Ecrit par S. Es-Siari |
Si l’on se fie aux premières enquêtes de conjoncture de l’exercice 2023 publiées aussi bien par le HCP que par Bank Al-Maghrib, les perceptions des opérateurs de l’activité économique semblent s’améliorer. Ces perceptions ayant pour toile de fond une légère embellie des conditions générales de l’économie sont-elles justifiées ?
Les enquêtes publiées aussi bien par BAM que par le HCP révèlent que les conditions économiques se sont légèrement améliorées. Elles ont du coup nourri de l’espoir chez les opérateurs économiques malmenées par les crises sévères se succédant.
Par secteur d’activité, il ressort selon lesdites enquêtes de perception que les entreprises de l’industrie manufacturière s’attendent à une augmentation de leur production. Ces anticipations seraient attribuables, d’une part, à une hausse de l’activité de l’« Industrie alimentaire », de la « Métallurgie » et de la «Fabrication d’équipements électriques» et, d’autre part, à une diminution de celle de l’ «Industrie chimique» et de la « Fabrication de machines et équipements ».
S’agissant des anticipations en matière de l’emploi, les industriels prévoient globalement une stabilité des effectifs employés. A titre d’exemple, concernant l’industrie extractive, les entreprises de ce secteur prévoient une hausse de leur production pour le 1er trimestre 2023.
Cette évolution serait imputable principalement à une augmentation de la production des phosphates. Au niveau des effectifs employés, les patrons de ce secteur prévoient une diminution.
La production énergétique attendue pour le 1er trimestre 2023, connaîtrait une baisse attribuable au recul de la « Production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné ». Pour ce qui est de l’emploi, il connaîtrait une baisse des effectifs.
Pour la même période soit le 1er trimestre, les entreprises de l’industrie environnementale anticipent une stabilité de la production notamment dans les activités du « Captage, traitement et distribution d’eau » et une stabilité des effectifs employés.
En ce qui concerne le secteur de la construction et du BTP, Les anticipations avancées par les chefs d’entreprises du secteur de la Construction, pour le 1er trimestre 2023, font ressortir, globalement, une stabilité de l’activité. Cette évolution résulterait, d’une part, de la hausse d’activité attendue dans la branche de la « construction de bâtiments » et, d’autre part, de la diminution d’activité prévue au niveau de la branche des « Travaux de construction spécialisés ». Cette évolution dans le secteur de la construction serait accompagnée par une stabilité des effectifs employés.
Les anticipations des chefs d’entreprises du secteur des services marchands non financiers, pour le 1er trimestre 2023, révèlent une hausse de l’activité globale, selon une majorité d’opérateurs du secteur. Ces anticipations seraient dues, d’une part, à la hausse de l’activité prévue dans les branches de l’« Entreposage et services auxiliaires des transports », des « Transports terrestres et transport par conduites » et de la «Programmation, conseil et autres activités informatiques» et, d’autre part, à la baisse prévue dans les « Activités de poste et de courrier ».
S’agissant enfin du secteur du commerce de gros, les anticipations des acteurs du secteur font état d’une stabilité dans le volume des ventes globales. Cette évolution serait principalement attribuable, d’une part, à la hausse prévue des ventes dans le « Commerce de gros de biens domestiques » et le « Commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants» et, d’autre part, à la baisse prévue des ventes dans le «Commerce de gros d’autres équipements industriels» et le « Commerce de gros de produits alimentaires, de boissons et de tabac ».
Des incertitudes à ne pas minimiser…
Ces pronostics globalement favorables de l’économie nationale ne doivent pas occulter les incertitudes qui pèsent au niveau international (poursuite de la guerre en Ukraine notamment) et leur impact sur un certain nombre de paramètres, à savoir les cours des matières premières ou encore la demande adressée au Maroc et qui peuvent, en cours d’année, redessiner les contours de la croissance de l’économie.
De la même manière que l’augmentation de l’inflation, le resserrement de la politique monétaire ou l’augmentation de l’endettement pourront entraver la concrétisation de cette performance.
Aussi, les pouvoirs publics doivent rester vigilants, proactifs et veiller à prendre les mesures de correction qui s’imposent afin de soutenir l’activité économique dans sa globalité. Autant dire que le défi n’est pas encore relevé tant que le vent d’incertitude souffle encore.
Autrement dit, le rôle de l’état va prendre une place prépondérante dans la gestion, la régulation, et l’accompagnement de l’économie. Les secteurs sociaux devront bénéficier davantage d’une attention particulière de la part des politiques, les opérateurs économiques devront s’accommoder d’un mouvement inflationniste continu et assez vif et supporter un déséquilibre latent du marché du travail.
L’aggravation des déficits budgétaires à un niveau relativement moyen ne dérangerait plus personne et l’endettement public serait vu comme un levier de développement au lieu d’une contrainte à la politique budgétaire.
Lire également : Industries : des anticipations mi-figue, mi-raisin pour le 1er trimestre 2023