Ecrit par Imane Bouhrara I
Depuis sa nomination en octobre 2021 en tant qu’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Staffan De Mistura tente de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui ont établi les tables rondes, avec la participation du Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le « polisario », comme unique cadre pour mener le processus politique exclusivement onusien. En tournée dans la région, il arrivé hier à Laayoune, pour préparer le terrain pour les négociations prévues pour le mois d’octobre. Réussira-t-il là où ses prédécesseurs avaient jeté l’éponge ? L’analyse avec Cherkaoui Roudani.
Selon un communiqué de l’ONU Staffan De Mistura « attend avec impatience d’effectuer des visites dans la région et de mener des réunions impliquant toutes les parties concernées avant la publication du rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité en octobre ».
A cet effet, il est arrivé lundi dans la ville de Laâyoune pour entamer des consultations avec toutes les parties concernées. Et bien qu’il s’était rendu dans les capitales de la région à partir de juillet de l’année dernière, cette visite est la première du genre à Laâyoune dans le cadre de la mise en œuvre de la recommandation du Conseil de sécurité de l’ONU fin octobre 2022, appelant les « parties » au conflit à « reprendre les négociations » pour permettre une solution « durable et mutuellement acceptable ».
Commentant cette visite, l’expert en géopolitique, Cherkaoui Roudani, explique que « la visite de l’envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies au Maroc s’inscrit dans l’objectif de mettre en mouvement les initiatives en accord avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier la récente résolution 2654. Cette tournée précède le début des négociations prévues pour le mois d’octobre ».
Si avec le Maroc, le processus se passe de manière fluide, ce n’est pas le cas avec l’Algérie où De Mistura devrait normalement se rendre, puisque elle s’oppose à une reprise de négociations sous forme de tables rondes comme celles qui avaient été organisées en Suisse en 2019.
« Compte tenu de la position de l’Algérie et de son refus de continuer de participer aux négociations en format de tables rondes, cette première visite de Staffan de Mistura a pour objectif de mener des consultations avec les parties constituant le tissu civil des provinces du sud. En coordination avec le Secrétaire général des Nations Unies, l’envoyé spécial est appelé à progresser vers des solutions concrètes pour résoudre ce conflit artificiel en impliquant davantage les avis des femmes et les jeunes dans l’élaboration du prochain rapport. Ainsi, les réunions prévues avec des associations de femmes, de jeunes et divers membres de la société civile s’inscrivent dans une stratégie visant à consulter ces parties civiles ».
Pour Cherkaoui Roudani, ces réunions avec De Mistura témoignent de l’engagement et le respect du Maroc du droit international et aussi envers les résolutions du Conseil de sécurité et soulignent l’importance cruciale des jeunes ainsi que le renforcement de la participation de la société civile dans la résolution des conflits. Cela vise à promouvoir une paix durable et inclusive. Il est à noter que la résolution 2538 (2020) appelle à la participation pleine, effective et significative des femmes et des jeunes dans les processus décisionnels liés à la paix et à la sécurité.
Cette visite intervient après plusieurs succès diplomatiques du Maroc sur le dossier du Sahara marocain et plusieurs revers essuyés par les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume. Ce qui ne facilitera certainement pas la tâche à De Mistura.
« À la lumière des développements récents et de l’évolution géopolitique de ce dossier artificiel particulièrement les derniers avancés et les succès diplomatique du Maroc, il est impératif d’envisager des changements significatifs. De ce fait, il convient de tenir compte de la nouvelle dynamique que connaît le dossier tels que la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara, les positions de l’Allemagne, de l’Italie, des États-Unis ainsi que de nombreux pays africains et arabes, qui sont favorables au Maroc », explique Cherkaoui Roudani.
A l’issue de ses différentes visites, De Mistura élaborera un rapport qui sera la base de travail pour la résolution sur le Sahara que le Conseil de sécurité de l’ONU devra voter en octobre.
Pour l’expert, nul doute, la persistance de la situation en Afrique subsaharienne, ainsi que l’insécurité et l’instabilité dans les régions voisines, sont des menaces que la communauté internationale doivent regarder autrement.
Parallèlement, les tendances belliqueuses soutenues par l’Algérie et son mandataire, le Polisario, exigent que les pays du Conseil de Sécurité prennent au sérieux leurs menaces, notamment en raison de la coopération avérée entre les milices armées du Polisario et les groupes terroristes.
« C’est pourquoi, un ensemble de facteurs vont peser sur la prochaine résolution du Conseil de sécurité qui pourrait connaître une évolution en faveur du Maroc et de sa pleine souveraineté sur ses provinces du sud », conclut Cherkaoui Roudani.