Ecrit par Imane Bouhrara I
Au terme de l’exercice 2023, le marché automobile au Maroc enregistre un niveau de ventes de véhicules similaire à 2022, alors que les prévisions tablaient sur une année plus difficile sous l’effet de l’inflation, du renchérissement du coût du crédit et des conditions d’accès au financement en plus d’une augmentation des prix des véhicules. Le Président de l’AIVAM a dressé le topo sur les principaux faits marquants de l’année écoulée et des perspectives 2024.
Avec 161.504 véhicules vendus en 2023, le marché automobile au Maroc termine au même niveau que 2022 (161.410) et même une toute petite progression de 0,1% sans pour autant retrouver le niveau pré-covid. A l’heure où dans le monde le marché enregistre une reprise confirmée bien qu’en deçà des niveaux avant pandémie, avec une hausse de 10% des ventes en 2023 comparativement à 2022.
Bien que le marché automobile au Maroc ait stagné, c’est un bien « meilleur » résultat que les perspectives quelque peu sombres dressées fin 2022 puisque l’exercice 2023 a été marqué par la persistance de l’inflation avec un impact négatif sur le pouvoir d’achat des ménages, couplé à un renchérissement du coût du crédit et du durcissement des conditions d’accès au crédit, et une augmentation des prix des véhicules.
Toujours est-il que l’année écoulée a été marquée par une baisse de 11% des ventes des véhicules utilitaires légers avec 16.212 ventes contre 18.224 en 2022, alors que le véhicule particulier termine l’année avec 145.292 unités vendues contre 143.186 unités en 2022, soit une hausse de 1,4%.
Pour sa part, le premium, qui représente 1,7% des ventes totales du marché automobile, enregistre une hausse des ventes de 1,3% en 2023 à 15.535 unités. On note également une électrification plus concentrée sur ce segment avec 4% des véhicules PHEVE et HEV contre une part de 0,6% pour tout le marché.
Le nombre des immatriculations suit la même tendance que le marché avec 174.466 immatriculations contre 175.846 en 2022, soit une légère baisse de 1%.
Force est de reconnaître que les performances de cette année ont été portées par les loueurs sous l’effet de la reprise du secteur touristique.
En effet, les immatriculations des loueurs se sont établies en 2023 à 46.499 soit une hausse de 22% comparativement à 2022 et même +11% comparativement à 2019, et qui représentent quasiment 30% du marché selon Adil Bennani, président de l’AIVAM, lors d’une conférence de presse tenue ce 8 janvier à Casablanca.
A contrario, on note une baisse des immatriculations des taxis (petits et grands) suite à l’épuisement du potentiel de la subvention étatique pour le renouvellement du parc, justement renouvelé à presque 80% et les 20% restant ne sont pas éligibles aux conditions fixées par le ministère de l’Intérieur. Ains, en 2023, les immatriculations de taxis s’établissaient à 1.049 dont 947 petits taxis.
Autre fait marquant, c’est l’imposition du SUV face aux citadines comme premier segment avec une progression des ventes de près de 7% au moment où les citadines sont en baisse de régime (-3,5%).
Par type de motorisation, le diesel continue de dominer avec 85,8% contre 85,1% en 2022, l’essence enregistre un léger repli à 14% des motorisations alors que l’électrique passe de 0,1% à 0,3% en 2023 (soit de 198 véhicules vendus à 463 soit une hausse de 133% des ventes).
Au total, on relève un léger recul des ventes des véhicules hybrides et électriques de 7.387 véhicules en 2022 à 7.165 en 2023, par contre, l’offre électrique se développe puisque de 6 marques et 14 modèles proposés en 2022, on se hisse à 13 marques et 27 modèles.
Au total, en matière de new enregy vehicles, le marché dispose désormais de 24 marques et 82 modèles en 2023 contre 18 marques et 71 modèles en 2022. Toujours est-il les inventives pour une mobilité plus durable se font attendre.
Pour ce qui est du financement, on note une progression de la part du crédit à 55% (53% en crédit classique et 47% en LOA). Les créances en souffrance sont également en hausse à 12,1% contre 11,9% en 2022.
L’AIVAM souligne une baisse de l’apport et une durée étendue du crédit.
Dans un tel contexte, les importateurs qui ont maintenu leurs plans d’investissements ont fini l’année sur une note plutôt positive par rapport aux prévisions bien qu’ils restent confrontés à des défis relatifs à la mise en place d’incitation en faveur de la mobilité électrique et d’un réseau de bornes publiques (l’AIVAM est en train de voir la forme d’un montage financier pour 1,2 Md de DH nécessaires pour les 2.500 bornes prévues), au défi de la formation des agents d’après-vente qui leur sont disputés à l’étranger ou encore par un contexte 2024 qui ne dévoile pas encore la couleur mais parsemé de défis tels que l’inflation persistante, des tensions géopolitiques qui produisent des problèmes logistiques ( durée plus longues et des coûts multipliés par 2 ou 3).
Donc pour 2024, on s’attend à une croissance limitée du fait d’une stabilisation de l’inflation et un retour des renouvelants retardataires dans le VU et le PP.