Participant à la 23ème édition de la conférence de l’ASFIM sous le thème « la gestion d’actifs, vecteur de mobilisation de l’épargne pour un meilleur développement de l’Afrique », la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah a mis l’accent sur l’industrie marocaine des OPCVM et le rôle qu’ils jouent dans le développement du marché financier marocain.
Elle a rappelé qu’à fin 2022, les OPCVM détiennent 34% de l’encours des Bons du Trésor et 60% de l’encours de la dette privée. Les OPCVM contribuent ainsi au financement des besoins du Trésor et participent au financement des politiques publiques sociales et sectorielles en plus des besoins des agents économiques favorisant la canalisation de l’épargne vers l’investissement.
La ministre n’a pas manqué de rappeler les réformes structurelles engagées dans le marché des capitaux et ce dans le cadre d’une stratégie de développement intégrée, préparée en concertation avec l’ensemble des parties prenantes du marché. Ces réformes ont permis notamment :
- Le renforcement de la stabilité financière avec notamment l’octroi de pouvoirs et de moyens d’intervention et de coordination accrus aux autorités de supervision ;
- L’approfondissement du marché des capitaux et la diversification des instruments de financement offerts aux émetteurs et aux investisseurs : je parle d’OPCVM, d’OPCI, d’OPCC, d’instruments de titrisation, des obligations sécurisées, des sukuks, des project bonds, du crowdfunding lancé récemment et la mise en place des produits dérivés (marché à terme).
- Le positionnement régional et continental du marché des capitaux à travers la création de « Casablanca Finance City » comme place financière à portée africaine.
Quant aux OPCVM, la ministre a rappelé que ce segment bénéficie d’un accompagnement continu et ce depuis son lancement au début des années 90.
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« Le processus de réformes le concernant se poursuit avec le projet de refonte de la loi relative aux OPCVM avec pour principal objectif le développement de l’industrie au service de la mobilisation de l’épargne pour accompagner le développement économique du pays », a-t-elle poursuivi.
Ce projet de refonte de la loi permettra ainsi de hisser le dispositif juridique régissant cette industrie aux meilleurs standards internationaux, conformément aux principes de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, et ce à travers une série de dispositions qui permettront dans la continuité du cadre actuel de renforcer la protection des porteurs de titres, de mieux encadrer l’exercice de l’activité de gestion d’OPCVM et de renforcer les moyens d’intervention de l’AMMC en matière de contrôle, a ajouté la ministre.
Elle a précisé que les grandes nouveautés du projet de refonte de la loi concerneront :
- l’opérationnalisation de la cotation des OPCVM à la bourse des valeurs de Casablanca dans un compartiment distinct dédié à la négociation des fonds collectifs,
- la revue des critères de classification des OPCVM ce qui rendra possible l’adoption de règles de fonctionnement allégées pour les OPCVM réservés aux investisseurs qualifiés et la mise en place d’OPCVM participatifs pour étoffer l’offre et drainer plus de capitaux.
Cette refonte, selon Fettah, va certainement ouvrir des relais de croissance de cette industrie. Il revient aux acteurs de la gestion d’actifs de tirer profit des nouvelles opportunités que celle-ci offrira.
La ministre a toutefois tenu à rappeler les quatre considérations qui devraient être prises en compte pour le développement futur de cette industrie à savoir :
- Le développement du secteur nécessite de renforcer les actions d’éducation financière qui est un levier majeur de développement. Les acteurs de l’industrie avec l’ASFIM devraient renforcer les actions de communication, y compris vis-à-vis du grand public, pour sensibiliser sur le fonctionnement des marchés financiers et les avantages de la gestion d’actifs et de l’épargne collective.
- L’adaptation des circuits de distribution à l’ère de la digitalisation pour mieux informer mais également pour mieux distribuer.
- La croissance du marché des OPCVM fera que les risques liés vont certainement croitre et notamment avec l’adoption des nouvelles innovations financières. Cette situation appelle une attention particulière de notre part à tous. Les dispositifs de surveillance de la gestion collective et les dispositifs de contrôle interne et des risques des gestionnaires de portefeuille sont appelés à être continuellement renforcés.
- et comme vous le savez, la gestion d’actifs prend de plus en plus de volume en Afrique et ne manquera pas d’aiguiser l’appétit des grands gestionnaires d’actifs mondiaux et la question légitime que l’on devrait tous se poser est celle de savoir comment les acteurs africains peuvent et doivent se positionner pour en tirer profit.