Ecrit par S. Es-Siari I
Le séminaire annuel d’Allianz Maroc dédié à ses courtiers partenaires, sous le thème « Maroc 2030 : Trajectoire d’émergence dans un monde en mutation » tenu les 23 et 24 février a permis aux experts de différents horizons de discuter des perspectives de développement du pays, ainsi que du rôle crucial du secteur de l’assurance pour accompagner cette nouvelle dynamique.
Lahcen Haddad, Keynote Speaker au niveau de cette rencontre, a rappelé les politiques et stratégies structurantes entamées par le Maroc afin d’adhérer au Club des Pays Émergents. Il est aussi revenu sur les différents défis, notamment ceux liés à la sécurité hydrique et l’équité sociale, tout en mettant en avant une démarche vertueuse qui consiste à réussir les transitions, notamment énergétique et numérique, à faire aboutir les stratégies sectorielles telles que ‘’Green Génération’’, ‘’Tourisme’’ et ‘’Nouvelle Stratégie Industrielle’’ ou encore, à diminuer les fractures sociales et spatiales via la couverture sociale et la revue de la régionalisation.
Il a tenu cependant à préciser que l’objectif d’un Maroc prospère, démocratique et ouvert ne sera possible sans la réduction des effets négatifs des risques liés au stress hydrique, à la gouvernance, à la réforme de l’éducation, à la santé et à la sécurité alimentaire et judiciaire.
S’agissant de l’impact sur les citoyens, il rappelle dans la foulée la persistance des vulnérabilités sociales, la dépendance de l’Europe, la fragilité entrepreneuriale comme un véritable handicap et le faible taux d’activité des femmes. La crise sanitaire a d’ailleurs exacerbé les fragilités puisqu’en 2022, 3,2 millions ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité sous l’effet du Covid et de l’inflation. Ajoutons à cela notre dépendance étant donné que 70% des échanges se font avec l’Europe.
Selon Lahcen Haddad, le Maroc a certes bien mené des réformes mais les résultats enregistrés sont mi-figue, mi-raisin. Et pour cause, le ministre a évoqué six ratages : l’alphabétisation qui n’a pas atteint ses objectifs, une obsession persistante tout au long d’une décennie de combattre les mouvements islamistes, l’implémentation de la constitution parfois légère et formelle, la régionalisation non fructueuse, la lourdeur administrative, la gouvernance qui souvent laisse à désirer, la corruption qui se veut endémique et la fragilité du capital national.
Pour ce qui est la vision de 2030 et au-delà, Lahcen Haddad met l’accent sur les défis suivants : améliorer le système éducatif, accroître la compétitivité à l’export, la réduction des disparités spatiales et réussir à assurer une couverture sociale universelle.
Le Maroc a par ailleurs besoin d’une nouvelle stratégie industrielle qui prône la souveraineté, centrée sur la promotion du capital humain, le développement de la R&D et l’innovation, l’amélioration de la compétitivité et le développement durable. Mieux encore, elle doit être axée sur les pôles régionaux. Le défi est par ailleurs de faire évoluer les autres filières autres que l’automobile. La nouvelle stratégie doit également maitriser les chaines de valeurs surtout les matières premières, les semi-conducteurs et les pièces d’échange.
Lors du premier panel, sous le thème « Géopolitique, histoire et culture : Vers une nouvelle appréhension du risque », les intervenants ont exploré l’impact des dynamiques géopolitiques sur l’économie marocaine, avec une analyse profonde de la position stratégique du Maroc dans le monde multipolaire actuel. Ils ont unanimement convenu que le pays montre une certaine résilience face aux chocs économiques chroniques et à la déglobalisation accélérée.
En examinant les liens entre ces événements mondiaux et l’économie marocaine, il est ainsi dévoilé comment la géopolitique façonne non seulement la politique étrangère mais aussi les décisions économiques internes. Cela permet bien entendu de comprendre et de naviguer dans le paysage géopolitique pour assurer une trajectoire d’émergence économique réussie pour le Maroc.
Cela souligne par ailleurs l’importance d’une action affirmée de la part du secteur privé marocain. Les entreprises locales doivent s’engager davantage et exploiter les réformes et les dynamiques globales pour solidifier la position du Maroc en tant que puissance économique émergente.
