Evaluer l’action de l’Exécutif tout au long de 2020, année de crise sanitaire voire économique serait un effort vain. L’idéal est de tirer les enseignements nécessaires pour remédier aux lacunes et défaillances ayant éclaté au grand jour.
A quelques encablures de la fin de l’année 2020, toutes les forces vives de la nation se projettent dans l’année 2021 en espérant des jours meilleurs. Et comment ? Tout au long de l’année 2020, l’ensemble des compteurs ont été réinitialisés subissant de plein fouet l’impact de la pandémie. Tous les secteurs ou presque ont été affectés durement par les vents contraires qui ont soufflé des mois durant.
Le social, parent pauvre, des politiques publiques, a vu ses droits bafoués en matière de protection sociale et les revenus s’amenuiser comme peau de chagrin. Pris au dépourvu, le gouvernement a joué au sapeur-pompier pour venir à la rescousse d’une économie comateuse et d’une société plus que jamais vulnérable.
Pour ce faire, l’argentier du Royaume s’est endetté à tour de bras franchissant à la hausse le seuil du taux prévu initialement dans la Loi de Finances 2020. La Banque Centrale a revu à deux reprises à la baisse le taux directeur pour réchauffer les moteurs espérant enclencher une réelle dynamique économique.
Bref tous les acteurs économiques chacun dans son domaine, ont essayé de faire de leur mieux pour éviter le scénario catastrophe. Tous les codes jusque-là sacrés sont bousculés pour limiter l’ampleur des dégâts.
Au fil des jours, le gouvernement guette le moindre danger et ajuste son fusil d’épaule pour tirer chaque fois qu’il est nécessaire. Il est conscient que dans cette situation inédite, il ne faut surtout pas baisser la garde au risque d’être dépassé par la cadence des évènements.
Face à cette dure réalité, au moment où certains louent les efforts déployés et la manière dont est gérée la crise, d’autres titrent à boulets rouges sur l’équipe aux manettes à cause de la défaillance sanitaire, de l’explosion du chômage, de l’accroissement de la population vulnérable, de la crise d’endettement… et d’autres casseroles que va traîner l’économie marocaine et qui vont hypothéquer les années futures. Ils réfutent catégoriquement que la reprise sera au rendez-vous en 2021. D’après eux, les chiffres sont là et sont têtus et donc inutile de se faire des illusions.
A notre humble avis, la question déterminante qui se pose, aujourd’hui à quelques jours certes de la fin de 2020 mais pas de la pandémie, n’est pas d’évaluer à juste mesure le bilan de l’Exécutif durant cette année de crise sanitaire qui a secoué même les pays les plus nantis mais de lister les enseignements nécessaires à tirer et Dieu seul sait comme ils sont nombreux.
Santé et Education : les deux mamelles
Dans ce sillage, il est important de relever que le principal enseignement tiré de cette crise est qu’il est déterminant d’investir les deux mamelles de l’économie à savoir la Santé et l’Education.
En matière d’enseignement, la crise a remis en cause les capacités des établissements en termes d’infrastructures. Elle a mis en évidence l’importance systématique du « digital » et les plateformes numériques dans le contenu et le contenant pédagogique. La nécessité d’une adaptation même des modèles actuels de financement de l’éducation se pose avec acuité. C’est le cas pour l’université publique.
Pour ce qui est de la santé, le Maroc souffre de plusieurs tares et pas des moindres. Le Maroc a bien compris que si la « bonne Santé » peut coûter cher à la société, la « mauvaise Santé » ou la perte de Santé impactent de façon directe et négative l’économie de toutes les sociétés, quels que soient leurs niveaux de développement et d’industrialisation. La Covid-19 en est la parfaite illustration.
Le rapport de la Banque Mondiale publié en juillet 2020 a bel et bien démontré, chiffres à l’appui, comment une crise sanitaire s’est transformée en crise économique, mettant les budgets publics, les ménages et le secteur privé sous pression, avec pour conséquence la récession économique de la quasi-totalité des pays, dont les plus industrialisés.
Dans le milieu de la santé, on parle même de la possibilité de la mise en place de plateformes pour le développement des vaccins au Maroc suite à une coopération avec des sociétés internationales.
Au-delà même des deux secteurs névralgiques, la crise a mis en évidence les écueils d’un Maroc à deux vitesses, la fragilité de pans entiers de l’économie, la dangerosité de l’informel, la prépondérance des TPME dans le tissu économique… C’est pour dire que le pays souffre de plusieurs maux et que décrire la situation en quelques mots est une tâche des plus ardues.
La crise a par ailleurs dévoilé au grand jour notre dépendance vis-à-vis de l’étranger. Cette dépendance a malheureusement un coût exorbitant qu’est le déficit structurel de la balance commerciale et son impact sur la balance des paiements.
Le Maroc a signé aveuglément des accords de libre-échange dont il ne tire pas profit, preuve en est, ils sont valeur aujourd’hui déficitaires. En pleine crise économique, il cherche éperdument son autonomie en souhaitant substituer la production locale à l’import.
On ne peut conclure sans aborder la recherche & développement qui reste trop faible et qui est mise à nu par la crise sanitaire.
Etre exhaustif en listant les enseignements que le Maroc pourrait tirer de cette crise serait une pure illusion tellement ils sont nombreux.
Le Maroc a tout l’intérêt à tirer les enseignements qu’il faut de cette crise sanitaire qui n’est certainement pas la dernière. Il faut mettre les bouchées doubles pour parachever les réformes et dépoussiérer les textes de loi qui jaunissent dans les tiroirs.
Autrement, le Maroc continuera à boucher les trous à l’éclatement de chaque crise, à être à la merci des bailleurs de fonds, à s’approvisionner à l’étranger… et de croiser les doigts le temps que ça passe.