Ecrit par Soubha Es-Siari |
Après la formation du prochain gouvernement, ses membres doivent s’atteler illico sur les priorités économiques et sociales qui plombent la croissance d’une économie très malmenée par la crise sanitaire.
Au-delà des chantiers pressants contenus dans le nouveau modèle de développement devant servir de feuille de route à horizon 2035, le prochain gouvernement est amené en parallèle à honorer ses engagements électoraux et Dieu seul sait comme ils sont nombreux. Faute de quoi, il risque d’être décrédibilisé auprès des citoyens qui ne manqueront pas de le faire savoir sur la toile. Autrement dit, il s’agit de promesses (pour ne pas dire élucubrations !) qui, si elles ne sont pas tenues, risquent de se transformer en boulet pour leur initiateur.
En lisant le programme du RNI, il est écrit noir sur blanc qu’il sera question d’améliorer la formation des enseignants et augmenter leurs salaires en début de carrière à 7.500 DH mensuels nets (vs 5.000 DH actuellement). Mais ce n’est là que l’arbre qui cache la forêt.
Il est aussi question de les accompagner durant tout leur parcours, en évaluant régulièrement leurs compétences. Bien que vu le coût de la vie, un salaire de 7.500 DH est loin d’être un exploit, il reste quand même une initiative très louable de la part du milliardaire Aziz Akhannouch souhaitant revaloriser la situation des professeurs.
Encore faut-il que la hausse du salaire se répercute sur la qualité de l’enseignement et le niveau des élèves. Pour cela, elle doit être accompagnée par de mesures de suivi concret. Sinon, elle serait comme un coup d’épée dans l’eau pour les enseignants qui au lieu d’améliorer le niveau des élèves au sein des classes, préfèrent continuer à prodiguer des cours à l’extérieur de l’établissement sous forme d’heures supplémentaires qui rapportent nettement plus de 2.500 DH par mois.
Nonobstant, au-delà du salaire, le chef de gouvernement ne doit pas perdre de vue que le secteur de l’éducation, budgétivore au passage, souffre de plusieurs maux qui empêchent les éducateurs d’accomplir leur mission dans de bonnes conditions et qui grèvent le rôle d’ascenseur social qu’est censée être l’école marocaine. A commencer par la qualité de la formation des enseignants eux-mêmes.
A rappeler que la compétitivité du Maroc passe par un niveau des élèves conforme pour assurer les métiers de demain. Au-delà des salaires de professeurs, il est temps de s’attarder également sur les priorités du secteur de l’éducation qui conditionne toute l’économie. Notamment d’accorder à l’école les moyens éducatifs dont elle a besoin pour aider les professeurs à accomplir leur travail. C’est pour dire à Aziz Akhannouch que le problème de l’éducation ne se résout nullement par une hausse stricto sensu des salaires.
D’aucuns diraient qu’il serait facile voire aisé de dire que le salaire serait de tant, mais il ne faut pas non plus occulter que derrière il y a toute l’équation budgétaire. Le chef de gouvernement ne peut donc desservir des salaires de 7500 DH aux nouvelles recrues et laisser les anciens professeurs avec des salaires de 5.000 DH. Une mise à niveau globale serait donc nécessaire pour éviter la frustration du reste du corps enseignant.
On ne peut nier qu’il y a un retard à rattraper en la matière parce que les professeurs sont mal payés en début de carrière. Ils sont très en deçà de la moyenne de l’OCDE. Le benchmark fera même rougir les précédentes équipes aux manettes, mais la solution idoine est de mener une réforme globale et savoir combien cela peut coûter au budget de l’Etat.
Dans sa dernière sortie devant la Chambres des représentants, le ministre de l’Economie et des Finances Mohamed Benchaâboun en étalant les défis et les contraintes liées à l’élaboration du PLF 2022, a fait savoir que cela nécessite une enveloppe de 21 Mds de DH. La santé et l’éducation à elles seules réclament 1,8 Md de DH. Trouver les 21 Mds de DH dans un pareil contexte ne sera pas de tout repos.
Pis encore, pour tenir les promesses, il faut refaire les calculs voire faire de la gymnastique budgétaire. Pour cela le gouvernement a intérêt à être très en forme !