La Cour des comptes dans son dernier rapport 2022-2023 insiste sur la nécessité d’accélérer l’engagement effectif dans la réforme structurelle du système de retraite, en soulignant que tout retard dans cette réforme complique la situation dudit système et accroît les risques qui pèsent, de plus en plus, sur le budget de l’État à moyen et long terme.
Le besoin de financer le déficit budgétaire a conduit au recours croissant à l’endettement, tant au niveau intérieur qu’extérieur. En conséquence, les ressources d’emprunt ont été mobilisées, entraînant une hausse de la dette du Trésor à environ 951 milliards de dirhams en 2022, soit une augmentation de 66 milliards de dirhams par rapport à 2021.
« Cette situation s’est traduite par une hausse du taux d’endettement, qui a atteint 71,6% du PIB en 2022, contre 69,5% en 2021, marquant ainsi un recul relatif par rapport à la baisse enregistrée en 2020 et 2021 au niveau dudit taux (passant de 72,2% à 69,5%) », annonce la Cour des comptes dans son dernier rapport.
Ces indicateurs pourraient signaler le début d’un nouveau cycle d’aggravation de l’endettement. À l’instar du déficit budgétaire, le taux d’endettement reste loin des objectifs fixés dans le cadre de la programmation budgétaire pluriannuelle, visant à contenir ce taux dans les limites de 69,5% du PIB.
Il convient de noter, à cet égard, les changements survenus dans les conditions de financement, tant au niveau national qu’international, caractérisées par une hausse des taux d’intérêt. Cette augmentation constitue une charge supplémentaire pour le budget, s’ajoutant à l’orientation des investisseurs vers les obligations à court terme, ce qui accroît les risques de refinancement.
Si l’année 2022 a été marquée par un contexte difficile en raison des difficultés susmentionnées, la situation économique a imposé, en 2023, un grand défi à l’économie nationale et aux finances publiques en raison du séisme d’Al Haouz, qui a touché plusieurs régions de notre pays entrainant des besoins urgents et d’autres à moyen et long terme, qui augmentent la pression sur les finances publiques.
Il s’agit, en particulier, de la nécessité de mobiliser 120 Mds de DH, sur une période de cinq ans, pour la reconstruction et la réhabilitation, tant sur le plan économique que social, des zones touchées. Ces besoins s’ajoutent à ceux liés aux grands chantiers et projets, à l’investissement dans la fourniture d’eau, aux projets de transition énergétique et à la couverture des engagements gouvernementaux dans les domaines sociaux, notamment dans le chantier de la protection sociale. De plus, il demeure essentiel de poursuivre le soutien budgétaire des prix des produits de base, compte tenu de la situation actuelle de l’inflation et de son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens.
En tenant compte de ces contraintes, il devient urgent de mobiliser des ressources supplémentaires et de recourir à des formes de financement innovantes, ainsi que de poursuivre et d’accélérer la mise en œuvre des réformes majeures susceptibles de dégager des marges de manœuvre importantes pour répondre aux besoins susmentionnés.
Parmi ces réformes essentielles figure la refonte du système fiscal, qui peut constituer un levier essentiel pour mobiliser des ressources supplémentaires en exploitant de manière optimale les capacités fiscales dans un cadre garantissant l’équité fiscale. Dans le même contexte, la réforme du secteur des entreprises et des établissements publics représente un changement structurel susceptible d’améliorer leur rendement et leur contribution au financement du budget de l’État. De plus, la réforme du système d’investissement constitue un enjeu majeur pour améliorer les taux de croissance et, par conséquent, générer davantage de ressources au budget de l’État, face aux exigences croissantes.
Par ailleurs, le contexte actuel exige une rationalisation accrue des dépenses, en les orientant vers les secteurs les plus prioritaires et en assurant un suivi permettant de garantir la réalisation des objectifs fixés et leur révision régulière.
En relation avec les contraintes auxquelles est confrontée la finance publique, il convient de souligner les problématiques majeures liées à la pérennité des fonds de retraite. Malgré son caractère urgent, ce chantier n’a pas connu de progrès depuis la réforme paramétrique de 2016 même si le gouvernement avait déjà annoncé son intention d’entamer cette réforme structurelle au cours du premier semestre de 2023. À cet égard, la Cour insiste sur la nécessité d’accélérer l’engagement effectif dans la réforme structurelle du système de retraite, en soulignant que tout retard dans cette réforme complique la situation dudit système et accroît les risques qui pèsent, de plus en plus, sur le budget de l’État à moyen et long terme.