Ecrit par Soubha Es-Siari |
Depuis deux ou trois ans, l’ACAPS et la FMSAR travaillent sur le chantier relatif à la dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile. Mais valeur aujourd’hui, ledit chantier n’a pas encore abouti à telle enseigne que l’on se demande si les crises sévères se succédant ont poussé le régulateur et la fédération à obtempérer et à se pencher sur d’autres projets à même de renforcer la résilience du secteur des assurances toutes branches confondues.
A ce titre, il est utile de rappeler qu’en la matière, le Maroc a pris énormément de retard par rapport à des pays à développement comparable. A noter par ailleurs que le Maroc se positionne convenablement en ce qui concerne l’assurance Auto notamment en matière d’innovation, d’indemnisation rapide, de nouveaux services… et ce en se dotant de nouvelles technologies.
D’ailleurs, il y a quelques mois il a été procédé à la dématérialisation de l’assurance Auto. A l’heure actuelle, plus de 90% des constats à l’amiable sont dématérialisés.
Pour ce qui est de l’assurance Auto, bien que les crises soient passées par là et qu’il y avait d’autres priorités, Bachir Baddou, Directeur Général de la FMSAR confirme que ce chantier eessentiel voire déterminant pour le secteur marocain des assurances est au cœur des réunions entre le régulateur et la fédération. Et d’enchaîner : « Certains pays de l’Afrique de l’Ouest ont déjà basculé dans la digitalisation de l’assurance auto et donc il n’y a aucune raison que le Maroc qui se veut une référence en la matière pour un bon nombre de pays africains ne procède pas à la digitalisation de l’assurance Auto ».
Le retard accusé en matière de digitalisation de l’assurance auto est dû au volet réglementaire. «Nous sommes en train de définir avec le régulateur des pistes de travail pour voir comment opérer dans le cadre réglementaire actuel sans modifier le code des assurances ou toucher à des textes de loi qui s’avèrent lourds à modifier eu égard à la lenteur et à la lourdeur du circuit administratif », explique Baddou.
Digitalisation de l’assurance Auto : pour quels avantages ?
De prime abord, cette digitalisation permettrait de compresser le flux documentaire incroyable entre les compagnies d’assurance et le réseau de distribution notamment dans les petites villes. Le va et vient entre les deux partenaires est parfois lourd à gérer et n’est pas exempt d’anomalies.
Aussi, la digitalisation va-t-elle permettre le développement de la vente en ligne et permettre aux agents et courtiers une plus grande proximité avec la clientèle. Ces derniers doivent par ailleurs s’adapter aux mutations technologiques parce qu’il faut reconnaitre que la digitalisation devrait avoir un impact sur le réseau de distribution. Pour Bachir Baddou, la vente en ligne ne signifie pas la désintermédiation notamment dans une branche où le conseil occupe une place de choix et ne peut être donc digitalisé.
Autre avantage et pas des moindres est le problème de recouvrement entre les compagnies d’assurance et les intermédiaires qui persiste et ce malgré les circulaires publiées par le régulateur pour mettre un terme à l’accumulation des créances qui ne fait que s’amplifier chaque année. Il s’agit d’un vrai sujet de préoccupation pour le régulateur qu’il est appelé à gérer au quotidien au détriment de la protection des assurés comme c’est le cas des régulateurs sous d’autres cieux.
Pour Bachir Baddou, dans cette problématique de recouvrement des créances, on oublie souvent l’assuré qui pour des raisons connues sollicite le fractionnement du paiement de l’assurance auto. Pis encore, l’intermédiaire peut se retrouver après délivrance de l’attestation avec des chèques impayés ou des chèques encaissés des mois plus tard. « La digitalisation de l’assurance auto accompagnée par la mise en place de mode de paiement faisant appel à des outils de monétique peu ou prou utilisés aujourd’hui peut régler définitivement le problème du recouvrement des créances », informe à juste titre le DG de la FMSAR.
Une chose est sûre : le chantier de la digitalisation de l’assurance auto est sur les rails. Il y a quelques jours, la FMSAR s’est réunie avec un opérateur marocain leader de la monétique pour voir quelles pourraient être les solutions les plus adaptées même pour la population non bancarisée.
Quant à la date de mise en œuvre si jamais le schéma adopté ne nécessiterait pas un changement du texte de loi à savoir le code des assurances, la dématérialisation serait possible au courant du second semestre 2023. S’il y a nécessité de revoir le code des assurances, les délais seraient plus longs.
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