilitation et la simplification des procédures, la réduction des délais de paiement, la transparence dans la relation de l’Administration avec l’entreprise, le recours massif à l’utilisation des technologies de l’information…
Au-delà de ce travail qui doit être fait et d’un certain nombre d’axes qui doivent constituer le socle du nouveau plan de développement, il faut pouvoir se passer de ces problèmes qui hantent les esprits pour pouvoir aller de l’avant.
« En matière de crédit TVA, nous prenons l’engagement de rembourser tout le passif qui a été constitué au fil des années et de respecter les conditions existant dans les textes actuels à savoir le remboursement dans les délais », dixit M. Benchaâboun. 40 Mds de DH seront ainsi réinjectés dans le circuit économique.
En ce qui concerne le retard dans les délais de paiement, ce problème concerne d’un côté l’Etat et les collectivités locales et de l’autre les entreprises et établissements publics. Si pour l’Etat et les collectivités locales, le ministre des Finances est confiant que des solutions seront trouvées rapidement, pour les entreprises et les établissements publics, la situation est beaucoup plus complexe. Les premiers ont juste besoin d’améliorer les process de gestion pour que les délais de paiement soient améliorés. Un monitoring a été mis en place pour suivre de près les délais de paiement et pour que cela se passe d’une manière rigoureuse. En revanche, les entreprises et établissements publics ont une trésorerie compliquée, d’où la nécessité d’engager des réformes en profondeur pour remédier à la situation. « Ces réformes seront inscrites progressivement dans les prochaines Lois de Finances. Ce qui permettra à très court terme de saisir un certain nombre d’opportunités pour s’insérer dans le processus », informe-t-il.
Le ministre met également l’accent sur l’accélération des partenariats public-privé pour ne pas inhiber le rythme d’investissement public. En ce qui concerne la PME et la TPE, il faut mettre à leur disposition un cadre de fonctionnement favorable.
Aujourd’hui, il est question de simplifier les mécanismes de garantie (qui passeront de 12 à 2) pour plus de lisibilité et pour qu’ils soient davantage utilisés par la PME et le système bancaire. Le premier est un fond de garantie dédié au financement de la trésorerie et le deuxième concerne le financement de l’investissement. Des conditions de plus en plus favorables sont prévues, chaque fois que la gouvernance est améliorée. L’autre volet concerne la mise à la disposition des TPE qui ne sont financées ni par l’Association de Micro Finance (AMC), ni par le système bancaire, un mécanisme en partenariat avec la Caisse Centrale de Garantie. Le leitmotiv est d’améliorer la situation bilancielle de la TPE et lui permettre de contribuer au développement économique.
Last but not least, pour favoriser l’investissement et encourager les exportations, une réunion a été tenue récemment entre le Chef gouvernement et la CGEM ayant permis de mettre en place une plateforme autour de sept axes pour mener toutes sortes de réflexions en la matière. Ces sept axes portent sur plusieurs domaines qui concernent le patronat marocain, en l’occurrence la fiscalité.
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