Tout est parti de la question d’une journaliste lors de la rencontre organisée par la Fondation Fkih Tetouani, la semaine dernière à Rabat. La réponse de Nizar Baraka, le Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, sortie de son contexte créera un tollé sur la toile. Le SG de l’Istiqlal subit une vague sans précédent de dénigrement sur des propos… amputés.
En effet, interpellé sur la décision d’enseigner les matières scientifiques en français dès la rentrée prochaine, Nizar Baraka a estimé que c’est une erreur. Il n’en a pas fallu moins pour qu’il soit la cible d’une vaste campagne de critiques envers sa personne et envers son parti. Pourtant, il a émis un avis et a argumenté sa réponse par des éléments concrets : le premier concerne l’absence de la formation des enseignants qui assureront ce passage.
C’est une sérieuse problématique. Plus encore, les différents rapports sur l’éducation au Maroc sont unanimes : Seuls 21% des élèves savent lire et écrire et les bacheliers ont un niveau élémentaire. Une réalité connue de tous qui soutient que le problème n’est pas la langue de l’enseignement.
Le SG de l’Istiqlal, droit dans ses bottes, est revenu sur cette question lors de la rencontre organisée par le Cercle des économistes istiqlaliens cette semaine à Casablanca, pour dénoncer une instrumentalisation de ses propos dans cette campagne électorale lancée avant terme par certains partis. Tout en rappelant que son parti était favorable à l’alternance linguistique, il a estimé que la langue d’enseignement arrive après d’autres freins plus importants comme la qualité des programmes pédagogiques, la formation des ressources administratives dans les établissements publics et la formation des formateurs. Nizar Baraka rappelle une fois de plus ce que nous savons tous et qui est relevé par différentes études, notamment l’enquête sur les indicateurs de prestation de services en éducation en 2017 de l’ONDH qui dévoile des données accablantes sur les connaissances minimales des enseignants d’abord des matières qu’ils enseignent et leur connaissance en arabe et en français. Les scores sont tellement bas qu’il y a lieu de se poser des questions et concerter pour aboutir à un consensus sur cette réforme de l’enseignement au Maroc. « Mais nous avons la force de dire non », martèle Nizar Baraka sous les applaudissements des membres de son parti, qui depuis l’opposition ne cesse de faire de propositions concrètes à même de préserver le pouvoir d’achat et de redonner confiance dans l’économie, savamment ignorées par l’Exécutif, se plaint Baraka.
« Nous défendons ce Maroc de tous et surtout un projet de société commun. Il faut donner sa chance aux enfants issus du public pour trouver leur place dans la société et améliorer leur situation… seule l’école peut favoriser la mobilité et la mixité sociale à laquelle nous appelons », estime Baraka qui défend l’idée d’une société égalitaire.
Mais quoi de plus facile que d’attaquer un adversaire politique de taille et aussi redoutable que le PI que de le traîner sur le terrain du populisme ?
En effet, cette question de l’arabisation nourrit tous les fantasmes et réveille de vieux démons ; le pire est que les différents débats sur la question mettent à nu une méconnaissance de l’histoire du Maroc.
Au lieu de faire avancer le débat politique vers les questions prioritaires, l’on préfère amuser la galerie, alimenter la cacophonie… On s’arrête à un point et on oublie tout le reste qui est primordial pour le projet de société que nous voulons. Pourtant, tant de mesures décrites par le SG du PI, doté d’une formation et expérience solides en matière des questions économiques et financières méritent qu’on s’y attarde… Au lieu de s’attarder sur la question de l’enseignement à laquelle le Maroc a consacré tout un conseil !