Selon les Nations Unies, la demande en eau dépassera la production totale mondiale d’environ 40% d’ici 2030. En effet, 70% de l’exploitation mondiale est dirigée vers le secteur agricole, ce qui nécessite une quasi-amélioration des méthodes d’irrigation et d’arrosage et une revue rigoureuse du cadre juridique et légal d’exploitation des eaux.
Cependant, le Continent Africain, plus spécifiquement l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne connaissent des températures élevées et croissantes en raison du réchauffement climatique, et par conséquent devront se pencher davantage sur la gestion efficiente des ressources en Eau.
Par ailleurs, le World Resources Institute a indiqué que le Maroc connaîtra une pression d’eau très élevée à partir de l’horizon 2040. Le taux de perte des ressources en eau est estimé à 80% au cours des 25 prochaines années, et les signes de ces estimations ont commencé à apparaître. De ce fait, à fin Décembre 2023, le déficit hydrique au Maroc a atteint 70%, avant de revenir à un taux de 57% grâce aux dernières précipitations, quoi que éparpillées et mal réparties, que le Maroc a connue au cours de la deuxième semaine de janvier, permettant d’enregistrer un taux de précipitations de 81 mm, soit une baisse de 56% par rapport aux quatre dernières décennies (soit une moyenne de 184 mm sur les 40 dernières années).
En effet, et en raison des fluctuations climatiques au Maroc en l’occurrence la baisse des précipitations au cours des Quatre dernières saisons agricoles, le taux de remplissage des barrages a connu une très forte dégradation. Le pourcentage total de remplissage des barrages selon les neuf bassins hydrographiques du Royaume est d’environ 23% jusqu’au 23 janvier 2024.
S’agissant des eaux de surface du Royaume, elles sont estimées en moyenne annuelle à environ 18 milliards de mètres cubes, et elles sont principalement mobilisées à travers 149 barrages à travers le Royaume. Le taux de remplissage actuel des barrages mobilise seulement 3,7 milliards de mètres cubes sur le chiffre global de 4,18 milliards de mètres cubes et sur la base d’un taux de remplissage de 23,23% (5 milliards de mètres cubes ont été remplis l’année dernière avec un taux de remplissage estimé à 31,5%). Quant aux eaux souterraines, elles sont actuellement estimées à 3,9 milliards de mètres cubes et représentent 20% des ressources totales en eau, elles sont donc considérées comme une réserve stratégique qu’il faut préserver tout en évitant leur surexploitation.
Si la consommation nationale d’eau potable est actuellement estimée à 1,8 milliards de mètres cubes par an, ce chiffre représente 48,64% du total des eaux de surface mobilisées à partir des barrages et à travers les bassins. Et afin de faire face aux défis du stress hydrique auquel le Maroc est confronté, Sa Majesté le Roi a tenu en urgence une séance de travail au cours de laquelle a été approuvée le plan d’action d’urgence visant à faire face à la situation actuelle, et dans le but d’assurer la fourniture d’eau potable, en particulier dans les villes, provinces et villages qui souffrent de pénurie.
Ledit plan d’action comprend un ensemble de mesures à court et moyen terme que le gouvernement doit mettre en œuvre de manière appropriée et efficace, et dont les plus importantes sont :
– À court terme : mettre en place des équipements d’urgence pour le transport et l’approvisionnement en eau, ainsi que prendre des mesures pour restreindre l’utilisation de l’eau d’irrigation et réduire le débit de distribution chaque fois que la situation l’exige.
– A moyen terme : accélérer le rythme de réalisation des projets prévus, tels que les barrages en construction, les projets reliant les bassins du Sebou, du Bouregreg et de l’Oum Er-Rbia, le programme national des usines de dessalement de l’eau de mer, le programme de réutilisation des eaux usées traitées, et le programme d’économie de l’eau au niveau du réseau de transport et de distribution d’eau potable.
D’autre part, et sur la base des données du Plan National de l’Eau s’étendant entre 2020 et 2050, il convient de noter que le déficit hydrique passera de 1,4 milliard de mètres cubes en 2020 à 7 milliards de mètres cubes en 2050. De ce fait, nous parviendrons à un approvisionnement en eau dans la limite de 13 milliards de mètres cubes pour une demande de 20 milliards de mètres cubes. Par conséquent, la subvention pour chaque citoyen baissera à 500 mètres cubes par an à partir des années 2050.
Et sachant que 80% des terres agricoles (sur un total de 9 millions d’hectares) sont considérées comme des terres en jachère et qui dépendant directement des précipitations, et non pas des ressources en eaux souterraines ou de surface mobilisées à partir des barrages et puits, la situation sera très critique pour les agriculteurs qui exercent des activités de production sur ce genre de terres. De ce fait, la sécurité alimentaire constitue un défi majeur pour le Maroc et sur les décennies à venir.