Ecrit par S. Es-Siari |
L’évolution de la monnaie fiduciaire n’est que le reflet de cette conjoncture atypique que vit l’économie marocaine, à l’instar des autres pays de la planète. Les économies sont durement éprouvés par les séquelles de la crise sanitaire et de la guerre en Europe auxquelles viennent s’ajouter les effets de la hausse généralisée du niveau des prix.
Le flux additionnel des Billets et Monnaies en Circulation (BMC) est de plus de 35 Mds de DH au terme de l’année écoulée contre 18,4 Mds de DH un an plus tôt, soit des taux d’accroissement respectifs de 10,4% et 5,8% se situant dans le prolongement des rythmes d’accroissement très soutenus enregistrés durant les années antérieures, plus précisément depuis 2017.
A la faveur de cette demande, toujours soutenue du cash, l’encours des billets en circulation ressort à plus de 372 Mds de DH, avec un poids pondéral approchant les 23% dans le total du stock monétaire (M3).
Cette hausse dans la demande du cash s’accompagne d’un gonflement des dépôts à vue logés sur les comptes des banques commerciales (+ 9,8% pour une part de 44,5% du total), et une évolution contrastée des différents composantes de l’épargne liquide. « Ainsi, si le produit des ‘’Comptes d’épargne’’ enregistre une hausse en nette accélération, le contenu de la rubrique « comptes à terme et bons de caisse» est en net repli », expliquent les conjoncturistes.
Analysé dans une optique de long terme, le stock de la masse monétaire au sens de M3 est de plus de 1685 Mds de DH à fin décembre de l’année écoulée contre 892 Mds de DH treize ans plus tôt, soit un coefficient multiplicateur de 1,90 correspondant à un taux d’accroissement annuel moyen de 7,8%. Selon les analystes du CMC, ce taux est une moyenne arithmétique qui cache de profondes disparités au cours du temps et entre les différentes composantes.
La revue des statistiques de la banque centrale montre clairement que la demande pour la monnaie fiduciaire enregistre une progression soutenue depuis l’éclatement de la crise sanitaire comparativement aux années couvrant la période 2010-2018. Au total, la hausse dans la durée du stock de moyens de paiements (+5,5%) est tirée par la demande du cash (+7,8%) , suivie par celle de la Monnaie scripturale (+6,3%), des Placements à vue ( (+5,6%) et des Autres actifs monétaires (+1,9%).
« Au terme des cinq premiers mois de cette année, la progression des BMC est encoure plus soutenue (+ 4,1%) contre seulement 0,5% pour les autres composantes (MS, PAV et AAM) », tiennent à rappeler les conjoncturistes.
Autrement dit, comparativement à décembre 2022, le flux additionnel total des moyens de paiement (M3) est de 19,7 Mds de DH se répartissant entre 15,3 Mds de DH pour les BMC contre à peine 3 Mds de DH pour la MS et 0,9 Mds de DH respectivement pour les PAV et les AAM.
De telles évolutions ne sont que le reflet de cette conjoncture atypique que vit l’économie marocaine, à l’instar des autres pays de la planète.
Encore durement éprouvés par les séquelles de la crise sanitaire et de la guerre en Europe auxquelles viennent s’ajouter les effets de cette hausse généralisée du niveau général des prix et des effets fâcheux des sécheresse à répétition, le premier réflexe des épargnants fût d’accumuler du cash pour des besoins de précaution et de transactions dans une conjoncture aux lendemains toujours incertains.
Devant ces dangers de nature systémique, les épargnants ont joué la prudence en privilégiant le court terme (hausse de tous les dépôts à vue et des comptes d’épargne) tout en affichant une nette aversion pour les autres supports d’épargne à moyen et long terme.
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