Un projet de création de sociétés de distributions régionales de l’eau, d’électricité et de l’assainissement est en cours d’étude. Est-ce la solution idoine pour améliorer la gouvernance dans la gestion d’un service aussi vital ?
La hausse de la facture énergétique est un sujet d’appréhensions chez bon nombre de ménages. Pas sans raison puisque les utilisateurs subissent de plein fouet la hausse de la facture énergétique du Maroc liée à la conjoncture internationale notamment la flambée des cours du pétrole.
Car même si le gouvernement veille à ne pas toucher les couches sociales les plus démunies ainsi que la classe moyenne, force est de constater que certains délégataires n’hésitent pas à faire fi de cette priorité nationale de paix sociale en rajoutant du sel dans les plats.
Pour remédier à ce manque de gouvernance, l’Etat s’apprête à prendre un nouveau virage dans la gestion de la chose publique particulièrement dans ce secteur sensible.
Aziz Rebbah, ministre de l’Energie et des Mines a récemment annoncé qu’une décision relative à la création de distributeurs régionaux a été prise. Ce nouveau choix en cours de gestation avec le ministère de l’Intérieur (Autorité de tutelle des délégataires) consiste à créer une société de distribution régionale au niveau des 12 régions du Royaume.
« Une commission mixte travaille actuellement sur ce projet qui figurait déjà dans le premier contrat-programme de l’ONEE. Le distributeur régional réunira ainsi la gestion des 3 services (eau, électricité et assainissement) et en même temps réunira l’ONEE, les distributeurs ainsi que les autres acteurs », a précisé le ministre.
Cette nouvelle approche démarrera dans les régions où il y a le moins de problèmes et de contraintes à savoir celles qui sont gérées par un seul distributeur soit l’ONEE, la régie ou le gestionnaire délégué. Cette démarche s’inscrit parfaitement dans le cadre de la régionalisation avancée en cours de mise en œuvre.
Le ministre n’a, tout de même, pas précisé si les gestionnaires délégués vont-ils disparaître où feront partie du nouveau paysage de la gestion de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement ?
Mais ce qui est certain, c’est que cette nouvelle orientation ne prendra acte qu’à la fin du contrat des 3 délégataires à savoir la LYDEC à Casablanca jusqu’à 2027, la REDAL à Rabat & Salé jusqu’à 2028 et AMENDIS à Tanger & Tétouan en 2026. Rappelons également que ces contrats sont en cours de révisions. Contactés par nos soins, certains délégataires disent ne pas être au courant de ce projet et n’ont donc pas souhaité se prononcer.
Après pratiquement 3 décennies de gestion déléguée…
A rappeler qu’au courant des années 90, le Maroc s’est tourné vers la gestion déléguée pour restructurer l’économie nationale et développer les services publics. Un choix qui a permis au pays de résorber le déficit et rattraper le retard accusé dans plusieurs domaines. Transport urbain, eau, électricité et assainissement liquide, parc éolien, constructions routières, concessions portuaires, collecte et traitement de déchets… autant de contrats qui ont été signés entre les collectivités publiques et les opérateurs privés internationaux dans le cadre de la gestion déléguée.
Toutefois, aujourd’hui ce mode de gestion est remis en cause et ce pour plusieurs raisons. Il s’agit de questions d’ordre organisationnel mais aussi de gouvernance qui se posent face à l’insatisfaction de la population quant à la qualité des services publics rendus par les délégataires. En effet, plusieurs délégataires, pour ne pas dire la grande majorité, ne respectent pas les clauses des cahiers de charges.
Ce qui n’est pas sans conséquence sur les services publics fournis particulièrement dans le domaine de l’eau et de l’électricité qui reste un sujet de préoccupation majeure pour les Marocains. Et pour cause, ces derniers contestent souvent des factures trop salées qui pèsent lourdement sur leur pouvoir d’achat.
Lire également : GESTION DÉLÉGUÉE : FAUT-IL REPENSER LE MODÈLE ?
1 comment
Pourquoi attendre que ces contrats échoient ?
Les délégataires ne le sont que sur certaines villes qui ne font pas toutes les régions de notre pays.
Ces villes seraient intégrées à la problématique des fins de vie des contrats de délégation, toutes particulières, à gérer par la région concernée dont les statuts seraient particuliers.
Tous les autres chantiers peuvent être ouverts sans perdre de temps.
Cette initiative est salutaire à bien des égards…