Elle aura été maudite jusqu’au bout. Refusée par le Brésil, annulée par le Chili, la 25e conférence des Nations unies sur le climat (COP25), finalement hébergée à Madrid, s’est achevée, dimanche 15 décembre, sur des avancées quasi insignifiantes. Elle s’est terminée sur un coup de marteau donné avec quarante-deux heures de retard, du jamais-vu dans l’histoire des négociations climatiques – les négociateurs, épuisés, adoptant des décisions qu’ils avaient, pour certains, à peine lues.
La séance de clôture a été repoussée une quinzaine de fois par des Etats plus divisés que jamais sur différents sujets-clés, d’apparence techniques mais ayant des conséquences politiques. Une incapacité à avancer, et à entrer dans le concret, en décalage avec l’appel constant des jeunes, des scientifiques, mais également des gouvernements eux-mêmes – dans leurs discours – à agir face à l’urgence climatique. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, s’est dit « déçu ». « La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande », a-t-il déploré, ajoutant : « Nous ne devons pas abandonner. »
« Cette COP25 s’achève sur un résultat mitigé, bien en deçà du niveau d’ambition auquel la science nous appelle. Grâce à une alliance progressiste de petits Etats insulaires et de pays européens, africains et latino-américains, nous avons arraché le moins mauvais résultat possible, contre la volonté des grands pollueurs », juge de son côté Laurence Tubiana, l’architecte de l’accord de Paris sur le climat.
Un relatif soulagement qui n’était pas partagé par les organisations non gouvernementales (ONG). « Les gouvernements doivent repenser complètement la manière dont ils s’y prennent, car le résultat de cette COP, marquée par un délit de fuite des puissantes économies du carbone, est totalement inacceptable », a dénoncé Jennifer Morgan, la directrice exécutive de Greenpeace. « L’esprit positif qui a donné naissance à l’accord de Paris semble être un lointain souvenir aujourd’hui », a regretté Helen Mountford, vice-présidente du think tank américain World Resources Institute. (Avec le Monde)