La digitalisation, ou la transition numérique, a été érigée il y a quelques années comme un véritable levier d’amélioration de l’administration et par conséquent à la compétitivité des entreprises, en ce qu’elle offre comme rapidité, transparence et simplification… Au moment où le Royaume s’engage dans une nouvelle feuille de route baptisée Maroc Digital 2030, se pose la question de l’amélioration de la productivité. Détails.
Pendant longtemps, l’administration publique a été pointée du doigt comme un frein à la compétitivité économique, faisant que le Maroc s’inscrive depuis des décennies dans la digitalisation des services publics pour contribue à la modernisation économique et l’amélioration de la compétitivité des entreprises.
A telle enseigne que cette transition numérique était devenue une priorité stratégique, visant à transformer l’administration publique et à stimuler l’économie nationale, avec à la clé une simplification des procédures pour assurer aux individus et aux entreprises des services plus rapides, transparent et de meilleure qualité.
Et bien que le Royaume soit classé à la 106e place en 2020 et la 101e en 2022 sur 193 pays, en termes d’indice de développement de l’E-Gouvernement (EGDI-ONU), il est indéniable qu’il y a bien eu un changement mais à quel niveau et comme le stimuler davantage au moment où le pays s’engage dans une nouvelle feuille de route baptisée Maroc Digital 2030.
C’est la question sur laquelle s’est penché le Centre marocain de conjoncture (CMC) en méttant en évidence l’amélioration de la productivité avant de montrer dans une deuxième partie comment cette digitalisation a grandement contribué à l’amélioration des services publics au Maroc.
Les avancées et réalisations dans le domaine de la digitalisation des services publics au Maroc témoignent de l’engagement profond du pays envers une fonction publique moderne. Cette transformation numérique s’est traduite par la mise en œuvre de plusieurs initiatives clés visant à améliorer l’accessibilité, l’efficacité et la transparence des services offerts aux citoyens et aux entreprises.
Dans son analyse, le CMC peut en recenser au moins cinq domaines dans lesquels les impacts de cette digitalisation sont visibles.
Rationalisation des procédures. Cette rationalisation consistant à dématérialiser les démarches pour proposer des services en ligne est l’un des principaux bénéfices de la digitalisation. Cette accélération des processus se traduit par une augmentation de la productivité des services publics et une satisfaction accrue des citoyens et des entreprises, qui bénéficient désormais d’un accès simplifié et rapide à l’information et aux prestations.
Meilleure allocation des ressources. La digitalisation contribue à une meilleure allocation des ressources. En automatisant certaines tâches et en optimisant la gestion des dossiers, les administrations peuvent réaffecter leur personnel à des activités à plus forte valeur ajoutée, améliorant ainsi l’efficacité globale du service public.
De plus, le recours aux technologies numériques permet une réduction significative de l’utilisation du papier, s’inscrivant dans une démarche de développement durable et de respect de l’environnement. La qualité des services publics s’est vue également améliorée par l’instauration de systèmes plus transparents et responsables.
Les plateformes en ligne offrent une visibilité accrue sur les procédures et permettent un suivi en temps réel des démarches par les usagers. Cette transparence renforce la confiance des citoyens dans les institutions publiques et contri- bue à la lutte contre la corruption en minimisant les interactions directes susceptibles de générer des abus.
De plus, la digitalisation a ouvert la voie à une personnalisation des services publics. Grâce à l’analyse des données et à une meilleure connaissance des besoins des populations, les gestionnaires peuvent désormais proposer des services adaptés à chaque profil d’utilisateur, améliorant ainsi l’expérience utilisateur et la satis- faction générale.
Développement des compétences numériques. La stratégie nationale de digitalisation attribue un intérêt distinctif au développement des compétences numériques et à l’alphabétisation technologique. En formant la population aux outils et aux méthodologies numériques, on élargit le bassin de talents disponibles pour les entreprises innovantes.
Cette main-d’œuvre qualifiée est indispensable pour soutenir la croissance et l’innovation dans l’économie numérique. La digitalisation facilite l’intégration des entreprises dans les chaînes de valeur mondiales. En adoptant des standards internationaux dans les services publics numériques, on améliore la compétitivité de ses entreprises sur les marchés internationaux, favorisant ainsi les exportations et attirant les investissements étrangers dans des secteurs innovants.
