Ecrit par Imane Bouhrara I
Les relations entre Rabat et Paris sont loin d’être un fleuve tranquille. Les deux pays ayant une relation historique, ancienne, étroite et très dynamique car vivante et évolutive ; et donc passe par des phases d’amour et de désamour. Et c’est plutôt ce dernier qui prévaut ces dernières années. Cela risque de durer avec l’attitude scandaleuse de certains médias et politiques de la France depuis le séisme d’Al Haouz.
Le Maroc est un peuple tranquille, aimable et farouche à la fois, mais pas rancunier. Et cela fait quelque temps déjà qu’il est la cible de choix de certains médias français et algériens qui, on dirait bien, opèrent de concert.
Qui se ressemble, s’assemble. Ils ne ratent aucune occasion pour orchestrer des campagnes anti-Maroc et quand il n’y en a pas, alors ils en créent.
Le premier semblerait blessé dans son égo d’essuyer un autre refus venant d’Afrique.
Le deuxième s’applique à la tâche comme une caisse de résonnance, par suivisme, par mauvaise foi, ma foi, je m’en fiche des raisons m’importe que c’est le nième couteau que le régime voisin tente de nous planter dans le dos.
Mais parfois, le timing est très mal choisi et le sujet pas opportun au risque de frôler l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain et de blesser les sentiments de tout un peuple. Paris s’est trompé de combat.
Car oui, nous sommes aimables mais très farouches lorsque ces attaques dépassent les bornes à un moment où le Maroc est en deuil. Oui, on n’est pas rancunier, mais on n’oublie rien et le ressentiment risque d’être indélébile.
Donc voilà une semaine depuis l’avènement du séisme d’Al Haouz, dont le bilan humain est très lourd, et les conséquences à long terme le sont tout autant pour les rescapés. Une semaine que le Maroc ressence ses morts et ses blessés, se démène pour gérer une catastrophe naturelle dont l’intensité est historique dans notre pays vu l’amplitude du séisme et vu l’entendue du territoire touché qui est immense et difficile d’accès : le séisme d’Al Haouz a ébranlé le haut Atlas.
Quasiment tous les pays ont été émus par cette tragédie et la majorité a proposé son aide. Parmi eux, Paris, un allié, un ami malgré les impairs à l’égard du Maroc, Rabat et Paris ayant une histoire commune, une proximité sur beaucoup de plans. Ce qui est tout à son honneur et dénote des valeurs humaines qui animent la France. Cette empathie est palpable car le drame est sur les unes de tous les journaux français, des émissions sont consacrées à cet événement…
Mais de fil en aiguille, cette aide sensée être désintéressée prend les allures d’un ultimatum. C’est du jamais vu dans les annales de l’histoire. En effet, très vite certains médias français vont se focaliser sur le fait que Rabat n’ait pas donné suite à la proposition de Paris. Mais quel affront à les croire, à telle enseigne que les journalistes de ces médias précis se départissent de toute éthique, déontologie et impartialité, dans le traitement de ce fait exceptionnel pour un pays comme le nôtre.
L’animosité monte d’un cran lorsque le Maroc annonce la présence des équipes de quatre pays que sont le Qatar, les Émirats Arabes Unis, le Royaume-Unis… et l’Espagne sur le terrain.
Certains médias français, malheureusement parmi lesquels certains sont très anciens et s’érigent en donneur de leçons, se livrent à leur exercice favori faisant montre d’une telle condescendance, d’un nombrilisme et d’une partialité flagrante : Comment le Maroc accepte-t-il la proposition espagnole et pas celle française ? A tel point que même lorsque leurs propres invités les désavouent en plein direct, rien n’y fait. Et de toute façon, une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites.
Quelle outrecuidance ! D’aucuns des pays ayant proposé son aide au Maroc les médias ne s’étaient offusqués que le Maroc ne réponde pas dans l’immédiat, car faut-il rappeler à ces journaleux, qu’il y avait d’abord urgence et que le Maroc, en course contre la montre, est un pays souverain, indépendant et n’est pas fragile comme ils aiment à le décrire.
Dans son article publié sur The Guadian, le grand reporter, Peter Beaumont souligne que « Le Maroc fait face au tremblement de terre à ses propres conditions, et les critiques auxquelles il a été confronté ont été teintées d’une mentalité de sauveur blanc ». Et d’ajouter « La réalité est que l’un des premiers principes de l’aide humanitaire est l’idée de souveraineté dans la prise de décision ». La messe est dite.
Mais non, certains journalistes français y voient une claque de plus pour l’Hexagone venant d’Afrique.
C’en est de trop, alors, ces mêmes médias qui ont un long passif avec le Maroc passent à la vitesse supérieure : la désinformation. On veut passer l’idée d’un pays le genou à terre et où tout est hors de contrôle. On est véritablement dans la mauvaise foi, puisque sur d’autres médias français le traitement reste professionnel, qui donne l’information mais n’invente pas une « réalité » inexistante.
D’ailleurs les images qui viennent du Maroc démontrent d’une mobilisation tous azimuts au plus haut sommet de l’État et des autorités publiques et d’une solidarité exceptionnelle entre le peuple marocain. Sans oublier des pays amis et leurs citoyens mobilisés pour le Maroc. Les pertes sont énormes car faut-il rappeler qu’il s’agit d’un tremblement de terre de magnitude 7, fait qu’omettent de rappeler ces journalistes.
Là encore, ces médias cherchent carrément l’escalade et versent dans la provocation en s’attaquant aux institutions du pays. Là, sincèrement, ils franchissent une ligne rouge pour les Marocains en s’attaquant aux symboles de l’État et cela malgré la directive du président français, aussi maladroite soit-elle en s’adressant directement aux citoyens d’un pays tiers, qui devait sonner la fin de la partie de cette campagne orchestrée.
Comme un borné ne vois pas plus loin que le bout de sa chaussure, ces journalistes ne voient pas en dehors de leurs œillères, et ne semblent pas voir la réaction aussi bien des Marocains que des Français Lambda qui fustigent cette attitude digne d’un leg colonial. Autrement dit, ces journalistes ont tout bonnement un peu plus d’un siècle de retard. Il faut les réveiller au lieu de les laisser croire qu’ils détiennent la science infuse et la vérité absolue !
Et l’impression que nous avons eu ici au Maroc est que ceux qui voulaient crâner à travers cette aide proposée, ont eu une douche plus que froide et que ça les a enragé plus qu’ils ne le sont d’habitude. D’autres estiment que Paris a engagé un pari perdant avec Rabat en espérant que cette proposition d’aide fasse tomber la tension entre les deux Etats.
Pour les autres médias français, il y a lieu de citer M6 qui a organisé un grand évènement, où l’heure était à la communion, le recueillement, à l’apaisement et à l’empathie, avec un public venu nombreux témoigner son soutien à un pays qui pleure encore ses morts, entre autres exemples d’institutions françaises qui ont pris de la hauteur par rapport à quelque visée politique que ce soit.
Et c’est ce qui est désolant dans toute cette histoire est que les agissements de ces médias français en particulier entament une relation très étroite et ancrée entre les deux pays, avec des populations importantes d’expatriés et de binationaux, avec des amitiés sincères entre les deux rives, des projets de partenariat économique, académique, sociale…
C’est bien dommage !