La réussite de l’opération de titrisation initiée par Label’Vie arrive à point nommé puisqu’elle donne un coup de projecteur sur la titrisation comme mécanisme de financement de ses ambitions de développement. Une opération qui intervient à l’heure où le régulateur a affiché son ambition de mener un plan d’accélération des solutions de financement des entreprises via le marché de capitaux.
La réussite de la deuxième opération de titrisation, pour lever 430,9 MDH, initiée par Label’Vie SA, arrangée par Maghreb Titrisation et placée par la BCP et CDG Capital est intéressante à plus d’un titre.
Portant sur la cession d’un portefeuille de 20 actifs immobiliers détenus par Label’Vie au Fonds de placements collectifs en titrisation «FT IMMO LV II» géré par Maghreb Titrisation, l’opération s’est clôturée le 26 août avec succès puisqu’elle a été intégralement souscrite. Ce qui témoigne d’un intérêt des investisseurs pour ce mécanisme de financement.
Elle intervient dans un contexte particulièrement difficile où les entreprises sont à l’affût de financement et où le secteur bancaire est sous tension pour les accompagner dans un environnement risqué et incertain, malgré la garantie de l’Etat. Dans ce sens, l’AMMC a affiché sa volonté de mener un plan d’accélération des solutions de financement des entreprises via le marché de capitaux. Mais également au niveau de l’Etat avec l’adoption de plusieurs textes réglementaires ouvrant la voie à des mécanismes innovants de financement comme le Crowdfunding, à titre d’exemple.
Elle est également intéressante en raison de l’ingénierie financière mise en place pour lever les 430 MDH auprès d’investisseurs institutionnels, ce qui met davantage la lumière sur d’autres financements en dehors du financement bancaire classique dont les entreprises marocaines restent friandes ou simplement parce que ces mécanismes de financement innovants restent méconnus malgré tous les avantages qu’ils présentent.
Mais un long chemin reste à parcourir au Maroc pour assurer une meilleure communication et une meilleure pénétration de ces solutions de financement sur le marché du financement largement dominé par le prêt bancaire. Sous d’autres cieux, le marché de capitaux est la principale source de financement des entreprises, comme c’est le cas aux USA le marché représente 80% des sources de financement des entreprises contre 20% seulement pour le secteur bancaire. Au Maroc, la tendance est inversée ce qui augure du travail à faire pour inverser la vapeur.
En somme, cette opération de titrisation braque les projecteurs sur l’enjeu de la titrisation, notamment d’actifs, pour les acteurs économiques en quête de développement sans passer inéluctablement par le circuit bancaire.
A cet effet, pour rester dans le domaine de la titrisation, Maghreb Titrisation offre une large palette de solutions de financement structuré à savoir la titrisation des créances nées et futures, la titrisation des actifs et l’émission des certificats de Sukuk.
L’avantage que présente ce genre d’opérations est qu’elles peuvent être initiées aussi bien par les entreprises privées que publiques (Comme l’opération initiée par l’ONEE en 2014), et permettent à d’autres investisseurs autres que les banques de souscrire avec la possibilité également de capter des investisseurs internationaux.
Sans oublier que ce type d’opérations dynamise la place boursière appelée à jouer pleinement son rôle dans ce contexte de Covid-19.
Pour revenir à l’opération de Label’Vie, les obligations de FT Immo LV II seront émises en deux tranches. Les obligations A1 (au nombre de 1059 pour 105,9 MDH) d’une maturité de 5 ans et remboursable in fine, ont été adjugées à un taux fixe de 3,26%. Et les obligations A2 (au nombre de 3250 pour 325 MDH) pour une maturité de 5 ans et remboursable in fine, ont été adjugées à un taux variable de 2,68 %. Soit un taux moyen de 2,97% pour l’ensemble de l’opération, ce qui relève l’optimisation du coût de financement que permet la titrisation comparativement à d’autres moyens de financement, tout en permettant aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles.
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