Ecrit par la Rédaction I
Tout l’écosystème de l’’industrie des OPCVM a été réuni par l’Association des Sociétés de Gestion et Fonds d’Investissement Marocains (ASFIM) lors de l’édition 2023 de sa grande conférence sous le thème « la gestion d’actifs, vecteur de mobilisation de l’épargne pour un meilleur développement en Afrique ». L’occasion de faire le point sur une activité vieille de près de trois décennies qui aujourd’hui est en quête de nouvelles ambitions pour renforcer la mobilisation de l’épargne en faveur du financement de l’économie.
Comment faire de la gestion d’actifs au Maroc, une référence à l’échelle du continent et d’ériger le Royaume en hub régional, à même de capter l’épargne régionale et d’attirer les investisseurs qui souhaitent intégrer le marché africain ? Telles sont quelques ambitions dévoilées ce 31 octobre à Casablanca par l’ASFIM à l’occasion de l’édition 2023 de sa grande conférence. L’occasion de faire un bilan d’étape de l’activité vieille de 30 ans et qui a été fortement challengée ces dernières années notamment dans un monde polycrises.
Avec 570 Mds de DH d’actifs sous gestion, une épargne mobilisée représentant 45% des dépôts bancaires et 40% du PIB national, la gestion d’OPCVM est devenuE progressivement un pilier dans le financement de l’économie avec près du 1/3 de la capitalisation flottante au niveau de la Bourse de Casablanca, près de la 1/2 des Bons du Trésor et de la dette privée en circulation, et une participation de 40% en moyenne aux introductions en bourse, rappelle Réda Hilali, le président de l’Asfim.
« Bien que ces chiffres soient édifiants, ils ne peuvent résumer à eux seuls le rôle que joue notre industrie. Car le succès de la gestion d’OPCVM repose d’abord et avant tout sur la confiance », soutient-il.
C’était donc un véritable brainstorming auquel l’ASFIM a convié tous les acteurs de l’écosystème ainsi que des experts internationaux.
A commencer par le cadre réglementaire. Dans ce sens, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a annoncé que le projet de refonte de la loi OPCVM permettra de hisser le dispositif juridique régissant cette industrie aux meilleurs standards internationaux, conformément aux principes de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, et ce à travers une série de dispositions qui permettront dans la continuité du cadre actuel de renforcer la protection des porteurs de titres, de mieux encadrer l’exercice de l’activité de gestion d’OPCVM et de renforcer les moyens d’intervention de l’AMMC en matière de contrôle.
Dans le même sillage, Nezha Hayat, la présidente de l’AMMC a soutenu que cette nouvelle Loi, bien plus qu’un simple amendement, constituera un saut qualitatif certain tant pour les investisseurs que pour les gestionnaires puisqu’elle permettra de renforcer la régulation de l’industrie de gestion d’OPCVM, d’en accroître la solidité et la pérennité, et offrira aux gestionnaires le cadre dont ils ont besoin pour donner la pleine mesure de leur créativité et de leur innovation au service du financement de notre économie et au développement de son marché des capitaux.
La nouvelle Loi ouvre ainsi la voie à plusieurs nouveautés tels les OPCVM cotés en Bourse, ou ETFs, qui présentent un avantage de coût et de liquidité par rapport aux OPCVM classiques et offrent de nouvelles possibilités de diversification de portefeuilles pour les investisseurs, soutient l’autorité.
De même, la Loi introduit les OPCVM en devises et les OPCVM de finance participative qui permettront à l’industrie de s’ouvrir sur de nouveaux marchés et d’accueillir de nouveaux investisseurs.
Pour ce qui est des développements futurs, la ministre de l’Economie et des Finances a énoncé quatre pistes majeures de développement futur de l’activité. Ainsi, pour Nadia Fettah, le développement du secteur nécessite de renforcer les actions d’éducation financière qui est un levier majeur de développement.
Les acteurs de l’industrie avec l’ASFIM devraient renforcer les actions de communication, y compris vis-à-vis du grand public, pour sensibiliser sur le fonctionnement des marchés financiers et les avantages de la gestion d’actifs et de l’épargne collective.
L’adaptation des circuits de distribution à l’ère de la digitalisation pour mieux informer mais également pour mieux distribuer est également un impératif pour cette industrie.
Aussi, la croissance du marché des OPCVM fera-t-elle que les risques liés vont certainement croitre et notamment avec l’adoption des nouvelles innovations financières. Cette situation appelle une attention particulière de la part de tous les acteurs. Les dispositifs de surveillance de la gestion collective et les dispositifs de contrôle interne et des risques des gestionnaires de portefeuille sont appelés à être continuellement renforcés.
Enfin, la gestion d’actifs prend de plus en plus de volume en Afrique et ne manquera pas d’aiguiser l’appétit des grands gestionnaires d’actifs mondiaux et la question légitime que l’on devrait tous se poser est celle de savoir comment les acteurs africains peuvent et doivent se positionner pour en tirer profit, conclut la ministre.
Lors de cette rencontre un consensus sur l’importance de driver des investissements particuliers vers l’activité OPCVM émerge.
« En effet, 63% des actifs sous gestion sont actuellement détenus par les investisseurs institutionnels, tandis que seulement 7% sont gérés pour le compte d’investisseurs particuliers. Globalement, nous ne comptons que 30 000 investisseurs sur le marché au total, et ce alors même que des produits destinés à mobiliser l’épargne populaire à long terme, comme le plan d’épargne en actions, ont été créés en 2011, sans pour autant avoir le succès escompté », explique le Président de l’ASFIM.
« Un deuxième défi concerne la profondeur des marchés de capitaux. Aujourd’hui, la Bourse de Casablanca, Deuxième de par la capitalisation en Afrique, ne compte que 74 valeurs cotées. Le marché de la dette privé, tout en étant relativement dynamique, ne concerne qu’un nombre d’émetteurs limité pâtissant de l’absence de notation du risque crédit comme c’est le cas dans d’autres marchés plus évolués », poursuit Réda Hilali.
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