Malgré une conjoncture internationale difficile, caractérisée par une baisse de la demande et par la persistance des tensions commerciales, le déficit commercial du Maroc s’est allégé en 2023. Cette conclusion à laquelle sont parvenus les analystes du CMC n’est pas fortuite mais basée sur des chiffres. Comparée à 2022, la baisse a été de 7,3% pour atteindre 286,4 Mds de DH.
Cette amélioration du solde commercial est due à une contraction de 2,9% des importations et à une légère accélération des exportations dont la valeur s’est accrue de 0,2%. Cette évolution a permis au taux de couverture des importations par les exportations de gagner 1,9 point de pourcentage pour se fixer à 60%.
L’amélioration du déficit commercial s’explique pour une large part par la baisse de la facture énergétique de 20,4% et un recul des achats des demi-produits et des produits bruts qui ont fortement décéléré pour reculer respectivement de 10,5% et de 28% par comparaison à leurs niveaux de l’année passée. Ces évolutions ne sont que conjoncturelles.
Elles ont été permises par la baisse des prix des produits énergétiques sur le marché mondial et par la détérioration de certaines activi- tés qui n’ont pas été en mesure de retrouver leur dynamisme d’avant la crise. Cette embellie résulte aussi des bonnes performances réalisées par les exportations de certaines activités qui ont enregistré de fortes hausses comme l’industrie automobile dont la croissance a été de 27,4%, et les industries électroniques et électriques qui ont crû au rythme de 28,4%.
En 2023, le Maroc a vu l’excédent de sa balance commerciale des services croitre au taux de 16,3%. Il a atteint presque 134,7 Mds de DH. Cet accroissement est la conséquence d’une évolution quasi identique des importations et des exportations des services. Ces deux rubriques ont évolué de 15,2% et 15,8% respectivement. Les services de voyages ont affiché un excédent de 80,8 Mds de DH. Ils se sont inscrits de ce fait en hausse de 8,6% par rapport à 2022.
Cette évolution reflète les tendances globalement positives aussi bien des recettes que des dépenses de voyages qui ont atteint respectivement 104,6 et 23,8 Mds de DH au terme de l’année 2023. Ces montants se sont donc accrues en une année successivement de 11,7% et 23,4%.
Pendant le même temps les transferts de fonds effectués par les marocains résidents à l’étranger ont affiché un accroissement de 4% pour se stabiliser à presque 115,2 Mds de DH faisant, ainsi, gagner au Maroc un montant supplémentaire de recettes de 4,4 Mds de DH. Ces évolutions favorables n’ont pas concerné les investissements directs étrangers. Les flux nets de ces derniers ont connu une chute importante.
Pour une diversification des partenaires
Au cours de ces dernières années le Maroc s’efforce de diversifier ses partenaires commerciaux mais ses échanges restent encore fortement concentrés sur ses marchés historiques que sont la France et l’Espagne.
Les approvisionnements du pays sont assurés à hauteur de 45,4% par les pays de l’Union Européenne mais depuis 2020 la Chine commence à s’imposer comme l’un de ses principaux fournisseurs.
La sécheresse et les conditions géopolitiques très sévères, notamment la guerre de l’Ukraine, ont poussé le pays à se tourner vers la France pour satisfaire ses besoins en céréales et la part de marché de ce pays est de l’ordre de 10,1%, suivie de la Chine avec 10%. Le premier marché fournisseur demeure l’Espagne avec 14,1%. S’agissant des exportations, celles-ci restent principalement à destination de l’Espagne (19,6%) et de la France (18,6%).
Récemment, le Maroc a renforcé ses parts de marché en Inde (6,4%) et au Brésil (4%). Ces deux pays achètent à eux seuls 40% des engrais en provenance du Maroc. « L’intégration régionale et continentale du Maroc reste à renforcer d’un point de vue commercial surtout que le pays affiche l’ambition de se positionner comme plateforme d’export vers le continent africain », commentent les analystes du CMC.
2024 : des résultats favorables sont attendus malgré la persistance des tensions
En dépit d’un contexte conjoncturel particulièrement difficile, marqué à la fois par la crise énergétique, la persistance de conflits entre nations, l’inflation généralisée, les politiques monétaires restrictives et les turbulences financières, les résultats réalisés en 2023 par le commerce extérieur marocain sont en nette amélioration.
De nombreux pays de par le monde ont connu des évolutions comparables. Les perspectives économiques qui s’annoncent assez favorables pour l’année 2024 laissent présager une évolution positive du commerce mondial. Ce profil d’évolution du commerce mondial prévu pourrait aussi être observé au niveau du Maroc.
Selon les prévisions du Haut-Commissariat au Plan, le déficit extérieur devrait encore s’alléger en 2024 en dépit de la persistance de certains facteurs qui pèsent défavorablement sur l’évolution des échanges commerciaux comme l’ampleur imprévisible des variations des prix de pétrole sur le marché mondial.