Ecrit par Lamiae Boumahrou |
La deuxième hausse des taux des crédits bancaires, décidée par les banques en réponse aux 2 dernières hausses du taux directeur, est tombée comme un couperet aussi bien sur les futurs acquéreurs que sur les professionnels du secteur immobilier. Cette hausse n’est pas exempte d’impact sur le pouvoir d’achat des Marocains, sur le prix de revient des biens immobiliers ainsi que sur le prix de vente. Réaction de la FNPI.
Au moment où le marché de l’immobilier attendait les décrets d’application relatifs à l’application de l’aide de l’Etat pour le soutien au logement, voilà que les taux des crédits bancaires augmentent pour la deuxième fois. En effet, comme nous l’annoncions, les banques ont décidé d’appliquer, à partir du 27 février, une augmentation des taux de crédit immobilier. Une décision collective des membres du GPBM qui intervient en réponse aux deux dernières augmentations de 100 pts de base du taux directeur appliquées par BAM respectivement en septembre et en décembre 2022.
Cette disposition risque toutefois d’impacter davantage le rythme de progression des crédits aux ménages, qui si l’on se réfère aux derniers chiffres de BAM, a décéléré de 3,8% à 3,5%.
Aussi cette hausse qui intervient en pleine tension sociale risque de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des Marocains déjà fragilisé depuis la crise sanitaire. Selon le président de la Fédération Nationale Des Promoteurs Immobiliers (FNPI), Taoufik Kamil, avec cette nouvelle donne, l’achat de biens immobiliers ne figurera plus parmi les priorités des Marocains.
Force est de constater que les Marocains arrivent à peine à joindre les deux bouts avec cette hausse sans précédent aussi bien des produits de consommation que du carburant.
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Pis encore, cette hausse des taux de crédit sera conjuguée à la hausse des matériaux de construction ce qui rendra l’acquisition de biens immobiliers encore plus compliquée.
« Cette hausse va carrément tuer le secteur immobilier. Et pour cause cette augmentation du taux non seulement elle va impacter le pouvoir d’achat des Marocains mais aussi le prix de revient des biens immobiliers et, par ricochet, le prix de vente », déplore Taoufik Kamil.
Malheureusement, dans cette conjoncture conjuguée aux nouvelles donnes à savoir la hausse des taux de crédit ainsi que celle des prix des matières de construction, sans oublier les spéculations dans le foncier, le prix de l’immobilier continuera sur un trend haussier.
Pourquoi cette contradiction ?
Depuis l’adoption du nouveau dispositif de l’aide de l’Etat pour le soutien au logement au profit des acquéreurs de logements destinés à l’habitation principale dans la LF 2023, les futurs acquéreurs sont en attente de l’entrée en vigueur effective de cette disposition. Une disposition qui prévoit, entre autres, une réduction du taux de crédit bancaire. Mais c’était sans compter avec cette nouvelle hausse que les banques décident aujourd’hui d’appliquer.
« Nous avons l’impression qu’il n’y a pas de coordination entre les différents acteurs et qu’il y a un manque de concertation au sein du gouvernement », précise le président de la FNPI.
La question qui s’impose est de savoir sur quel taux sera appliquée la baisse que le gouvernement va prévoir dans le cadre de ce nouveau dispositif ?
Une question légitime car on risque de se retrouver avec les mêmes taux qu’avant la présente hausse. Cela dit, en attendant les décrets d’application de ce dispositif qui vont fixer les modalités et le cahier des charges, le secteur de l’immobilier navigue à vue.
Quant aux acquéreurs, ils sont désemparés face à ce brouhaha. Ils n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience en attendant des jours meilleurs.