Ecrit par Imane Bouhrara I
Le séisme d’al Haouz a et continue d’accaparer une bonne place dans les informations au niveau international. Cela est dû à la puissance de la catastrophe et la complexité de sa gestion mais aussi à la place du Maroc dans la région grâce aux relations d’excellence qu’il entretient avec la majorité des États. Et il est très intéressant d’appréhender cet évènement sous un autre prisme que le nôtre en tant que Marocains, cette fois-ci sous la loupe britannique. Tour d’horizons dans des médias dont la réputation n’est plus à démontrer.
Depuis plus d’une semaine, le Maroc est scruté sous toutes ses coutures, particulièrement dans sa façon de gérer les effets du séisme d’Al Haouz, un événement qui a accaparé les médias aussi bien nationaux qu’internationaux. Le monde est choqué de la puissance du tremblement de terre et du lourd bilan humain mais sidéré par l’élan de solidarité exceptionnel qui s’en suivi.
Les médias sont particulièrement attentifs à la méthode du Maroc pour gérer cette catastrophe naturelle, les récits de cette nuit du 8 au 9 septembre et des perspectives de reconstruction des zones sinistrées.
Et il est très intéressant d’appréhender cet évènement sous un autre prisme que le nôtre en tant que Marocains, cette fois-ci sous la loupe des médias britanniques, qu’il s’agisse de reporters, de touristes ou de résidents Britanniques au Maroc. Il est inédit de constater quel récit font-ils de cette nuit fatidique et de l’organisation de la riposte à cette catastrophe.
Pour ce dernier cas de figure, un article signé Eleanor Steafel par sur The Telegraph fait le récit de cette nuit de vendredi 8 septembre tel que l’a vécu Bre Graham, écrivaine culinaire établie à Londres à peine arrivée à Marrakech pour participer à un sommet international sur l’industrie du Voyage.
Elle raconte comment le sol a bougé sous ses pieds dans ce nouveau rida dont elle a été la première invitée et dans lequel elle s’est retrouvée avec une autre invitée et le directeur de nuit de l’établissement qui les a conduites en dehors du labyrinthe qu’est la Médina. Elle a passé la nuit dehors comme la majorité des habitants de la ville ocre.
Bre Graham s’est étonnée de voir le lendemain la ville revivre même après le traumatisme et de constater que les touristes sillonnaient la médina à la recherche d’un souvenir.
Pour les Britanniques qui vivent, travaillent ou partent en vacances à Marrakech en ce moment, le message est très clair : faire venir les touristes est le seul moyen de maintenir l’économie en mouvement, souligne l’auteur de l’article.
Bre Graham prévoit d’accueillir un club de souper au Royaume-Uni pour collecter des fonds pour Education For All Morocco.
Mais pour l’instant, plutôt que de rentrer tôt à la maison, elle reste à Marrakech et aide dans une soupe populaire. « C’est une ville si résiliente », dit-elle. « En conduisant, tout est ouvert, les gens sont dehors. […] Tout est aussi beau qu’il l’était. ».
Les Britanniques du Maroc partagent également un message d’espoir. Le cas de Noah Devereux qui a pris le 1e vol pour Marrakech et a atterri le samedi 9 septembre pour rejoindre sa mère, Vanessa Branson (sœur de Sir Richard), qui dirige l’hôtel familial, El Fenn.
En 24 heures, Noah et Vanessa avaient levé 200.000 livres sterling d’aide et collectaient et distribuaient des fournitures à destination des sinistrés.
Pour Noah, 35 ans et papa de deux enfants, le besoin impérieux pour le Maroc est que dans les semaines et les mois à venir, « tout le monde s’en tient à ses plans de voyage et voyage ici ».
Autre exemple de cette solidarité exceptionnelle rapportée par The Telegraph est celui de James Wix, propriétaire d’un hôtel à Marrakech, qui a transformé son restaurant pour préparer 200 repas par jour pour nourrir les personnes qui ont perdu leur maison. Un exemple édifiant de la participation à l’élan national de solidarité.
« Nous le ferons aussi longtemps que nécessaire », déclare Wix, qui vit à Marrakech depuis 13 ans. «… la chose qui aidera le plus le peuple marocain est de maintenir l’économie en marche – en allant de l’avant comme prévu avec vos vacances », dit-il.
