Ecrit par Soubha Es-Siari |
Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement est doté de 45 Mds de DH dont 15 Mds de DH provenant du Budget de l’Etat et 30 Mds de DH sous forme de partenariats public-privé avec les institutionnels aussi bien nationaux qu’internationaux. Or, à ce jour, l’équipe sortante n’a pas réussi à lever les 30 Mds de DH, nécessaires pour l’activation du Fonds.
Les chantiers sur lesquels devra s’atteler la prochaine équipe au pouvoir sont multiformes. Certains datent de plusieurs années, d’autres ont émergé suite à la crise sanitaire ayant mis à nu de nombreuses fragilités. D’aucuns considèrent que les crises sont malgré tout des périodes d’opportunités pour aller de l’avant. C’est pour dire que l’équipe de Akhannouch est amenée à sortir les marrons du feu.
Pour ce faire et affronter en toute quiétude les différents chantiers, l’équipe aux manettes est exhortée de prime abord à insuffler une nouvelle dynamique et tracer les contours de la relance économique. Un chantier d’envergure qu’il ne faut pas sous-estimer après une terrible année de crise d’autant que le niveau d’endettement a atteint un seuil préoccupant.
En guise de rappel, l’Etat marocain s’est massivement endetté à l’étranger tant au plan multilatéral que sur le marché financier international. Résultat des courses : un bond spectaculaire de l’endettement public accusant une hausse de 14,2 points en 2020 pour représenter environ 95% du PIB contre un peu moins de 85% en 2019.
Qu’on l’admette ou pas, la relance économique passe nécessairement par la mobilisation des moyens financiers supplémentaires pour mettre l’économie marocaine sur les rails de la reprise notamment avec l’éventuelle baisse de l’effet de base. La question lancinante des moyens financiers à mobiliser se pose donc avec acuité et dans des termes presque inédits.
Le gouvernement sortant en a été bien conscient. A cette fin, il a été institué le Fonds Mohammed VI pour l’investissement appelé à servir de levier à l’égard de l’investissement privé. Mais pas que. Les autorités se préparent d’ores et déjà à lancer un Grand emprunt national (GEN) pour justement booster et accomplir les chantiers structurants dans le souci de générer la croissance inclusive et garantir le développement. La Vision royale qui transparaît explicitement, à l’occasion de différents discours et événements, a toujours souligné la ferme volonté du Souverain de hisser le volet social au rang de la priorité maîtresse du développement économique.
Où piocher les 30 Mds de DH ?
Concernant le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, il est doté de 45 Mds de DH dont 15 Mds de DH provenant du Budget de l’Etat et 30 Mds de DH sous forme de partenariats public-privé avec les institutionnels aussi bien nationaux qu’internationaux. Si les 15 Mds de DH sont prévus dans le PLF 2022, l’origine des 30 Mds de DH reste jusqu’à présent une inconnue. C’est la patate chaude qu’hérite l’actuelle équipe gouvernementale.
Le prochain gouvernement est donc amené à trouver les 30 milliards de DH parce que in fine l’équipe sortante n’a pas réussi à le faire.
S’agissant du GEN, même si pour le moment on ne connaît pas ses modalités, cette opération qui semble opportune au regard des défis à relever aurait, à coup sûr, d’importantes retombées économiques si elle réussit à puiser dans le grand réservoir des liquidités thésaurisées et du cash évoluant en dehors du circuit financier, réservoir estimé à plusieurs centaines de milliards de dirhams.
Il ressort que cette opération devrait générer une recette d’environ 5 Mds de DH. Elle représente l’équivalent de deux levées du Trésor sur le marché local. Mais rien ne se profile à l’horizon.
Attention à la déviation !
La pierre angulaire de la réussite de ce Fonds est son orientation vers des financements de l’investissement productif et créateur d’emplois. Aussi, il faut surveiller deux principaux risques pour ne par rater le virage.
Le premier risque est que cet argent passe dans les filets du circuit informel à travers une hausse de la circulation de la monnaie fiduciaire, le deuxième est que cet argent passe en dehors des frontières à travers une hausse des importations. Ces deux risques s’ils ne sont pas maîtrisés risquent de se traduire par une réduction de l’effet multiplicateur dudit fonds sur l’économie réelle. Les objectifs escomptés seront dès lors de simples illusions.
En définitive, à la faveur de cette perspective de relance économique, l’enjeu d’une croissance durable et soutenue doit obligatoirement s’accompagner d’un changement de paradigme. Désormais, le Maroc doit se donner les moyens pour mener à bien cette nouvelle politique de relance et non plus se résigner à faire la politique de ses moyens. Ce n’est que de cette manière que le Maroc pourra jeter les jalons de son émergence économique. On ne cessera jamais de le dire, quand on se fixe des objectifs, on mobilise les ressources qui vont avec.
Sur un autre registre, les projections pour le scénario d’émergence à l’horizon 2035 montrent que l’économie marocaine dispose d’un potentiel de croissance inexploité si elle parvient à mobiliser les facteurs de sa dynamique productive. L’écart entre la croissance potentielle et la croissance effective laisse énormément de marges de manœuvre pour les actions de politique économique.
En effet, à côté des hypothèses techniques de référence, l’autre support et facteur sous-jacent est la mise à bon escient des réformes politiques menées par les pouvoirs publics avec la participation effective de tous les intervenants à cette vision prospective pour soutenir la relance économique. Certains des programmes à long terme et d’orientations politiques sont déjà élaborés : le Nouveau Modèle de Développement, le pacte national pour le développement, le projet national de couverture sociale, la loi cadre sur la fiscalité,…
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Les lois régissant la lutte contre l’économie sous-teraaine doit être pratiquement efficiente par l’instauration de dispositifs de contrôle fiables et crédibles .