Interviewé par Imane Bouhrara I
La capacité de la Bourse à mobiliser l’épargne publique est un gisement sous exploité par l’État pour financer son budget en recourant à des ressources alternatives et innovantes. Le PLF 2024 prévoit certes des produits de cessions de participations de l’État d’un total de 9 Mds de DH, mais les chantiers ambitieux du Royaume plaident pour un renforcement de la relation État-Bourse et de l’autre côté, la diversification du profil des investisseurs.
Dans un contexte où l’accès aux ressources conventionnelles de financement se restreint et les conditions d’octroi ne cessent de se corser, le marché des capitaux est plus que jamais aux premières loges pour renforcer son rôle à financer l’économie réelle.
Pour cela des défis se posent et s’imposent aux différents acteurs de l’écosystème qui étaient justement réunis pour la 23e édition de la Grande conférence de l’ASFIM pour réfléchir à l’avenir de la gestion d’OPCVM dans notre pays et ses perspectives de développement.
L’occasion donc d’interpeller Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, sur ce sujet mais aussi sur les leviers à actionner pour renforcer le rôle de la Bourse dans le financement de l’économie.
Intervenant à l’ouverture de la conférence de l’Asfim, Tarik Senhaji affiche la conviction qu’il y a encore à faire pour que cette industrie des OPCVM et la bourse jouent pleinement leur rôle au service de l’économie marocaine et africaine.
« En effet, on peut contribuer de manière nettement plus substantielle à financer l’économie… Seulement 10% des fonds gérés sont investis en bourse ce qui est bien en deçà des benchmark internationaux », analyse le DG de la Bourse de Casablanca.
La priorité de la bourse de Casablanca va être le développement du marché primaire de titres cotés. Un élément qui est fondamental non pas parce que c’est le meilleur moyen de dynamiser le marché mais surtout parce que c’est le marché primaire qui créé le levier le plus direct et le plus important pour financer l’économie réelle, soutient Tarik Senhaji.
« Les EEP sont un excellent moyen pour renforcer ce lien avec le marché et nous tenions à saluer par avance le PLF 2024 pour avoir prévu 9 Mds de DH pour les produits de cessions publiques », relève-t-il.
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En effet cette question de cotations des EEP se pose depuis quelques années avec acuité au Maroc et même en Afrique, où le potentiel du marché boursier et sa capacité à mobiliser l’épargne publique est sous exploitée par l’État pour financer le Budget, les politiques publiques, etc. Et ce dans un contexte où l’accès aux financements classiques est réduit et très couteux.
D’un autre côté, le secteur gagne à atteindre un nouveau pallier de croissance porté par les fonds d’investissement et fédéré à travers la bourse pour permettre aux entreprises de se financer et de s’institutionnaliser et se doter des meilleurs outils de gouvernance.
Dans ce sens, Tarik Senhaji, met l’éducation financière pour les chefs d’entreprises au même piédestal que celle de l’investisseur particulier, sinon plus, car il estime que beaucoup doit être fait au niveau de l’accompagnement pour qu’ils puissent comprendre tout l’intérêt d’accéder aux financements fournis par les fonds de gestion collectifs.
Mais il ne suffit pas de renforcer l’appétence pour le marché sans libérer tout son potentiel par la diversification de l’offre et des véhicules de placement.
Dans ce sillage, le DG de la Bourse de Casablanca souligne le lancement de nouveaux produits notamment les OPCVM côtés, la chambre de compensation et la cotation des OPCI… comme éléments fondamentaux.
Il est d’ailleurs convaincu que la conjoncture est idoine pour exploiter l’optimisme au plus haut niveau des investisseurs pour le Maroc.