Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Depuis la réouverture des frontières entre le Maroc et l’Espagne et à l’approche du démarrage de l’opération Marhaba, la flambée des prix des billets de bateaux aiguise le débat. Des prix excessifs qui ne sont pas uniquement liés à la hausse du prix des carburants mais à une hausse de la taxe portuaire appliquée par les ports espagnols. Explications.
Plus que quelques semaines nous séparent du démarrage de l’opération Marhaba 2022. Une opération tant attendue par des milliers de Marocains qui s’impatientent de revenir au bercail. Cette année la traversée sera moins contraignante que les 2 dernières années et ce en raison, d’une part la réouverture des frontières entre le Maroc et l’Espagne après 2 ans de fermeture suite au rétablissement des relations bilatérales.
Et d’autre part, en raison de l’annulation de l’obligation de la condition du PCR lorsqu’on a un pass vaccinal pour accéder au territoire marocain depuis le 17 mai.
Un grand boulet et une charge financière en moins pour les familles marocaines qui appréhendaient le maintien de cette condition. A noter que pour une famille composée de 4 personnes, le budget pour les tests PCR peut atteindre plus de 4.000 DH.
Nonobstant, il reste encore une contrainte qui risque de peser sur le budget voyage des ressortissants Marocains mais également des Marocains qui souhaitent passer leurs vacances sur la rive nord de la méditerranée. Il s’agit de la flambée des prix de billets des Ferrys reliant le Maroc et l’Espagne.
Une flambée qui n’est pas uniquement due à la hausse des prix du pétrole à cause de la crise en Ukraine mais à une hausse des taxes portuaires appliquées au niveau des ports espagnols.
En effet, les taxes portuaires ont augmenté juste après la réouverture des liaisons maritimes entre le Maroc et l’Espagne pour s’établir à 39 euros de taxes (aller-retour) (27 euros taxes espagnoles et 9 euros taxes marocains) pour un passager au lieu de 10 euros et à 55 euros (aller-retour) par véhicule au lieu de 30 euros, nous explique un opérateur des agences de voyage à Tanger. Le billet aller-retour pour cette traversée revient donc à 60 euros pour un seul passager et à plus de 550 euros pour un véhicule avec 4 personnes.
« La raison de cette augmentation des taxes est que lors du lancement de l’appel d’offre pour le marché de la ligne Maroc-Espagne, FRS, dans un objectif de regagner la ligne, a proposé une offre plus alléchante que les autres compagnies en augmentant les taxes à 12 euros au lieu de 4 euros. Ce qui est à l’origine de cette flambée des prix en plus de la hausse du prix du gasoil », nous explique notre source.
Et d’ajouter que malgré la conjoncture internationale des prix des hydrocarbures, cette hausse reste excessive par rapport à la distance de la traversée. C’est donc à SFR de payer cette différence au lieu de l’imposer aux voyageurs.
Cette hausse impacte également l’arrivée des touristes qui venaient passer la journée à Tanger. « Le billet aller-retour pour les groupes était de 20 à 25 euros par personne alors qu’aujourd’hui il est passé à 60 euros. Ce qui explique l’absence de touristes espagnols à la journée à Tanger malgré la réouverture des frontières », nous explique notre source.
La flambée des prix des billets débarque au Parlement
La question de la flambée des prix de billet de la traversée par bateau entre le Maroc et l’Espagne a été soulevée lors de la session des questions-réponses à la Chambre des représentants.
La députée de l’USFP, Aicha El Gourgi, a interpellé la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor sur les freins qui entravent le décollage du tourisme dans notre pays. « On ne peut parler de relance du secteur du tourisme alors que les Marocains du monde et les touristes sont sous l’emprise des sociétés de transport aérien et maritime », a-t-elle martelé.
La députée a rappelé à la ministre que le prix d’un billet aller simple entre Tanger ville et Tarifa (39,1 km) pour un véhicule avec 3 personnes s’élève à 314 euros HT et à 276 euros pour la traversée entre Algésiras et Tanger Med (30 km).
Un prix excessif en comparaison avec la traversée entre Barcelone et Ibiza (287,1 Km) qui est de seulement 198 euros et de 139 euros entre Barcelona et Majorque (214,8 Km).
Malheureusement, la ministre n’a pas répondu à cette interpellation et s’est contentée de donner une réponse vague en rappelant que le Maroc accorde une grande importance aux Marocains du monde ainsi qu’au tourisme interne en menant une campagne nationale continue via les différents canaux digitaux pour promouvoir la marque Maroc « Ntla9awfbladna ».
Nous avons de notre côté contacté le ministère du Tourisme pour savoir si des mesures ou des actions sont prévues pour remédier à cette flambée surtout que nous sommes à la veille du lancement de l’opération Marhaba. Bien que les Marocains du monde attendent encore le remboursement des billets d’avions et de bateau de l’opération Marhaba 2021.
Au moment de mettre en ligne cet article, nous n’avions toujours pas reçu de réponses. Il faut dire aussi, qu’il relève de la responsabilité du ministère du Transport d’interpeller le gouvernement espagnol sur cette nouvelle donne qui pénalise les voyageurs à destination du Maroc mais aussi le secteur touristique national. A suivre !
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Je suis intéressé pour le voyage