Des récits tout aussi émouvants sont relayés par Alice Morrison une aventurière et auteure de Adventures in Morocco, qui, dans un article paru sur The Independant, a recueilli les témoignages des professionnels du tourisme dans la région sinistrée. Et livre des conseils pratiques à même d’encourager les touristes à revenir dans les meilleures conditions.
Séisme d’Al Haouz : les efforts du Maroc salués par les médias britanniques
Au-delà du drame humain qu’a subi le Maroc, les médias se sont bien intéressés à la réponse marocaine face à la catastrophe. Pour James Duddridge, ancien ministre britannique du Commerce international et ancien ministre en charge des questions africaines, le Maroc a une fois de plus montré sa résilience dans les moments difficiles, en réagissant avec détermination et sérénité sans faille, sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, suite au tremblement de terre qui a secoué le Royaume, dans un article publié dans The Telegraph.
James Duddridge s’est dit frappé par la remarquable capacité du Maroc à réagir rapidement et efficacement lorsqu’il est confronté à de tels défis.
Le hasard du calendrier a fait que deux pays de la région MENA ont été frappés par deux catastrophes naturelles : en plus du Maroc, la Libye a également subi de graves pertes humaines et matérielles à cause des inondations.
The Guardian s’est livré à l’exercice de comparer entre la réaction des deux pays face à l’urgence. Dans un article signé par Rupert Neate avec le grand reporter Peter Beaumont, il est souligné le fort sens de la nation au Maroc.
Les Marocains ont rouvert la majeure partie de la route nationale 10, la route principale à travers les montagnes du Haut Atlas, jusqu’à Talat N’Yaaqoub, à environ 20 km de l’endroit où le tremblement de terre a frappé. « C’est une réalisation assez incroyable d’avoir rouvert une route où de grandes sections avaient été bloquées par des chutes de rochers quelques jours plus tôt », explique Beaumont.
« C’était vraiment impressionnant de voir des Marocains ordinaires faire cela. C’est comme ça que l’humanité devrait être – pas la politique, mais la communauté qui aide la communauté. Dans quelques années, je pense que lorsque les gens me demanderont ce dont je me souviens du tremblement de terre au Maroc, ce ne sera pas seulement la tristesse et la dévastation, ce sera la façon dont les gens ordinaires ont réagi. C’est extrêmement positif, et étant donné que je couvre beaucoup d’histoires sinistres, cela en dit long », soutient Beaumont.
C’est dire combien il a été impressionné par la réponse du Maroc face au sinistre.
La reconstruction, un enjeu humain et géopolitique
Le Maroc étant un partenaire stratégique de plusieurs États a aiguisé l’intérêt pour la suite qui sera donnée aux évènements.
En effet, si les médias ont salué la mobilisation et les annonces en faveur des populations sinistrées, ils accordent une importance particulière à la reconstruction des zones impactées.
Un quotidien économique et financier de référence en Europe, Financial Times a publié un article de Richard Shirreff, ancien commandant adjoint des forces alliées de l’OTAN en Europe qui considère le Maroc comme une source de stabilité dans la région. Il le décrit comme un phare de stabilité et d’ambition dans une région par ailleurs tumultueuse.
Une région où un certain nombre de nations africaines ont subi des coups d’État qui se sont avérés un terreau idéal pour la « croissance d’alliances entre les groupes du crime organisé, les franchises terroristes, les passeurs de personnes, de biens et d’aide humanitaire envoyés par l’Occident, et les insurgés cherchant à diviser les nations souveraines ».
Dans cette analyse pertinente « La sécurité occidentale dépend de la stabilité et de la reconstruction du Maroc », Richard Shirreff replace la question de la reconstruction sur terrain de la géopolitique, puisque l’auteur qui a une longue carrière et une grande expérience en la matière soutient que l’expérience de la guerre en Ukraine fait découvrir une force inexploitée : le pouvoir des partenariats stratégiques pour intervenir dans les crises et préserver la sécurité régionale.
Le cas du Maroc qui doit être traité comme l’Ukraine, en termes d’aide et d’assistance, car il est important de regarder vers le sud et l’est en termes de sécurité et de stabilité pour l’Occident, estime l’auteur.
Il soutient que la poursuite du soutien diplomatique occidental est essentielle et, dans ce cas, le Maroc est un allié ferme avec lequel nous devons être « plus étroitement impliqués.
Il est clair que le drame d’Al Haouz a mis un sérieux coup de projecteur sur le Royaume et son poids dans la région et l’importance des efforts de reconstruction qu’il fournit en regardant vers l’avenir. Une posture claire pour qui saurait voir.