Le partenariat entre le Maroc et l’Inde émerge comme un cas d’étude éloquent, marqué par une coopération profonde, historiquement ancrée dans le commerce des phosphates. C’est ce qui ressort de la dernière lettre du CMC qui s’est penché sur l’évolution de cette coopération économique très prometteuse.
En effet, cette collaboration entre les 2 pays a non seulement consolidé la position du Maroc en tant que leader mondial dans l’exportation des phosphates, mais a également ouvert des couloirs de développement économique gagnant-gagnant. L’intérêt de ce partenariat, en particulier, mérite une exploration approfondie, en raison de son aptitude à catalyser la diversification économique et à renforcer la résilience du pays face aux fluctuations du marché mondial.
Un objectif recherché, non seulement comme une stratégie prudente, mais aussi comme une nécessité impérieuse pour le pays. L’enjeu consiste, d’une part à minimiser les risques liés à la dépendance vis-à-vis des phosphates et d’autre part, à maximiser les avantages d’un partenariat économique avec l’une des économies les plus dynamiques du monde.
En effet, le Maroc a joué un rôle clé dans la fourniture de phosphates et de ses dérivés à l’Inde, un pays à la demande croissante en raison de son secteur agricole en expansion. Cette substance naturelle minérale symbolise un aspect plus large de la coopération économique Maroc-Inde. Elle représente un modèle de collaboration Sud-Sud, où les deux pays bénéficient d’une relation basée sur la complémentarité des besoins et des ressources. Son exportation vers l’Inde n’est pas seulement lucrative, mais elle est, également, stratégique, offrant une porte d’entrée vers les marchés asiatiques en pleine expansion.
« Cette dynamique a non seulement renforcé les liens économiques bilatéraux, mais a également positionné le Royaume comme partenaire commercial stratégique de l’Inde. Cependant, la dépendance excessive sur un seul produit ou secteur présente des risques économiques, notamment la vulnérabilité induite par l’instabilité des prix mondiaux et la limitation des opportunités de développement économique », lit-on dans la lettre du CMC.
Dans ce contexte, l’élargissement des relations économiques, au-delà des phosphates, s’ouvre sur un faisceau de possibilités encourageantes. L’exploration de nouveaux secteurs, tels que la technologie, les énergies renouvelables, le tourisme, et l’agro-industrie, révèle des atouts pour stimuler l’innovation, créer des emplois, et favoriser une croissance économique durable.
Depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1957, les liens entre les deux pays sont restés cordiaux, recevant un nouvel élan avec l’accession au trône du Roi Mohammed VI. La rencontre de 2015 entre Sa Majesté et le Premier ministre indien, Narendra Modi, a marqué une étape importante, transformant les relations diplomatiques en un partenariat stratégique renforcé par de nombreux protocoles d’accord et autres conventions.
« Dans le domaine militaire, le Maroc a récemment diversifié ses achats d’armement en se tournant vers l’Inde, comme en témoigne l’acquisition de véhicules militaires de TATA Advanced Systems. La coopération militaire s’est également intensifiée à travers des exercices conjoints et la participation à des dialogues et entraînements axés sur les opérations de maintien de la paix et l’action humanitaire, illustrant la volonté, du Royaume, de diversifier ses partenariats militaires » rappelle le CMC.
Économiquement, l’engagement de l’Inde s’est nettement intensifié, notamment depuis la fin des années 1990. Le commerce bilatéral a connu une croissance significative, les échanges atteignant 3,9 milliards de dollars en 2022, principalement stimulés par les importations indiennes d’engrais phosphatés. L’implantation de plus de 20 entreprises indiennes, au Maroc, témoigne également de cet engagement accru, diversifiant les exportations indiennes. La collaboration dans le domaine de l’énergie renouvelable, notamment les projets d’hydrogène vert, est un autre domaine de coopération notable.
Le projet HEVO Ammonia Maroc, par exemple, vise à réduire les émissions de carbone et à diminuer l’importation d’ammoniac gris pour la production de phosphate. Les sociétés énergétiques indiennes montrent un intérêt croissant pour développer l’hydrogène vert et le méthanol au Maroc. Toutefois, s’il est avéré que l’Inde maintient une présence notable au Maroc, elle ne peut pas, encore, rivaliser, avec l’influence d’autres acteurs extérieurs dans la région.
Quid de la diversification économique entre le Maroc et l’Inde ?
Dans le cadre de la diversification économique entre le Maroc et l’Inde, il est essentiel de déterminer des entrées, pouvant conduire à des collaborations économiques innovantes et mutuellement bénéfiques. Ces alliances devraient non seulement élargir l’éventail de la coopération économique mais aussi renforcer la synergie entre les deux pays. Un domaine particulièrement prometteur est celui des infrastructures vertes, qui offre des possibilités de coopération sur des projets d’énergies renouvelables ; en particulier dans les domaines de l’énergie solaire et éolienne, des secteurs de prédilection partagée, entre les deux pays. Cette collaboration pourrait prendre la forme de joint-ventures
pour le développement de parcs éoliens et solaires, impliquant un partage de technologies, de compétences et de financements. En outre, ces projets pourraient être complétés par des programmes de recherche et de formation conjoints, destinés à former une main d’œuvre spécialisée dans les énergies renouvelables.
D’autres occasions pertinentes qui favoriseraient le renforcement des liens se situeraient dans la technologie et l’innovation. Celles-ci pourraient inclure la mise en place de programmes d’échange et de collaboration entre les universités et les centres de recherche des deux pays, ainsi que le soutien à la création de startups technologiques via des incubateurs et des accélérateurs conjoints. Ces initiatives pourraient se concentrer sur des domaines tels que l’intelligence artificielle, la biotechnologie,et les technologies de l’information.
Le secteur agricole, pour sa part, offre également un terrain fertile pour de nouvelles collaborations. Les deux coopérateurs pourraient travailler ensemble sur le développement de techniques agricoles avancées, la gestion de l’eau, ainsi que sur l’amélioration des chaînes de valeur agro-industrielles. Cette association pourrait inclure l’échange d’expertises en matière d’agriculture biologique, de systèmes d’irrigation efficaces et de transformation des produits agricoles, contribuant à une sécurité alimentaire accrue et à un développement rural durable.
En outre, le tourisme, en tant que secteur à fort potentiel, pourrait être renforcé par des initiatives conjointes de promotion touristique, d’échange de bonnes pratiques dans le domaine de l’hôtellerie et de la gestion des destinations touristiques, ainsi que par le développement de circuits touristiques intégrant les deux pays. Cette approche renforcerait non seulement le secteur touristique dans chaque pays, mais favoriserait également une meilleure compréhension culturelle entre les peuples Marocain et indien.
Enfin, dans le domaine des infrastructures et de la construction, des partenariats pourraient être établis pour le développement de projets d’urbanisme et d’infrastructures publics. Cela pourrait inclure la construction de routes, de ponts, de systèmes de transport en commun, et d’autres armatures essentielles, avec un accent particulier sur la durabilité et l’innovation.
Cet échantillon de propositions concrètes pour de nouvelles collaborations économiques entre le Maroc et l’Inde est susceptible de créer des synergies dans des secteurs marquants, ouvrant la voie à une coopération économique plus riche et diversifiée. En mettant en œuvre ces initiatives, les deux pays peuvent non seulement renforcer leurs liens économiques, mais aussi stimuler une croissance durable et inclusive.