Feu la politique hétérodoxe du président Erdogan: la banque centrale turque a de nouveau relevé jeudi de cinq points de pourcentage son principal taux directeur, désormais fixé à 30%, pour tenter d’endiguer une inflation en plein rebond.
Ce taux, plafonné à 8,5% en juin, atteint désormais un niveau inconnu depuis 2003 en Turquie, pays en proie à une sévère crise économique.
Reconnaissant que « l’inflation a été supérieure aux attentes en juillet et août » en raison notamment de la flambée des prix du pétrole, la banque centrale turque annonce de nouveaux relèvements des taux dans les mois à venir, « jusqu’à une amélioration significative des perspectives d’inflation ».
Mais cette hausse attendue — la quatrième de suite — est encore jugée insuffisante par beaucoup: l’inflation s’est accélérée à 58,9% sur un an en août après avoir reflué à 38,2% en juin, repartant vers les sommets d’octobre 2022 (85,5%), bien au-delà du niveau des taux accordés aux particuliers.
« Très bonne décision de la part de la banque centrale turque. N’oublions pas qu’ils ont désormais augmenté les taux d’un montant cumulé de 2.150 points de base même si avec l’inflation (…) les taux d’intérêt réels restent très fortement négatifs », a souligné l’économiste Timothy Ash, de BlueBay Asset Management.
Une hausse aussi forte des taux directeurs relevait pourtant de la science-fiction il y a encore cinq mois: le président Recep Tayyip Erdogan, alors en campagne pour sa réélection, continuait de soutenir la baisse des taux directeurs, privilégiant la croissance et l’emploi à la stabilité des prix. (Avec AFP)