Renforcement de la compétitivité des entreprises. Sur un autre registre, l’innovation et l’entrepreneuriat occupent une place centrale dans le renforcement de l’économie et de la compétitivité des entreprises à l’ère du numérique. La digitalisation des services publics, en facilitant l’accès aux informations et en simplifiant les démarches administratives, crée un terreau fertile pour l’émergence et le développement d’initiatives entrepreneuriales innovantes. La mise en place de plateformes numériques a, non seulement amélioré l’efficacité des services publics, mais a, pareillement, ouvert de nouvelles voies pour l’innovation dans le secteur privé.
L’accès facilité à des données publiques ouvertes, par exemple, permet aux entrepreneurs de développer des solutions et des services novateurs qui répondent aux besoins spécifiques des citoyens et des entreprises. Ces initiatives peuvent aller de la création d’applications mobiles offrant des services gouverne- mentaux intégrés à des plateformes en ligne qui simplifient l’accès aux informations légales ou réglementaires pour les entreprises.
Développement des startups. La digitalisation contribue à un environnement entrepreneurial plus dynamique en réduisant les barrières à l’entrée pour les start-ups. Les procédures simplifiées pour l’enregistre- ment des entreprises et la gestion fiscale en ligne, par exemple, réduisent les coûts et les délais nécessaires pour lancer et gérer une nouvelle entreprise.
Cette agilité accrue est essentielle pour stimuler l’entrepreneuriat, notamment dans des secteurs à forte intensité technologique. La transformation numérique des services publics encourage également la collaboration entre le secteur public et les entreprises privées. En adoptant des solutions numériques, le gouvernement peut agir comme un catalyseur pour l’innovation, en lançant des appels à projets ou en soutenant des incubateurs et des accélérateurs qui favorisent le développement de start-ups technologiques. Ces initiatives peuvent renforcer l’écosystème entrepreneurial, en offrant aux jeunes entreprises l’accès à des ressources, des réseaux et des financements essentiels.
Les services publics à l’ère du digital : un peu mieux ?
Pour le CMC, l’une des réalisations majeures de la digitalisation est le déploiement d’une large gamme de services publics en ligne. Ces derniers, couvrant divers domaines tels que la fiscalité, l’état civil, le foncier et les permis de construire, ont visiblement simplifié les procédures. La plateforme nationale de l’e-gouvernement, par exemple, offre un guichet unique pour l’accès aux informations et aux services,facilitant ainsi les démarches des demandeurs de services et réduisant les délais de traitement.
L’initiative du passeport et de la carte d’identité nationale électroniques représente une étape significative vers la modernisation. Ces documents électroniques, intégrant des caractéristiques de sécurité avancées, non seulement renforcent la sécurité des identités, mais accélèrent également les processus liés à l’identi- fication et à la vérification des citoyens. De même, les systèmes d’information géographique (SIG) ont été, par ailleurs, introduits pour permettre une meilleure planification et gestion des ressources et des données géographiques essentielles pour la prise de décisions éclairées dans des domaines tels que le développe- ment urbain et la protection de l’environnement.
Le cas de la plateforme participative « CHIKAYA » illustre l’engagement envers une gouvernance ouverte et participative. En donnant la possibilité aux citoyens de soumettre des plaintes et des suggestions concernant les services publics, renforçant ainsi le dialogue entre les responsables et les citoyens. L’adoption du e-paiement, pour les transactions financières publiques, a pour sa part, marqué un progrès notable.
Pour les conjoncturistes, en facilitant le paiement en ligne des taxes, des factures d’utilité publique et d’autres frais, le gouvernement a non seulement amélioré l’efficacité des services, mais a également contribué à la réduction des files d’attente et à l’amélioration de l’expérience utilisateur.
Dernier point, mais non des moindres, les initiatives spécifiques telles que « DAMANCOM » pour la gestion des cotisations sociales et le système de déclaration fiscale en ligne témoignent d’une volonté d’optimiser les interactions entre les entreprises et l’administration, en rendant les processus plus fluides et moins chronophages
Dans l’ensemble, cette politique de digitalisation a certes contribué, de manière indéniable, à l’amélioration des services publics au Maroc. Cependant, le CMC estime qu’il beaucoup reste à faire pour permettre au Royaume d’être au diapason des exigences de ce nouveau créneau de croissance des économies de demain.