Ecrit par L.Boumahrou I
Cela fait plus de 4 ans que le dispositif des chèques vacances peine à voir le jour et ce malgré son introduction dans le Code général des impôts. Fatima-Zahra Ammor, ministre de tutelle, réussira-t-elle à honorer son engagement, à savoir l’adoption de la mesure en 2024 ?
L’un des défis majeurs à relever dans le secteur du tourisme est celui de booster le tourisme interne. La pandémie du Covid a bel et bien démontré l’importance de ce segment qui, en cas de crise, peut sauver les meubles ou du moins atténuer l’impact sur le secteur et par ricochet sur l’économie.
Conscients de cet état de fait, les gouvernements qui se sont succédé n’ont cessé d’annoncer des stratégies et des mesures pour hisser réellement le tourisme interne au rang de priorité.
Mais la réalité est que ces engagements restent souvent lettre morte. La ministre en poste n’a pas dérogé à la règle en plaçant le tourisme interne comme priorité de la nouvelle feuille de route du tourisme 2023-2026.
Fatima-Zahra Ammor avait précisé que l’approche réservée à ce segment va être différente et que l’offre touristique du segment interne sera plus basée sur une logique de filières que de destination.
Mais au-delà des stratégies, c’est le manque d’implication des professionnels qui fait défaut. Et pour cause, l’offre destinée aux touristes internes est souvent déphasée par rapport aux pouvoirs d’achat des Marocains, comparativement aux offres destinées aux étrangers beaucoup plus adaptées et plus attractives.
En d’autres termes, malgré ce que l’on avance en matière d’encouragement du tourisme interne la réalité sur le terrain est toute autre.
Il faut une réelle volonté politique et un engagement des professionnels pour permettre à ce segment d’être un vrai levier de relance.
Parmi les mesures incitatives prévues par le gouvernement figure celle des chèques vacances. Rappelons que la Loi des Finances rectificative 2020 avait apporté dans son lot de dispositions une mesure fiscale pour booster le tourisme interne à savoir la défiscalisation de l’Impôt sur le Revenu (IR) accordant ainsi des avantages et primes accordés aux salariés sous forme de chèques-vacances.
Depuis, le cadre réglementaire a été adopté avec l’introduction de la mesure dans le code général des impôts (CGI). « Les avantages et primes accordés aux salariés sous forme de chèques tourisme. Les conditions d’application de cette exonération sont fixées par voie réglementaire », stipule l’article 57 du CGI relatif aux exonérations (24).
Toutefois, les textes règlementaires précisant l’assiette des bénéficiaires et les modalités de sa mise en œuvre ne sont pas encore mis en place, relève la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel 2022-2023.
La ministre avait pourtant souligné lors d’une émission télé en mai dernier que ce dispositif verra le jour en 2024. « C’est un sujet sur lequel nous travaillons depuis un moment. Nous sommes sur la dernière ligne droite et nous espérons qu’il verra le jour dans le cadre de la prochaine loi de finances », avait souligné la ministre.
Et d’ajouter que le blocage relevait des détails techniques sans préciser lesquels. Mais là encore, promesse non tenue. La disposition n’a pas été adoptée dans la Loi des finances 2024. Du moins, la tutelle n’a depuis plus communiqué sur le sujet. Et pourtant cette mesure a fait ses preuves dans les pays l’ayant adoptée. Le cas de la France où chaque année, 4 millions de salariés des secteurs privé ou public bénéficient de chèques-vacances, ce qui représente 10 millions de personnes avec leur famille.
Il s’agit d’un outil du tourisme social pour inciter les familles à voyager d’une part et d’autre part à booster le tourisme interne. Surtout que face aux crises qui se succèdent nul n’est à l’abri du scénario de la crise sanitaire. Reste à voir si la ministre réussira à faire passer cette mesure avant la fin de l’exercice 2024 comme promis.