Le dernier rapport de la Banque mondiale du mois de juin sur les perspectives mondiales tire la sonnette d’alarme sur la montée des dettes publiques qui suscite de plus en plus d’inquiétudes essentiellement chez les pays à revenus intermédiaires. Pour faire face aux besoins sans cesse croissants et être au rendez-vous à l’échéance 2030, date de réalisation des Objectifs de développement durable, un bon nombre de ces pays ont emprunté à tour de bras.
Le gonflement de l’endettement s’explique par la nécessité de financer des projets porteurs de croissance, tels que des investissements dans l’infrastructure, la santé et l’éducation. De ce fait, les besoins sont immenses. D’après les estimations de la Banque mondiale, les pays à revenu faible et intermédiaires doivent mobiliser entre 640 et 2.700 milliards de dollars par an.
Des emprunts qui se sont traduits par une érosion des ratios d’endettement. La dette de ces pays a grimpé en moyenne de 15 points de pourcentage en 2018, pour atteindre 51% du PIB.
L’institution de Bretton Woods insiste sur le fait qu’un endettement excessif n’est pas exempte de risques. Bien au contraire. Même si les taux d’intérêt sont bas, la dette publique peut atteindre des niveaux insoutenables. « Quand un État doit consacrer une grosse part de son budget au service de la dette, ce sont autant de dépenses qui ne sont pas allouées à d’autres secteurs importants. Une dette publique élevée peut aussi laisser penser aux investisseurs et aux consommateurs que les autorités augmenteront à terme les impôts en vue de juguler les déficits, avec pour conséquence de brider les dépenses des entreprises et des ménages. Enfin, dans les cas extrêmes, le surendettement conduira à un défaut de paiement et à la nécessité d’un plan de sauvetage », expliquent les rédacteurs du rapport.
Répondre à partir de quand l’endettement est considéré comme excessif s’avère un peu délicat. Un gouvernement avec une situation budgétaire plus incertaine devra se montrer plus vigilant et s’efforcer d’accroître ses recettes.
En cause, cela dépend des capacités financières de chaque Etat. Un gouvernement avec un bilan financier solide pourra ainsi considérer qu’il a intérêt à recourir à l’emprunt pour doper la croissance. En revanche, un pas qui connait une situation budgétaire plus incertaine devra se montrer plus circonspect et s’efforcer d’abord d’accroître ses recettes.
En réalité, c’est à chaque État qu’il incombe de trouver le juste milieu. Un gouvernement avec un bilan financier solide pourra ainsi considérer qu’il a intérêt à recourir à l’emprunt pour doper la croissance. En revanche, un pays qui connaît une situation budgétaire plus incertaine devra se montrer plus circonspect et s’efforcer d’abord d’accroître ses recettes.
A ce titre David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale exhorte les gouvernements à engager impérativement des réformes structurelles pour améliorer l’environnement des affaires et attirer des investissements. Ils doivent également faire de la gestion transparente de la dette l’une de leurs priorités de sorte que ces nouvelles ressources contribuent effectivement à la croissance et à l’investissement.
Le Maroc n’est pas exclu. Avec un taux d’endettement oscillant autour de 64% du PIB, les pouvoirs publics sont appelés à plus de vigilance afin de ne pas atteindre des niveaux beaucoup plus inquiétants qui risquent de prendre en otage la croissance économique. Il est utile de rappeler que le remboursement de la dette (principal et intérêt) prive l’Etat en question d’investir dans des secteurs porteurs à forte valeur ajoutée. Pis encore, la dette quand elle n’est pas utilisée à bon escient détériore davantage la situation économique du pays.