Le cadre prudentiel relatif à la Solvabilité Basée sur les Risques exige que la marge de solvabilité des entreprises d’assurances tienne compte de tous les risques auxquels elles sont exposées.
Depuis le déclenchement de la crise financière internationale en 2008, les autorités financières font preuve de plus de vigilance. Depuis, les questions relatives à la stabilité financière et à la surveillance macroprudentielle ont été placées au cœur des préoccupations. Un dispositif institutionnel a vu le jour et conçu conjointement par la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), BAM, l’ACAPS et l’AMMC. Ce dispositif fait l’objet d’un suivi rapproché par le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS). Sa mission est de passer au peigne fin les règles prudentielles du système financier marocain dans son ensemble. « Au titre de l’exercice 2017, ses mécanismes de gouvernance se sont renforcés en vue de lui permettre d’exercer pleinement ses prérogatives », apprend-on dans le rapport 2017 relatif à la stabilité financière publié hier par l’AMMC.
Il a été d’ailleurs relevé qu’au niveau du secteur bancaire, l’année 2017 a été caractérisée en particulier par la poursuite des travaux de mise en œuvre des nouveaux instruments macroprudentiels préconisés par le comité de Bâle. Pour le marché des capitaux, les indicateurs de risque y afférents sont en cours de revue avec l’appui de la Banque mondiale. En ce qui concerne le secteur des assurances, le cadre analytique a été renforcé par la mise en place d’un dispositif de marco stress tests
Secteur des assurances : le risque d’une traversée de désert est loin derrière
En 2017, le secteur des assurances a réalisé un chiffre d’affaires de 38,7 Mds de DH, soit une hausse de 10,9% par rapport à 2016. Autre indicateur important est le taux de pénétration correspondant au rapport entre les primes émises et le PIB qui s’établit à 3,7%.
Avec un taux de pénétration de l’assurance situé à 3,7%, le secteur ne semble pas non plus vulnérable au risque d’une baisse du chiffre d’affaires. Toutefois et bien que ce taux dépasse celui des pays arabes, il reste en deçà des taux de pénétration enregistrés dans certains pays développés (France, OCDE). Un énorme potentiel reste à exploiter. L’assurance vie représente un gisement encore plus important.
« Bien que le niveau de la marge de solvabilité reste élevé (451 % à fin 2017)par rapport aux exigences réglementaires, cette marge ne couvre que le risque de souscription. Par conséquent, les excédents de marge seront amenés à diminuer si l’on tient compte des autres risques auxquels sont exposées les entreprises d’assurances », explique-t-on dans le rapport. En effet, le cadre prudentiel relatif à la Solvabilité Basée sur les Risques en cours de préparation, en application du dernier amendement du code des assurances, exige que la marge de solvabilité des entreprises d’assurances tienne compte de tous les risques auxquels ces entreprises sont exposées, ce qui permettra de renforcer leur résilience.
Un exercice de macro stress test a été réalisé sur un groupe d’entreprises représentant plus de 78% du total du marché d’assurance, avec un horizon des simulations de 2 ans couvrant les années 2018 -2019. Cet exercice, qui consiste à chiffrer les impacts des risques jugés significatifs pour le secteur des assurances, vise à évaluer la résilience des assureurs à des chocs exceptionnels émanant de l’environnement macroéconomique mais plausibles, et leur capacité à résorber ces chocs. Les résultats montrent que le secteur des assurances marocain maintiendrait sa résilience à l’horizon de 2019. Ils indiquent que le taux de couverture de la marge de solvabilité incluant les plus values latentes devrait, selon le scénario de base où les variables macro-économiques évolueraient dans des conditions normales, s’établir en moyenne entre 488% en 2018 et 462% en 2019. Toutefois, la détérioration des conditions économiques, telles que simulées dans le scenario extrême, devrait se traduire par une légère détérioration de ce taux pour atteindre en moyenne 435% en 2018 et 403% en 2019.