La persévérance commence à donner ses fruits. Moderniser les Hammams traditionnels du Maroc est un projet assez ancien mais qui n’a malheureusement pas abouti. Une petite cellule constituée d’une ONG et d’une coopérative de Hammams a décidé de le relancer depuis environ une année. Des difficultés de plusieurs natures ont failli décourager la cellule, mais son esprit de militantisme l’a emporté et elle se réjouit aujourd’hui des succès enregistrés.
Le premier et non des moindre, est l’appui reçu de l’École d’Architecture de l’Université de Cardiff- UKqui a une longue expérience dans ce domaine au niveau international. Le deuxième a été le succès remporté par l’organisation d’une importante Conférence/Débat/Exposition à Marrakech qui a permis de relancer l’intérêt général pour le sujet. Munie d’une riche base de données actualisées, la cellule a franchi une troisième étape qui a consisté à inviter au Maroc une équipe d’étudiants et de professeurs d’une grande Université américaine pour analyser le secteur et faire des propositions d’amélioration sous l’angle de vue de la jeunesse occidentale.
La quatrième étape qui mérite d’être citées est l’adhésion du Conseil Régional de Rabat-Salé-Kenitra pour mener un projet pilote dans les Hammam de la Région. Les étapes franchies ont permis l’élargissement de la cellule initiale,la mobilisation de nouveaux acteurs, l’approfondissement des analyses et le passage à une nouvelle étape. Celle-ci consiste à rechercher d’éventuels enrichissements de la réflexion sur le sujet et la validation des résultats avant de passer à une plus grande échelle d’intervention.
Les résultats enregistrés actuellement sont nombreux, on peut en citer trois parmi les plus pertinents :
i/ D’abord tout le monde s’accorde sur les rôles multiples des Hammams, qu’il s’agit d’un important patrimoine socio économique et culturel à conserver mais en même temps à moderniser ; cette modernisation s’impose d’ailleurs pour être en conformité avec plusieurs articles de la nouvelle constitution et avec les Objectifs du Développement Durable engagés par la Communauté Internationale dans le cadre des activités de l’ONU.
ii/ Les alternatives aux pratiques techniques actuelles existent et permettent de réduire dans une grande proportion la consommation de bois et donc la protection de la forêt et la pollution de l’air dans le voisinage. Les spécialistes affirment l’intérêt d’introduire des chaudières et des bruleurs modernes, l’utilisation des produits de la biomasse dont le Maroc dispose ainsi que le recours à l’énergie solaire. Toutes ces mesures vont dans le sens de la protection de l’Environnement qui constitue la nouvelle base du Développement Durable du pays.
iii/ Les mesures préconisées vont également dans le sens de l’amélioration de l’Efficacité Energétique, de la lutte contre le gaspillage et la pollution des eaux, de la réduction des charges des gestionnaires des Hammams, de l’amélioration de leurs revenus et du maintien des prix payés par la clientèle à un niveau compatible avec le pouvoir d’achat des plus démunis.
On ne peut conclure cet article sans souligner que la transition des Hammams traditionnels vers des Eco Hammams ouvre grandement la porte aux jeunes pour créer de Petites entreprises modernes et génératrices de revenus et d’emplois.
Afin de partager ces résultats précités avec le maximum de citoyens, le projet Eco Hammam compte organiser le 27 et 28 juillet 2020 courant à partir de 10 h une conférence à distance qui regroupera des experts nationaux et internationaux de hauts niveaux, les représentants de la majorité des parties prenantes dans les Administrations publiques et dans les secteurs non étatiques. Voir https://ecohammam.com/ Pour l’équipe du projet des Eco-Hammams au Maroc.
Abdelhadi Bennis, Président du Club de l’Environnement de l’Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable