Par Imane Bouhrara I
Au moment où la Banque centrale s’apprête à livrer les premiers agréments pour les sociétés de financement collaboratif, les sociétés de financement, elles sont appelées à accélérer leur transformation digitale pour toutes les opportunités qu’elle offre. Un gisement jalonné néanmoins de défis, et c’est le sujet des 5e Assises de l’APSF, tenues ce 29 novembre à Casablanca.
Le digital s’impose à tous. C’est d’ailleurs l’un des chantiers majeurs ayant conduit à la réforme de la loi bancaire pour y intégrer les Fintech et pour accompagner un paysage bancaire marocain empreint d’une nouvelle dynamique de transformation induite par l’éclosion de la finance participative, les enjeux du digital, ainsi que par l’intensification de la concurrence et les préoccupations croissantes liées au climat.
Le digital est l’une des deux orientations fondamentales du Plan Stratégique de Bank al-Maghrib (2019-2023). Et c’est ainsi que sous la houlette de l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement (APSF), les Sociétés de financement se sont engagées dans une démarche de dématérialisation aussi bien dans leur organisation que dans leurs relations avec leurs partenaires institutionnels et privés.
Et à l’heure où l’octroi d’agrément pour les sociétés de financement collaboratif s’annonce imminent, le paysage financier particulièrement bancaire se trouve acculé à accélérer cette dématérialisation pour gagner en performance et en compétitivité.
Plus facile à dire qu’à faire, puisque le digital présente à la fois de grandes opportunités que des risques majeurs particulièrement en termes de cybersécurité que de renforcement des mécanismes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Une thématique d’importance qui a cristallisé les travaux des 5e Assises de l’APSF, tenues ce mercredi 29 novembre à Casablanca, où l’Association a convié tous ses partenaires institutionnels et privés. Car tout processus de dématérialisation ne se fait pas en vase clos mais dans le cadre d’une stratégie qui n’implique pas seulement la société de financement mais son environnement en général.
Un écosystème qui a accueilli de nouveaux acteurs de fintech qui ont mis au défi les établissements classiques.
« Ces assises ont pour objectif de faire, non seulement un état des lieux de la digitalisation des sociétés de financement, mais aussi dans l’évolution par rapport à la législation. La clientèle est aujourd’hui demanderesse de plus de digitalisation et nous avons ce défi à relever », explique Abdallah Benhamida, le président de l’APSF.
Dans le même sillage, Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib, a rappelé que le digital faire partie désormais des politiques qui façonnent les économies et les sociétés.
De ce fait le secteur financier national, particulièrement bancaire s’est bien investi pour s’adapter à la transformation numérique en adoptant des stratégies dédiées. Ce qui s’est traduit par une digitalisation des Front et Back Office, avec une économie de coûts et de temps.
Mais il estime qu’il faut accélérer la digitalisation des services financiers pour tirer profit des technologies disruptives et de la transformation des usages, de sorte à gagner en compétitivité et répondre aux attentes des usagers.
D’autant que l’environnement ne cesse d’évoluer avec l’arrivée de nouveaux acteurs dont ceux qui offriront du financement collaboratif Crowdfunding
Pour ce qui est du cadre réglementaire, Abderrahim Bouazza le juge proportionné et évolutif.
A noter que dans les actions contenues dans le plan stratégique de BAM, la banque centrale a mis en place un « Digital Lab » qui a pour mission de rapprocher les métiers des nouvelles pratiques et technologies et de favoriser l’émergence d’idées innovantes porteuses de valeur ajoutée pour ses missions.
Digital, opportunités mais des risques aussi
Certes le recours au digital assure aux sociétés de financement d’atteindre une clientèle plus large, avec des parcours client digitalisé, et tirer profite de l’analyse de sa data au profit de sa stratégie managériale, mais le digital apporte dans son sillage nombre de risques particulièrement ceux ayant trait à la cybersécurité, des données mais des flux financiers eux-mêmes.
Dans ce sens, le président de l’APSF s’est félicité de la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI grâce à la contribution de tout l’écosystème financier et bancaire et la mise en place d’un dispositif de LBC/FT.
Un risque auquel la banque centrale reste très attentive à la mise en œuvre de ce dispositif mais aussi à d’autres préoccupations majeures notamment la cybersécurité. Dans ce sens, BAM a entrepris plusieurs démarches pour gérer la cybersécurité du secteur et encadre le recours au Cloud.
De même qu’elle a engagé un processus expérimental de cryptoactifs.
Autre défi auquel les sociétés de financement doivent être attentives est que la transformation des usagers implique une transformation de sa propre ressource humaine soit par le recrutement de nouveaux profils ou la formation de ceux existants pour porter cette transformation numérique et en tirer le plein profit.
Cela permet de s’adapter aux transformations qu’impose la révolution numérique tant en interne qu’au niveau de l’écosystème dans son ensemble.
Avec la digitalisation, la contribution des sociétés de financement à l’acquisition des biens de consommation des ménages, des biens d’équipement des entreprises et à la couverture de leurs besoins en fonds de roulement est appelée à gagner davantage en taille, en activité et en performance.
Ces assises ont été l’occasion d’un échange d’expériences entre les sociétés de financement et les partenaires de l’APSF mais aussi de découvrir des solutions technologiques en faveur de cette accélération de la transformation digitale.