Ecrit par Soubha Es-Siari I
Après une année de croissance atone suite à la conjugaison de plusieurs facteurs structurels et conjoncturels, 2024 pourrait être une année de reprise selon les pronostics des institutions nationales et internationales. Une reprise qui s’annonce difficile eu égard à tous ces vents contraires qui continuent de souffler.
2023 plie certes ses bagages mais elle reste déterminante pour faire des projections pour l’exercice 2024. Sur le plan mondial, la conjoncture a été marquée par la conjugaison de plusieurs évènements notamment la poursuite du conflit russo-ukrainien, l’éclatement de la guerre en Palestine et tout récemment l’attaque des Houtis dans la mer rouge.
Dans une pareille conjoncture, l’économie mondiale a évolué depuis le début de l’année de manière différenciée selon les pays et les régions. Si les USA ont confirmé leur résistance aux turbulences en cours, la Chine a fléchi et la cadence de son économie a été orientée à la baisse. Le fléchissement de l’usine du monde n’est surtout pas à négliger dans les perspectives économiques.
A travers son effet sur les exportations de certains pays, le ralentissement de la croissance en Chine pourrait avoir un impact réducteur des tensions sur les approvisionnements relevées par les enquêtes de conjoncture.
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L’Europe continue, quant à elle, de faire face à une inflation élevée, même si des signes d’apaisement se font de plus en plus sentir à la suite des politiques monétaires restrictives adoptées par les banques centrales face à la déferlante inflationniste.
Cette conjoncture empreinte d’incertitudes ne manque pas d’affecter le comportement des entreprises qui, globalement, s’attendent à un ralentissement de l’activité, notamment dans les secteurs de l’industrie et des services. Cette tendance à la baisse du rythme de progression de l’activité est observée également au niveau économies des pays émergents et en voie de développement.
Dans un contexte aussi atone, le profit de l’activité économique au Maroc s’apparente à celui de l’économie mondiale dans son ensemble. Comme annoncé par les conjoncturistes, la croissance baisse de rythme mais sans fléchir véritablement.
Le marché de l’emploi manque de dynamisme et la confiance des ménages est en net repli comme attesté par les derniers indicateurs du HCP et ce bien que l’inflation commence à se faire ressentir.
Au terme des neuf premiers mois de l’année, plusieurs secteurs d’activité ont connu des évolutions très positives et d’autres, à l’inverse, continuent de subir de fortes contractions de la demande, les forçant à réajuster leur cycle de production. « Ceci est le cas notamment du secteur industriel dans son ensemble dont la production a chuté de 3,5% malgré les accélérations qu’ont enregistrées certaines composantes comme les industries pharmaceutiques, celles de la fabrication de matériels de transports et de la fabrication des boissons qui ont affiché à fin septembre 2023 des accroissements respectifs de 28,5%, de 16,6% et de 11,8% », rappellent les analystes du CMC. Les activités de services ont également connu une forte reprise à la faveur, notamment, du redressement du secteur du tourisme qui a affiché des résultats exceptionnels, après la forte contraction causée par la crise sanitaire.
Enfin, le secteur agricole qui constitue l’un des principaux moteurs de la croissance de l’économie nationale continue de traverser une période difficile en raison de la persistance des conditions climatiques très contraignantes mais aussi des incertitudes qui planent sur l’économie dans son ensemble.
En dépit de la conjugaison de l’ensemble de ces éléments, la reprise devrait se confirmer en 2024 et 2025 pour atteindre respectivement 3,1% et 3,3% suite au comportement prévisible de la demande intérieure qui se remet progressivement des chocs susentionnés. Il s’agit plus précisément d’une reprise financée par de la dette.
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