Malgré le soutien public, le secteur textile et cuir continue de souffrir de plusieurs maux notamment la prédominance de la sous-traitance, la faible diversification des partenaires commerciaux ainsi qu’une concentration des exportations sur quelques produits à faible valeur ajoutée. C’est ce qui ressort d’une analyse multidimensionnelle réalisée par l’Office des changes sur le secteur.
Etant l’une des principales industries manufacturières au Maroc, l’industrie du textile et cuir marocain occupe une place importante dans le tissu productif national de par sa contribution aussi bien aux exportations qu’à la valeur ajoutée.
Ainsi, le secteur emploi 17.000 personnes soit 22% des emplois industriels (entre 20214 et 2022), détient 10,3% de part des exportations de biens en 2022 et cumule 1,7 Md de DH de recettes des investissements indirects étrangers (entre 2010 et 2022).
Pour savoir comment se positionne le secteur dans l’échiquier international du textile habillement, l’Office des changes a réalisé une analyse multidimensionnelle des exportation du secteur textile et cuir au Maroc.
L’objectif de cette analyse examiner les caractéristiques du secteur textile et cuir à l’échelle mondiale et nationale afin de situer le secteur dans son environnement international ; apporter des éclaircissements sur le profil de l’offre exportable marocaine en matière de compétitivité et de productivité́ et tracer le profil des entreprises actives opérant dans le secteur textile et cuir à travers une analyse multidimensionnelle de leurs caractéristiques qualitatives.
Ainsi, il ressort de cette analayse que depuis l’année 2006, les échanges commerciaux du secteur s’inscrivent dans une tendance haussière pour atteindre 96,4Mds DH en 2022 contre une moyenne de 51,5Mds DH entre 2002 et 2005, soit un taux d’accroissement annuel moyen (TCAM) de 3,4% entre 2006 et 2022.
Cette tendance a été bénéfique aux importations plus qu’aux exportations. En effet, depuis 2007, le taux de couverture et le solde commercial s’inscrivent dans une tendance baissière, passant successivement de 149% et 11 Mds DH en 2006 à 93% et -3,7 Mds DH en 2022.
Le solde commercial devient, alors, déficitaire pour la première fois depuis 2019. En 2022, le déficit commercial s’établit à -3,7 Mds DH contre -5,4 Mds DH une année auparavant en allégement de 1,7 Md DH.
Au cours de la période 2002 – 2022, les importations du secteur passent de 21,4 Mds DH en 2002 à 50,1 Mds DH en 2022. Par régime, l’import en admission temporaire pour perfectionnement actifs sans paiement (ATPA sans paiement) dominait ces achats entre 2002 et 2011 (Part moyenne de 60,4%). A partir de 2016, les importations sous le régime « mise à la consommation » dépassent celles en ATPA sans paiement. En effet, leur part moyenne dans le total des importations se situe à 45,1% entre 2016 et 2022.
Il ressort également de cette analyse de l’Office des changes que les exportations marocaines du secteur textile et cuir ont enregistré un taux d’accroissement annuel moyen (TCAM) de 2,1% se situant à 46,3 Mds DH en 2022 contre 30,1 Mds DH en 2002.
En effet, au titre de la période 2014-2019, les ventes du secteur atteignent des niveaux records avec un pic enregistré en 2018 (40,3Mds DH).
Ces exportations régressent de 18,6% en 2020 suite aux répercussions de la crise sanitaire liée au Covid19 avant d’augmenter en 2021 de 15,3% et en 2022 de 22,6% pour se situer à 46,3 Mds DH dépassant les niveaux records précédemment enregistrés.
Par régime d’exportation, les ventes du secteur textile et cuir sont dominées par les réexportations en suite d’Admission Temporaire pour Perfectionnement Actif (ATPA) sans paiement.
En effet, ce régime représente en moyenne 67,3% du total des exportations de ce secteur entre 2002 et 2022. Néanmoins, au cours de cette période, la part de ce régime dans le total des exportations du secteur passe de 71% en 2002 à 66,6% en 2022.
L’ampleur de ce régime dans les exportations marocaines du secteur textile et cuir laisse apparaître l’importance de la sous-traitance dans la structure dudit secteur.
Quid de la compétitivité et de la productivité du secteur ?
L’analyse a fait ressortir que l’évolution de la part du marché des exportations du secteur « textile et cuir » à l’échelle mondiale sur la période 2002-2022, affiche une légère baisse passant de 0,57% en 2002 à 0,40% en 2022. A noter que la part de marché est parmi les indicateurs qui permet de mesurer le niveau de compétitivité extérieure d’un pays.
Ainsi cette évolution de la part de marché du Maroc au niveau mondial couvre une évolution mitigée de cette part sur le marché africain qui repart à la hausse et ce à partir de l’année 2002 passant de 0,2% pour s’établir à 0,5% à fin 2017. Cette part a baissé ensuite pour s’établir à 0,2% en 2022.
Pour le marché européen, la part de marché du Maroc s’est inscrite dans une tendance baissière le long de la période 2002-2022 se situant à 1,2% en 2022 contre 1,4% en 2002.
L’OC s’est également penché sur la question de la productivité de ce secteur au Maroc notamment à travers la mesure de la productivité du travail en termes de valeur ajoutée.
Ainsi au cours de la période 2010-2019, la valeur ajoutée du secteur textile et cuir demeure quasi-stable. Au titre de l’année 2020, cette valeur enregistre une baisse due aux effets de la crise sanitaire liée au Covid19 avant d’augmenter en 2021 et 2022 pour afficher un niveau similaire à celui de la période 2010-2019.
L’analyse des 2 indicateurs révèle que l’offre exportable de ce secteur peine à réaliser les résultats escomptés et assurer une montée en gamme de l’industrie marocaine du textile et ce malgré les efforts déployés.
Faut-il rappeler que le secteur a toujours bénéficié du soutien public à travers plusieurs programmes dont le plus récent est le « Plan de relance industrielle » 2021–2023.
L’étude confirme que le secteur souffre de la prédominance de la sous-traitance, la faible diversification des partenaires commerciaux ainsi qu’une concentration des exportations sur quelques produits à faible valeur ajoutée.