Ecrit par Imane Bouhrara I
Il semblerait que la révision du Code de la famille soit achevée et que le nouveau code est effectif : conséquences, les jeunes ne veulent plus se marier, les divorces explosent, les époux dépouillés et les femmes kidnappent leurs enfants et filent à l’étranger, l’autorisation de quitter le territoire du père n’étant plus requise !
Bien évidemment tout ce qui précède est archi-faux, pourtant ce sont ces idées et cette déformation qui sont véhiculés depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux par des prétendus créateurs de contenus et des influenceurs au QI frôlant le noyau de la terre, puisqu’on ne peut imaginer un niveau de bêtise aussi profonde. Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.
Je ne vous parle pas ici de créateurs de contenus ayant comme crédo de s’intéresser à l’actualité, à la politique, au droit ou au sujet de sociétés qui in fine exercent un droit, celui de la liberté d’expression.
Mais de cancres, je ne peux que les qualifier ainsi, qui d’habitude s’intéressent aux sujets de buzz pour faire un petit pécule (sic) mais qui là, s’aventurent sur un terrain glissant puisqu’il s’agit véritablement d’une réforme à l’image de la société égalitaire à laquelle nous aspirons toutes et tous en conformité avec les constantes de la nation dont la religion d’État qui est l’Islam et dont le garant n’est autre que le Commandeur des croyants, SM le Roi Mohammed VI.
En effet, dans sa lettre adressée au Chef du gouvernement ce 26 septembre, le souverain comme il l’a affirmé à maintes fois en qualité d’Amir Al-Mouminine, « Nous ne pouvons autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé ».
D’ailleurs vu l’état actuel des choses et de la médiocrité du débat sur ce sujet, on en est à regretter le débat houleux sur la réforme de la Moudwana il y a plus de 20 ans. Car malgré le clivage entre différentes composantes de la société, le débat était de haute facture.
Aujourd’hui, il est malheureux de constater que ces cancres ont un large public qui croit dur comme fer toutes les conneries débitées sur les réseaux sociaux. C’est révoltant même, car ne pas aider ce public mis en déroute serait ne pas assister à une personne en danger.
Vous direz que c’est exagéré, allez regarder les contenus de prétendus conseils de santé et vous vous rendrez compte que souvent il en va de la santé publique et de la vie des gens. Et là ce n’est qu’un exemple.
Pis encore, cette révision du Code de la famille qui vise à remédier aux défaillances dans l’application judiciaire du texte et qui lèse particulièrement la fille et la femme, est attaquée par des femmes qui peut-être un jour se rendront-elles compte de l’importance de textes qui protègent les droits de la femme et des enfants et dont l’application judiciaire ne souffre d’aucun dysfonctionnement.
Il est admis que la liberté d’expression est droit immuable, mais il n’est pas admis de défendre le droit à la bêtise humaine. On peut s’opposer et critiquer tout texte de loi par conviction, par appréhension… mais par bêtise c’est à la limite du tolérable. Et la campagne menée actuellement contre la révision du Code de la famille est un véritable parasitage et ne respecte aucune éthique de l’information.
Certains veulent tourner la chose à la dérision mais dans la foulée ils véhiculent des idées dangereuses et des informations erronées. Là aussi on n’est plus dans le terrain de l’humour mais de l’abrutissement.
La révision du Code de la famille nous donne encore une fois l’occasion de jauger l’étendue des dégâts des réseaux sociaux sur une opinion publique victime de désinformation et de mauvaise influence.
Mais comme la nature a horreur du vide, quand les sages préfèrent garder le silence, ce sont les cancres qui investissent l’espace public.