Briser le plafond de verre et promouvoir l’accès des femmes aux organes de décisions, notamment en tant qu’administrateur au sein des Conseil d’administration, est une quête dans laquelle s’est lancé le Club des Femmes Administrateurs depuis mars 2012. Aujourd’hui, les membres sont résolus à accélérer la démarche.
Ce mardi 10 mars se tenait la cérémonie « ring the bell for gender equality », organisée par la bourse de Casablanca en partenariat avec le Club des Femmes Administrateurs. C’est pour la quatrième fois que la place boursière casablancaise, à l’instar des bourses internationales, prend part à cette initiative qui tend à inciter la communauté financière internationale à favoriser l’accès des femmes à des postes de responsabilité. L’occasion également de faire le point chez nous de cette problématique d’accès des femmes aux organes de décision et de gouvernance.
A l’ouverture de cette cérémonie, Karim Hajji, directeur de la Bourse de Casablanca a rappelé quelques chiffres. « Sur les 73 sociétés cotées, on dénombre 5 femmes chefs d’entreprises, soit seulement 6,5 % des sociétés cotées, malgré une légère amélioration par rapport à ces deux dernières années, ce n’est pas suffisant. Pis, d’après l’enquête de l’Institut marocain des administrateurs (IMA), 60 % des entreprises cotées n’ont aucune femme administrateur, ce qui n’est pas du tout normal. 25 % comptent une seule femme administrateur. Pourtant de nombreuses études démontrent que les entreprises où les femmes sont plus nombreuses génèrent 53% plus de rendement des capitaux propres et 66 % plus de rendement des capitaux investis », annonce-t-il.
Il note un léger mieux concernant le programme Elite : « Au niveau de la Bourse, 16 % des entreprises du programme Elite sont dirigées par des femmes, 37 % des entreprises dudit programme ont au moins une femme au sein du top management et 56 % ont au moins une femme membre du Conseil d’administration ou actionnaire ; ce qui est mieux comparativement aux sociétés cotées. Mieux encore, les sociétés du programme Elite ont annoncé la conduite du chantier d’amélioration de leur gouvernance notamment en termes de parité et d’égalité basée sur le genre ».
Par ailleurs, au niveau de la bourse, des efforts sont fournis depuis dix ans pour promouvoir l’égalité des genres. De 20 % des femmes aux postes de direction, le taux est passé à 38%. Aussi, les femmes représentent-elles 50 % des effectifs contre 30 % il y a une dizaine d’années. « Nous continuons à fournir des efforts en privilégiant le recrutement des femmes et l’accès des femmes aux postes de responsabilité. Autre mesure mise en place par la bourse de Casablanca, en partenariat avec l’AMMC, c’est l’Indice ESG (Environnement, social et gouvernance) qui célèbre les entreprises qui ont mis en place les meilleures gouvernances », explique Karim Hajji.
Conseils d’administration, le plafond de verre doit sauter !
Amina Figuigui, Présidente du Club des Femmes Administrateurs (CFA) a rappelé la genèse de la création du club qui a pour principal objectif la promotion des pratiques de bonne gouvernance et le rôle de la femme administrateur au sein des conseils d’administration. Une idée de Nezha Hayat, actuellement présidente de l’AMMC qui a trouvé écho auprès de Saida Karim Amrani, Dounia Taarji, Nadia Fettah Alaoui et Amina Figuigui. Un premier noyau dur de cinq femmes qui chemin faisant réussiront à coopter à ce jour 62 membres qui cumulent 311 mandats et 8 sont à la présidence. Pour Amina Figuigui l’accent est mis sur la parité dans les conseils d’administration comme levier au service de la performance, la compétitivité et de la responsabilité sociale sociétale et environnementale des entreprises publiques et privées.
« Nous croyons dur comme fer au rôle majeur des femmes dans la promotion de l’entreprise responsable… il n’y a pas de progrès sans mixité et sans réduction des inégalités. Le CFA réagit contre tous types de stéréotype en encourageant les femmes nombreuses qui ont les compétences d’intégrer les conseils de surveillance tout en leur donnant plus de visibilité. Nous apportons dans ce sens à nos membres un espace d’échanges, de formation et de développement individuel et nous nous soutenons mutuellement », explique-t-elle.
D’ailleurs le club est sollicité par les entreprises désireuses de nommer des femmes au sein de leur conseil d’administration et il met à leur disposition sa base de données de profils de qualité.
D’ailleurs pour son plan d’action à horizon 2022, le Club poursuit trois principaux objectifs.
Le premier est de faire de CFA la référence dans le top of mind des dirigeants en quête de femmes administrateurs en constituant une banque de cv. Aussi, la présidente a-t-elle souligné la volonté d’élargir et ouvrir le club à de nouveaux membres pour qu’il devient un vivier significatif et représentatif des compétences existantes pour les entreprises à la recherche des femmes administrateurs. D’ailleurs, elle souligne l’apport de l’amendement de la loi sur la SA avec l’obligation pour les sociétés faisant appel public à l’épargne de nommer un ou plusieurs administrateurs indépendants dans le renforcement du recours au CFA pour proposer des profils d’administrateurs.
Le troisième objectif est de porter à 30 % le taux de femmes administrateurs au sein des conseils d’administration et de surveillance dans les EEP et les sociétés faisant appel public à l’épargne.
Pour revenir à la bourse, Amina Figuigui a souligné que sur les 602 administrateurs au sein des 73 sociétés cotées, 89 sont des femmes soit un taux de représentation de 15 % contre 9% seulement en 2012.
« Du chemin a été parcouru mais beaucoup reste à faire d’où l’importance d’unir nos forces », soutient-elle.
Pour sa part, Nezha Hayat co-fondatrice du CFA, a rendu un hommage appuyé à Abdellatif Jouahri et Miriem Bensalah, qui en mars 2010 à la création du CFA ont eu un rôle déterminant en tant que Wali de la Banque Centrale et en qualité de présidente de la CGEM pour Miriem Bensalah. Cette dernière, en tant que présidente de la CGEM, avait le droit de coopter les présidents de deux associations féminines et c’est ainsi que CFA a eu droit à un des deux sièges au sein de la CGEM et commencer un travail de sensibilisation et de promotion auprès des entreprises membres du patronat.
Pour sa part Abdellatif Jouahri, en tant que régulateur, a joué un rôle déterminant en acceptant d’intégrer dans la directive sur la gouvernance des établissements bancaires et financiers d’un article qui stipule le renforcement de la représentativité des femmes au sein des conseils d’administration et il a exigé la parité dans la nomination des administrateurs indépendants au sein de ces conseils.