Quid du secteur des assurances ?
Dans ce cadre, les compagnies d’assurance doivent jouer un rôle central dans l’économie par leur expertise approfondie en matière d’analyse de risque. Cette compétence devient indispensable alors que l’économie marocaine s’internationalise, rendant l’analyse de risque géopolitique essentielle. Les assureurs, forts de leur expérience avancée dans l’évaluation des risques, doivent être perçus comme des acteurs clés pour naviguer dans le paysage économique globalisé.
L’émergence économique du Maroc doit être soutenue par la volonté des opérateurs économiques d’investir de manière significative dans l’exportation et l’industrie, secteurs reconnus pour leur risque accru comparé à l’économie de rente, mais vitaux pour le développement économique pérenne du pays. Ces domaines d’investissement, contrairement aux placements traditionnels en bourse et dans l’immobilier qui suivent une logique de rente, requièrent une gestion efficace et une compréhension approfondie des risques.
« Le secteur des assurances doit se positionner comme un gestionnaire expert du risque et fournir des outils d’analyse sophistiqués, jouant ainsi un rôle déterminant dans la consolidation de la confiance du secteur privé. En proposant des solutions d’assurance adaptées aux besoins spécifiques des industriels et des exportateurs, les compagnies d’assurance permettraient aux entreprises marocaines de s’engager dans des investissements à plus haut risque avec davantage de confiance. Ce rôle est essentiel pour encourager une transition vers des activités économiques à forte valeur ajoutée et durables », annonce Anas Abdoun, expert en matière de gestion des risques ( Il a fondé Impetus Strategy, un cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie et la géoéconomie).
Et d’ajouter : « L’expertise des assureurs en matière d’analyse géopolitique est particulièrement précieuse, offrant aux entreprises une perspective claire sur les risques internationaux potentiels et leur impact sur les marchés locaux et mondiaux. En anticipant et en se préparant à ces risques, le secteur privé marocain devrait pouvoir investir avec plus de sérénité dans des domaines favorisant l’émergence économique du pays ».
L’expertise des assureurs en matière d’analyse géopolitique a été abordée comme offrant aux entreprises une perspective claire sur les risques internationaux potentiels et leur impact sur les marchés locaux et mondiaux. A cet effet, les assureurs seraient invités à équiper le secteur privé des outils nécessaires pour naviguer dans un paysage économique de plus en plus complexe, favorisant ainsi l’investissement dans des secteurs clés.
Le second panel, sous le thème « Innovation comme catalyseur pour le développement » a de son côté abordé des aspects tels que la transformation numérique, la montée en puissance de l’intelligence artificielle et l’éthique dans son usage ou encore, la souveraineté des données et la cybersécurité, tout en examinant les leviers nécessaires pour accompagner l’économie marocaine dans sa transition numérique, entre les initiatives structurelles et privées, avec la nécessité d’accélérer la mise en place du cadre procédural et réglementaire.
« Chaque jour qui passe l’intelligence artificielle (IA) est largement utilisée dans le domaine du courtage et de l’assurance. Elle offre de nombreuses opportunités pour améliorer l’efficacité opérationnelle, la personnalisation des services et la gestion des risques dans le domaine du courtage et de l’assurance », rappelle Amal El Fallah Seghrouchni Présidente exécutive de Ai movement – UM6P. Elle cite quelques exemples d’utilisation de l’IA : l’évaluation des risques associés à un individu ou à une entreprise en analysant des grandes quantités de données, aidant ainsi les courtiers et les assureurs à déterminer les actions à entreprendre (ex. les primes appropriées).
Aussi, la personnalisation des offres d’assurance en fonction des besoins spécifiques de chaque client, de chaque entreprise, en analysant les données personnelles, l’historique et d’autres caractéristiques pertinentes.
Les conclusions des travaux ont révélé d’une part, le potentiel du Maroc à se positionner comme un acteur économique émergent majeur, tout en identifiant les risques liés à la non-capitalisation sur les opportunités actuelles. D’autre part, elles ont souligné le rôle majeur du secteur de l’assurance qui doit continuer à agir de façon proactive dans le soutien de cette trajectoire de développement.
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