Finalement, les 135 contaminations du mardi (9/6) avec la chute à 18 le mercredi (10/6) sont des bonnes nouvelles car obtenues avant « déconfinement » : si on remonte sporadiquement à 100 dans l’un des prochains jours, on ne pourra accuser le déconfinement. Vue la lenteur de la décroissance de toutes les « courbes en cloche » qui décrivent mathématiquement les contaminations épidémiques, on comprend qu’un taux de progression moyen (comme la courbe en noir) ne peut atteindre 0.7 que si l’on pouvait se permettre d’attendre très très très longtemps.
Mais alors comment atteindre cette valeur sans attendre aussi longtemps ? La réponse est dans la bouche du Professeur Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : « La courbe [de contamination], c’est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s’accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu’on sache pourquoi « .
Dans la bouche de quelqu’un qui a sans doute vu plus d’une courbe de contamination épidémique, « ne pas savoir pourquoi elles disparaissent » signifie qu’il y a une incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui, en fin de parcours, les « courbes en cloche » diminuent progressivement sans jamais s’annuler, alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade chaotique à zéro puisque les épidémies finissent par s’arrêter dès lors que les derniers porteurs n’ont pu communiquer le virus à un hôte non-immunisé.
Ainsi donc, le taux de progression de 70% souhaité par le Chef du Gouvernement n’existerait que comme une valeur transitoire dans la phase ultime de « disparition sans qu’on sache pourquoi », hors toute description mathématique classique, et ne saurait être stable pendant deux semaines. Certes le Maroc n’a pas commis les mêmes erreurs (grossières) que nombre d’autres pays mais il faudra un jour que le Gouvernement explique pourquoi il a tant tardé à mettre en place les tests massifs actuels.
Car c’est finalement l’élévation brutale récente du nombre de test qui a fait apparaître des foyers de contamination qui auraient dû être dénichés beaucoup plus tôt avec plus de tests. Maintenant, il n’y a plus qu’à laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible en faisant ce qu’il faut pour « vivre avec ce virus ».
Il faut aussi montrer un minimum de visibilité à tous, aux entrepreneurs, certes, mais aussi à nos millions de compatriotes qui souhaitent rentrer au pays pour des vacances bien méritées : prendre leurs subsides sans vouloir d’eux est tout simplement une honte ! La vie humaine n’a certes pas de prix, mais elle a un coût dont certaines composantes commencent à devenir humaines !
Par Amin BENNOUNA sindibad@uca.ac.ma